Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Ukraine

A Kiev, l'opposition proeuropéenne pleure ses premiers morts

L'opposition avertit qu'elle passera à l'offensive si le pouvoir ne fait aucune concession ;
les USA annoncent de premières sanctions.

Les manifestants ont jeté des cocktails Molotov, des pneus enflammés et des pierres sur les forces de l’ordre et celles-ci ont riposté par des tirs de balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes. Gleb Garanich/Reuters

Les violents affrontements entre manifestants proeuropéens et forces de l'ordre ont fait plusieurs morts hier à Kiev, après deux mois d'une confrontation qui tourne à la guérilla urbaine.


Cinq militants de l'opposition ont ainsi été tués et 300 autres blessés, a indiqué dans la soirée le centre du service médical improvisé de l'opposition. Selon le site Ukrainska Pravda, quatre des cinq personnes tuées avaient des blessures par balles. Le parquet ukrainien a indiqué de son côté que deux hommes avaient été tués par balles dans la zone du centre-ville où ont lieu les affrontements, l'opposition faisant état d'un troisième mort, un jeune homme décédé mardi après être tombé dimanche de plus de 10 mètres de haut alors qu'il cherchait à échapper aux forces antiémeute. « Quatre blessures par balle à la tête et au cou pour l'un des morts, ce n'est pas de la légitime défense, mais des tirs délibérés sur des citoyens pacifiques », ont déclaré les partis des leaders de l'opposition Arseni Iatseniouk, Oleg Tiagnikok et Vitali Klitschko dans un communiqué. Viktor Ianoukovitch « a cessé d'être président et est devenu un assassin », a déclaré de son côté, dans un message transmis par ses proches, l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.


Depuis hier matin, les forces de l'ordre, dont les unités antiémeute Berkout, casquées et équipées de boucliers, ont lancé plusieurs assauts contre les barricades dressées dans la rue Grouchevski où se trouvent le siège du gouvernement et le Parlement. Les manifestants jetaient des cocktails Molotov et des pierres sur les forces de l'ordre, et celles-ci ripostaient par des tirs de balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes. Les manifestants isolés ou tombés étaient battus sans ménagement à coups de pied et de matraque, selon les journalistes sur place.

 

Un blindé dans le centre
Dans le centre de Kiev, un véhicule de transport de troupes blindé est apparu pour la première fois depuis le début de la contestation et a avancé dans la rue Grouchevski, selon les images de la télévision. Des centaines d'hommes des forces antiémeute le suivaient, dans l'épaisse fumée des pneus enflammés par les manifestants, forçant les protestataires à se replier vers la place centrale de Kiev, occupée depuis plus de deux mois.


Au même moment, le Premier ministre Mykola Azarov a autorisé la police à passer outre l'interdiction habituelle des canons à eau par des températures inférieures à zéro. Il faisait près de moins dix degrés hier à Kiev. Les affrontements à coups de cocktail Molotov, tirs de balles en caoutchouc et grenades assourdissantes n'ont pratiquement pas cessé depuis dimanche et ont fait au moins 200 blessés avant même l'assaut d'hier, selon le ministère de l'Intérieur. L'opposition a fait état de son côté de 1 700 blessés au total ces derniers jours, sans qu'il soit possible de vérifier ce chiffre. Après déjà deux mois de contestation, l'adoption de lois controversées, entrées en vigueur hier et qui durcissent les sanctions contre les manifestants, a relancé la mobilisation en Ukraine.


Le président Ianoukovitch avait entre-temps reçu trois heures durant les leaders de l'opposition, dont l'ex-boxeur Vitali Klitschko, sans qu'aucune annonce ne soit faite à l'issue de cette réunion qui visait à faire cesser les violences. Après la rencontre, M. Klitschko a rejoint des dizaines de milliers de manifestants réunis sur la place de l'Indépendance à Kiev et averti que l'opposition passerait à l'offensive aujourd'hui si le pouvoir ne faisait pas de concessions. Il a également indiqué que les pourparlers avec M. Ianoukovitch se poursuivraient, sans autre précision.


Les réactions à l'étranger ne se sont pas fait attendre. L'Union européenne a ainsi averti qu'elle allait « étudier de possibles actions et les conséquences » pour ses relations avec l'Ukraine. Elle s'est dit « choquée » par l'escalade de la violence en Ukraine, théâtre depuis plus de deux mois d'une contestation sans précédent après la volte-face du régime, qui a renoncé fin novembre à un rapprochement avec l'UE pour se tourner vers la Russie. Les États-Unis ont quant à eux annoncé de premières sanctions en révoquant les visas de responsables ukrainiens impliqués dans les violences.


Moscou a, pour sa part, dénoncé « l'ingérence étrangère » dans les affaires intérieures de l'Ukraine, tout en estimant de son côté que l'opposition « extrémiste » en violait « outrageusement la Constitution ».

 

Les violents affrontements entre manifestants proeuropéens et forces de l'ordre ont fait plusieurs morts hier à Kiev, après deux mois d'une confrontation qui tourne à la guérilla urbaine.
Cinq militants de l'opposition ont ainsi été tués et 300 autres blessés, a indiqué dans la soirée le centre du service médical improvisé de l'opposition. Selon le site Ukrainska Pravda, quatre des...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut