À la clôture hier soir, la livre turque (TL), tombée jeudi à un niveau record face au billet vert (1,9912) depuis que la Réserve américaine (Fed) a annoncé en mai son intention de réduire ses injections de liquidités, a franchi pour la première fois la barre des 2 livres (TL), à 2,010 TL.
La livre s’est reprise à 1,9910 après que la Banque centrale turque, qui avait vendu 200 millions de dollars mercredi et 350 jeudi, eut écoulé de nouveau vendredi 350 millions de dollars par adjudication de devises afin d’enrayer la baisse de la monnaie locale.
Depuis l’annonce de la Fed, la monnaie turque a chuté de plus de 10 %. La Bourse d’Istanbul qui a perdu plus de 5 % depuis mercredi, a clôturé légèrement à la baisse vendredi soir (-0,54 %).
Pour répondre aux turbulences qui affectent les économies émergentes, la Banque centrale turque a décidé mardi d’augmenter une nouvelle fois l’un de ses taux directeurs, celui du prêt au jour le jour, de 7,25 % à 7,75 %. Elle l’avait déjà relevé, en juillet, de 6,50 % à 7,25 %.
Elle a également prévu d’injecter au moins 100 millions de dollars chaque jour sur les marchés pour tenter de stabiliser la monnaie.
Après l’Inde et le Brésil, la Turquie voit ainsi, malgré ces mesures d’urgence, la chute de sa devise s’accélérer, victime de sorties de capitaux massives.
Les investisseurs s’inquiètent du déficit de sa balance courante, supérieur à 5 % du PIB, ce qui la rend très dépendante des financements étrangers.
Depuis début juin, les autorités monétaires turques ont vendu près de 8 milliards de dollars pour soutenir la monnaie locale. Mais ces interventions ont eu jusque-là des effets très limités.
Les taux se sont également envolés : sur le marché obligataire, le taux des emprunts à 10 ans de la Turquie est monté à 10,01 % jeudi, contre 9,53 % mercredi. Vendredi, il s’établissait à 10,1 %.
Après des pics impressionnants de 9,2 % en 2010 et 8,5 % en 2011, la croissance s’est nettement essoufflée avec une envolée des prix et de ce fait des chiffres d’inflation.
Ankara espérait 4 % en 2013 mais cette prévision va sans doute être révisée, comme celle pour l’inflation qui s’établissait à 8,8 % en juillet en glissement annuel.
(Source : AFP)