Cependant, si déchirante que soit ma douleur, je l’aurais gardée pour mon cœur si cette perte ne concernait que moi. Mais Toufic, c’était le général Toufic Jalbout, le fondateur de la marine nationale, l’organisateur de la Sûreté générale qu’il a dirigée avec une autorité et une compétence reconnues durant tout le mandat du président Fouad Chéhab, soit de 1958 à 1964.
Toufic, c’était aussi le très actif secrétaire général du CDR, mais avant tout l’impeccable président du tribunal militaire pour qui la justice n’a jamais été vain mot. Ce n’est pas au temps où le président Jalbout occupait cette haute charge qu’on aurait pu évoquer le fameux mot d’esprit de Clemenceau pour qui la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique !
Non ! Ce soldat strict et discipliné qui vénérait l’armée comme sa propre mère était d’abord un homme juste dans tout le sens du terme, et aucune autorité supérieure ne pouvait influencer ses décisions quelles qu’en puissent être les conséquences.
Son arrêt, dans le célèbre procès intenté par l’État au regretté Ghassan Tuéni à cause d’un article qui avait trop déplu au président de l’époque, lui avait valu un exil provisoire comme attaché militaire à Londres.
Cet homme libre n’avait d’autre guide que sa conscience. Si tatillonne que je l’ai vu s’offusquer pour le simple cadeau d’une montre en or offerte par un entrepreneur, geste jugé comme une inadmissible tentative de corruption à son égard.
C’est dire s’il souffrait de l’état dans lequel a sombré notre État !
Il n’en souffrira plus. La douleur restera notre lot. Celui de Hoda, de leurs chers enfants, des parents et des amis.
En fait, la perte de cet être d’élite, de cet exceptionnel serviteur de l’État n’aurait pas dû se limiter à ses proches, mais se faire ressentir sur le plan national.
Où, quand et comment trouver tes pareils, Toufic ?... Adieu, l’ami !...
Jean KYRILLOS
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