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Repères : vers une intervention militaire étrangère en Syrie - Eclairage

Syrie : le boulet de la guerre en Irak pèse sur la capacité d'Obama à convaincre

"Si nous n'avions pas eu la guerre en Irak (...), l'intervention serait approuvée de manière écrasante".

Barack Obama n'a pas manqué de rappeler avoir été "élu pour mettre fin aux guerres, pas les commencer" et reconnu qu'il y a "une certaine lassitude avec l'Afghanistan et une certaine suspicion à l'égard de toute action militaire (en Syrie, ndlr) après l'Irak". AFP PHOTO/ Karen BLEIER

Aux Etats-Unis comme ailleurs, l'inquiétude et le scepticisme face à un nouvel aventurisme militaire dominent: l'administration Obama traîne le boulet du précédent irakien dans ses efforts pour convaincre du bien-fondé d'une action militaire en Syrie.


Ironie de l'histoire, c'est un sénateur démocrate opposé à la guerre en Irak, élu président pour y mettre fin -ce qu'il a fait- qui paie le prix du désastre provoqué par l'invasion de 2003, les huit ans d'enlisement qui suivirent au prix de 4.400 morts américains et de 3.000 milliards de dollars.


Barack Obama n'a pas manqué de rappeler avoir été "élu pour mettre fin aux guerres, pas les commencer" et reconnu qu'il y a "une certaine lassitude avec l'Afghanistan et une certaine suspicion à l'égard de toute action militaire après l'Irak". Mais l'action militaire qu'il promeut en Syrie est selon lui "limitée" et justifiée par le recours à des armes chimiques par le régime de Bachar el-Assad, plaide-t-il. 


Rien n'y fait: six américains sur dix se disent opposés à ce que le Congrès ne donne son aval à des frappes contre la Syrie, selon un sondage publié par CNN lundi. Ils sont pourtant 82% à se dire convaincus que le régime syrien a bien eu recours au gaz sarin pour tuer des civils.


"C'est évident, c'est dans tous les esprits. Si nous n'avions pas eu la guerre en Irak, la question ne se poserait pas, l'intervention serait approuvée de manière écrasante", juge Larry Korb, ancien responsable du Pentagone sous Ronald Reagan, aujourd'hui analyste au Center for American Progress.


Au Congrès, le vote d'une résolution en faveur d'une action militaire est loin d'être acquis, notamment à la chambre des Représentants, dominée par les républicains.
Justin Asmah, un des nombreux républicains issus de la mouvance du Tea Party élus en 2010, n'hésite ainsi pas à relayer les messages instantanés qui lui sont envoyés sur Twitter par des vétérans d'Irak et d'Afghanistan opposés à une intervention. "Le message que j'entends constamment est: s'il vous plaît, votez contre une action militaire contre la Syrie", plaide l'élu sur son compte Twitter. 


Le fantôme de George W. Bush

La vaste majorité des républicains avait soutenu la guerre en Irak mais nombre d'entre s'opposent dorénavant à une action en Syrie, note Larry Korb.
Une "sur-réaction" mais un retour de balancier "compréhensible" selon l'analyste, qui rappelle que le syndrome du Vietnam n'avait finalement été surmonté qu'avec la guerre du Golfe en 1991. "C'est une autre raison pour laquelle nous avons du mal à obtenir le soutien international", ajoute-t-il.


Sur la question syrienne, le fantôme de George W. Bush rôde encore, assure pour sa part le New York Times.
"Il est dans chaque recoin du Congrès où un microphone est présenté à un homme politique, en Russie, au Parlement britannique et au Vatican", estime un éditorialiste du quotidien selon qui "l'ancien président (...) a donné à tous les dirigeants du monde, à tous les parlementaires du Congrès une raison pour garder les chiens de guerre en laisse".


Dans un entretien à la chaîne américaine CBS lundi, Bachar el-Assad n'a lui même pas manqué d'ironiser sur sa "déception" à l'égard de Barack Obama, "parce que nous attendions de cette administration autre chose que de celle de Bush".


Consciente de l'étroitesse de sa marge de manoeuvre, l'administration Obama a pourtant pris maintes précautions pour présenter son cas. Après le fiasco de la démonstration de son prédécesseur Colin Powell sur les prétendues "preuves" sur armes de destruction massive irakiennes en 2003, John Kerry a fait preuve de plus de précautions en dévoilant les conclusions du renseignement américain sur l'attaque chimique du 21 août . "Cela a été fait de manière plus attentive que lors de l'expérience de l'Irak. Nous ne répèterons pas ce moment", a-t-il promis.


Mais quelles que soient les démonstrations, pour Stephen Biddle, du Council on Foreign Relations, "il est clair que l'expérience irakienne a rendu les gens plus prudents".

 

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