Pour la seconde semaine consécutive, le général Michel Aoun s'est contenté de lire un communiqué écrit à l'issue de la réunion hebdomadaire du bloc du Changement et de la Réforme. Le message est clair, il s'adresse à ceux qui menacent régulièrement de former « un gouvernement du fait accompli » ou « avec les présents », comme on l'appelle désormais. Aoun a ainsi dénoncé le danger que représente la formation d'un gouvernement après des consultations incomplètes, puisque la première force parlementaire chrétienne a été ignorée. Aoun a ajouté que lorsque son camp a protesté contre cette erreur, on lui a répondu que les jeux étaient faits et qu'il ne lui restait plus qu'à accepter les faits. Et tant pis pour le partenariat national.
Aoun a encore insisté sur le fait que la formation d'un gouvernement devrait tenir compte des textes de la Constitution qui précisent le mécanisme de la formation, après la désignation du Premier ministre, suite à des consultations parlementaires obligatoires avec tous les blocs parlementaires. « De plus, a ajouté le général Aoun, l'article 66 de la Constitution est clair et ôte toute légalité à un gouvernement dans lequel les différentes communautés ne seraient pas représentées de façon équitable. Ce principe est d'ailleurs repris par le préambule de la Constitution ». Il a insisté sur le fait que « la procédure suivie actuellement bafoue ces principes constitutionnels et même les usages suivis généralement dans la formation des gouvernements ».
Pour Aoun, l'accord de Taëf a donné une entité constitutionnelle indépendante au ministre et il a précisé qu'aujourd'hui, certains ont posé des conditions qu'ils ont élevées au statut de principes, comme la rotation des portefeuilles. Il a affirmé que cela n'est pas dans les usages ni dans les textes constitutionnels. « Il s'agit donc d'une condition politique à buts multiples, a déclaré le général Aoun, qui aboutissent tous à entraver la formation d'un gouvernement rassembleur et à prendre pour cible une partie déterminée. Le fait que le Premier ministre désigné continue à être attaché à cette condition, en dépit de la position plus souple du chef de son camp politique, pousse à se poser des questions. »
Aoun a rappelé que le gouvernement rassembleur est contraire à l'exclusion et il s'est demandé pourquoi de telles conditions sont en train d'être avancées, alors qu'en même temps on cherche à faire croire que la rotation est une question sur laquelle toutes les parties sont d'accord. Le fait aussi de dire que ce gouvernement a une durée de vie limitée rend encore plus étrange l'insistance sur cette rotation qui devient dans ce cas une paralysie du rôle des ministres puisqu'ils n'auront pas le temps de se familiariser avec les ministères qui leur sont confiés.
« Mais si l'objectif caché de cet atermoiement est de paralyser l'échéance présidentielle, cela devient encore plus grave, a insisté le général Aoun. Car cette échéance fait aussi partie du pacte au niveau de l'État, à travers l'arrivée à la tête de la République d'une personnalité chrétienne forte. » Aoun a donc mis l'accent sur le danger que constitue le fait de bafouer les principes nationaux et constitutionnels dans une période aussi délicate et dangereuse.
commentaires (5)
CE N'EST PAS LA PREMIÈRE FORCE PARLEMENTAIRE CHRÉTIENNE QUI A ÉTÉ IGNORÉE. C'EST TON GENDRE AVEC QUI TU NOUS CASSES LES PIEDS QUI EST IGNORÉ.
Gebran Eid
13 h 03, le 05 février 2014