Aux environs de Khabarovsk, des personnes se déplacent en bateau à travers des maisons presque entièrement noyées par les flots. Igor Churakov/AFP
Des pluies diluviennes se sont abattues depuis fin juillet dans ces régions, faisant sortir de son lit le fleuve Amour, à la frontière avec la Chine, ainsi que plusieurs rivières, dont la Zeïa et la Boureïa. Des milliers de maisons et d’hectares de cultures dans les régions de l’Amour, de Khabarovsk, de Primorié, et la République autonome juive, petit territoire créé par Staline pour les juifs soviétiques, ont été de fait inondés. L’état d’urgence a aussi été décrété hier dans la région de Magadan, plus au nord, en raison des fortes pluies, a annoncé le ministère local des Situations d’urgence.
À Khabarovsk, le niveau du fleuve Amour a grimpé de 16 centimètres à 6,73 mètres dans la nuit de lundi à mardi et pourrait atteindre d’ici au 28 août 7,80 mètres, selon la même source. « C’est un niveau record pour la région de Khabarovsk depuis le début des observations » en 1895, a déclaré Iouri Varakine, responsable de l’agence météorologique russe Rosguidromet.
Au total, 23 313 personnes ont déjà été évacuées dans l’ensemble des régions affectées, a indiqué le représentant du Kremlin dans le district fédéral de l’Extrême-Orient, Viktor Ichaev, dans un communiqué. Il avait souligné samedi que face à l’ampleur de la catastrophe, le nombre de personnes évacuées pourrait atteindre 100 000. La télévision russe montrait en boucle des images de personnes se déplaçant en bateau à travers des maisons quasi entièrement noyées par les flots. À Khabarovsk, quatre centrales électriques ont été mises hors circuit dans la nuit, selon l’administration de cette ville de 600 000 habitants. Des soldats ont été mobilisés pour ériger des digues le long du fleuve et les autorités ont indiqué avoir préparé 10 000 sacs de sable dans le cas où l’eau emporterait les barrières.
Par ailleurs, de nombreuses personnes étaient sans argent après la fermeture par la première banque du pays, Sberbank, de plusieurs succursales et distributeurs automatique dans les régions touchées. À la télévision, M. Ichaev a souligné que de nombreux Russes qui avaient contracté des emprunts immobiliers se retrouvaient sans logement, et a fustigé la façon dont les autorités locales avaient pris en main la situation. « Les habitants dans plusieurs endroits disent : “Si vous aviez commencé un peu plus tôt vous auriez sauvé des zones résidentielles”. Et ils ont raison », a-t-il dit.
L’an dernier, des inondations survenues à la même époque à Krymsk, dans le sud-ouest de la Russie, avaient causé la mort de 172 personnes. Quatre responsables sont actuellement jugés pour négligence.
M. Ichaev s’est aussi inquiété de la situation épidémiologique dans les régions inondées, craignant la propagation de maladies. Sur les 29 500 personnes devant être vaccinées, seules 2 000 l’ont été pour l’heure, alors que des cargaisons de vaccins contre l’hépatite A, la diphtérie et la fièvre typhoïde ont été dépêchées sur place, a-t-il expliqué. Le représentant spécial a par ailleurs estimé que le niveau de l’eau baisserait lentement. Le Premier ministre Dmitri Medvedev s’est pour sa part alarmé du fait que près de 10 000 enfants se trouvaient dans les zones inondées et que nombre d’entre eux ne pourraient faire leur rentrée le 1er septembre, les écoles étant soit détruites par les eaux, soit transformées en abri de fortune pour les personnes évacuées de leur domicile.
Chine
De leur côté, les vice-Premiers ministres chinois Wang Yang et russe Dmitri Rogozine, ont convenu hier lors d’entretiens à Harbin de renforcer les efforts communs pour faire face à la situation, selon l’agence de presse chinoise Xinhua, sans donner plus de détails.
Au moins 85 personnes sont mortes et 102 ont été portées disparues dans trois provinces du nord-est de la Chine, balayées par des intempéries qualifiées de « pires depuis des décennies », a rapporté l’agence Chine nouvelle. Par ailleurs, des inondations ont fait au moins 49 morts dans la province centrale du Hunan, dans la province du Guangdong et dans la région autonome du Guangxi a annoncé le ministère des Affaires civiles. Les crues ont entraîné d’importantes destructions matérielles, précipitant des rivières de boue sur des agglomérations et paralysant les réseaux de transports – 80 000 passagers étaient ainsi restés bloqués ce week-end à la gare de Canton –, selon les médias officiels.
Dans le Guangdong, la province la plus gravement touchée parmi celles du sud, déjà frappée la semaine dernière par le typhon Utor, 28 personnes sont décédées et 10 portées disparues, selon les chiffres du ministère.
Philippines
Enfin, sur les îles philippines, de fortes pluies de mousson renforcées par une tempête tropicale ont aussi inondé la moitié de Manille en 24 heures et fait au moins sept morts dans le pays, ont déclaré hier les autorités philippines. Les effets de la mousson ont été aggravés par la tempête Trami, et les inondations sont les pires depuis le début de la saison des pluies aux Philippines, un pays traversé chaque année par une vingtaine de typhons. Au moins 40 000 personnes ont rejoint les centres mis en place par le gouvernement sur l’île de Luçon, la principale île de l’archipel, et plus du double ont trouvé refuge chez des proches.
(Sources : agences)