De gauche à droite : le président de la République François Hollande, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, la ministre de la Justice Christiane Taubira et le ministre de l’Intérieur Manuel Valls durant le Conseil des ministres. Rémy de la Mauvinière/Pool
Le gouvernement s’était déjà réuni lundi pour un séminaire sur « la France dans 10 ans » raillé par l’opposition et une partie de la gauche. Avec une augmentation de TVA déjà prévue en 2014 et un alourdissement du quotient familial, l’exercice s’annonce délicat, et le ministre des Finances, Pierre Moscovici, s’est dit conscient du « ras-le-bol fiscal » d’une partie de l’opinion. Ce sentiment risque d’être exacerbé par la réforme des retraites, autre sujet brûlant de la rentrée qui fera l’objet d’une rencontre entre le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et les partenaires sociaux en début de semaine prochaine.
Couacs
C’est sur une douce mélodie de couacs familiers à l’ère Hollande que Jean-Marc Ayrault a dû intervenir en pleine trêve estivale pour apaiser les tensions entre le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et sa collègue de la Justice, Christiane Taubira, sur la réforme pénale prévue pour septembre. Accusé de dérive droitière par une partie de la gauche, Manuel Valls en a d’ailleurs irrité plus d’un dans son propre camp en relançant lundi le débat sur le regroupement familial, pilier de la politique migratoire française.
Interrogé hier sur RMC et BFMTV, le ministre de l’Intérieur a paru agacé que son opinion ait été rapportée publiquement mais a de nouveau abordé ce thème. « C’est l’ensemble de nos politiques migratoires qui devront être questionnées pour la France, pour l’Europe et notamment le bassin méditerranéen, et toutes les questions seront posées, et j’ai dit, parmi d’autres, la question du regroupement familial peut être posée », a dit M. Valls, confirmant implicitement certaines déclarations que lui attribue Le Parisien. Un point de vue que ne partage pas Marisol Touraine. « Je crois que nous devons rappeler que nous sommes dans un cadre républicain et que ce cadre républicain doit être réaffirmé », a-t-elle dit sur France 2.
Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste, voit pour sa part dans les propos de Manuel Valls « une orientation funeste et catastrophique pour tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de gauche ». Dominique Sopo, ancien président de SOS-racisme et membre du conseil national du PS, s’inquiète des propos du ministre de l’intérieur rappelant dans un communiqué que « ces dernières années, la gauche avait su souligner son indignation lorsque, sous l’effet du populisme migratoire de Nicolas Sarkozy, ce dernier avait remis en cause à plusieurs reprises le regroupement familial, que ce soit par le durcissement des conditions de ressources et d’habitat, ou par la très indigne tentative d’instaurer en 2007 des tests ADN ».
Selon Le Parisien, Manuel Valls aurait également heurté certains de ses collègues en posant la question de la compatibilité de l’islam avec la démocratie. Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a volé hier au secours de Manuel Valls qui, selon lui, a dit précisément l’inverse. « Ce qu’il a dit, c’est exactement le contraire, il a dit : nous allons montrer, nous sommes en train de montrer que l’islam est compatible avec la République. Ne nous faisons pas de faux procès », a-t-il dit sur France Inter.
Terreur et violences
Sur le terrain, alors que, selon la presse allemande, el-Qaëda préparerait des attaques contre le rail européen, Manuel Valls a déclaré qu’il n’y avait pas de menaces concrètes d’attentats en France.
Par ailleurs, Jean-Marc Ayrault s’est engagé hier à enrayer la spirale de violence qui sévit à Marseille lors d’un déplacement impromptu en compagnie de cinq ministres, au lendemain d’un nouveau règlement de comptes mortel dans les quartiers nord de la ville. 130 hommes viendront ainsi s’ajouter dès aujourd’hui aux troupes déjà présentes sur place. Pour l’ex-ministre UMP de la Justice Rachida Dati, « Marseille est hélas devenue le symbole de l’échec de la politique du gouvernement, de sa déconnexion avec ce que vivent les Français ».
Dans ce turbulent contexte, l’université d’été du Parti socialiste organisée de vendredi à dimanche à La Rochelle court le risque de révéler au grand jour les disputes qui encombrent les couloirs de la majorité.
Au-delà de l’unité du gouvernement, François Hollande doit en effet rassembler la gauche en vue des élections municipales et européennes de 2014.
(Sources : agences)