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Repères : vers une intervention militaire étrangère en Syrie - Eclairage

Neutraliser l'arsenal chimique syrien : une course d'obstacles sans précédent

"Ce n'est pas quelque chose que vous voulez faire sous la menace d'une pluie d'obus dans la zone", avertit un expert.

Un ambulancier civil enfile un masque à gaz avant d'entrer dans le village d'Al-Rami, dans le nord-ouest de la province d'Idlib, alors qu'une attaque chimique a été rapportée, le 21 juin dans la banlieue de Damas. AFP/DANIEL LEAL-OLIVAS

La proposition russe de placer les armes chimiques syriennes sous contrôle international pour les neutraliser suppose la pleine coopération d'un régime qui maintient le secret sur son arsenal, afin de mener une opération difficilement réalisable en pleine guerre civile.

 

Le projet, s'il devait voir le jour, impliquerait un changement radical de la position officielle de Damas qui s'est toujours gardée d'adhérer à l'Organisation de la convention sur l'interdiction des armes chimiques (OIAC), afin de ne pas avoir à rendre de compte sur un arsenal dont l'existence a été niée jusqu'à très récemment.

 

Cet arsenal est considéré comme "l'un des plus importants du monde" et est estimé à "plus de 1.000 tonnes" par les services de renseignement français.

"La première étape serait que la Syrie signe immédiatement la convention sur l'interdiction des armes chimiques", entrée en vigueur en 1997 et qui regroupe la quasi-totalité des Etats de la planète, explique à l'AFP Daryl Kimball, directeur général de l'Arms Control Association, une ONG dédiée au désarmement.

En rejoignant l'OIAC, Damas devrait dresser l'inventaire de ses stocks et accepter la venue d'inspecteurs sur son sol pour vérifier ses déclarations "au kilo d'agent chimique et à la munition près", selon Michael Luhan, porte-parole de l'organisation.

 

La mission de vérification pourrait également être confiée à une équipe d'inspecteurs de l'ONU, comme celle qui s'est rendue fin août en Syrie ou celle qui a oeuvré en Irak après la guerre du Golfe de 1991, selon Daryl Kimball.

"Le problème pour mettre cela en oeuvre d'un point de vue pratique serait d'assurer la sécurité des inspecteurs et la sûreté à long terme des stocks" pendant les opérations de désarmement, ajoute-t-il.

 

 

Scepticisme

L'expert ne cache pas son scepticisme: il a "du mal à imaginer la destruction des stocks d'armes chimiques syriennes au milieu d'une guerre civile".

"Ce n'est pas quelque chose que vous voulez faire sous la menace d'une pluie d'obus dans la zone", résume-t-il.

 

Pour David Kay, ancien chef des inspecteurs de l'ONU en Irak, "même dans les meilleurs conditions, cela requiert des effectifs très nombreux", simplement pour assurer une surveillance 24 heures sur 24 de chaque site et empêcher toute intrusion.

 

Les sites de production et de stockage de VX, de sarin ou d'hypérite sont nombreux et la hantise des Occidentaux est que Bachar el-Assad en perde le contrôle et que des armes chimiques tombent entre les mains de rebelles extrémistes.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a appelé lundi, dans la foulée de la proposition russe, à la création de zones supervisées par les Nations unies en Syrie où les armes chimiques du pays pourraient être "entreposées en sûreté et détruites".

 

 

Détruire est coûteux

Là encore, le processus prendrait des années et coûterait des milliards : les Etats-Unis ont dépensé près de 35 milliards de dollars en deux décennies pour se débarrasser de 90% de leurs stocks et n'auront pas terminé avant 2021.

"Fabriquer des armes chimiques est une chose. Quand il s'agit de les détruire, c'est bien plus coûteux et plus délicat sur le plan technique et juridique", selon Michael Luhan.

Les opérations de neutralisation diffèrent selon que l'agent est déjà ou non chargé dans une roquette ou un missile --cas des Etats-Unis-- ou simplement stocké en vrac et assemblés juste avant l'usage --cas de la Russie.

Dans le premier cas, la méthode est l'incinération dans des usines idoines; dans le second, la neutralisation se fait par injection d'un composé chimique pour rendre le produit inerte.

 

Selon les renseignements français divulgués début septembre, les stocks syriens sont "en partie stockés sous forme binaire, c'est-à-dire sous la forme de deux produits chimiques, appelés précurseurs, qui sont mélangés juste avant l'emploi".

Cette méthode semble se rapprocher de celle employée par la Russie, soupçonnée d'avoir aidé Damas à mettre sur pied son programme d'armes chimiques dans les années 1970.

 

 

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