Iran: pour Khamenei, les Etats-Unis toujours "pas dignes de confiance"

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a maintenu dimanche que les Etats-Unis n'étaient "pas dignes de confiance" pour des négociations directes, après des appels de responsables américains à renouer le dialogue à la suite de l'élection du modéré Hassan Rohani.

"Les Américains sont irrationnels et pas dignes de confiance et ils ne sont pas honnêtes dans leurs relations (...) Les positions prises par les responsables américains ces derniers mois confirment qu'on ne devrait pas être optimistes", a déclaré l'ayatollah Khamenei, cité par son site internet (www.leader.ir), lors d'une cérémonie de rupture du jeûne à laquelle assistaient notamment M. Rohani et le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad.

En mars, le guide suprême s'était dit prêt pour la première fois à un dialogue direct avec Washington en marge des négociations avec le groupe 5+1 sur le dossier nucléaire controversé iranien. Il avait toutefois souligné ne pas être "optimiste" sur l'issue de ces discussions, accusant les Etats-Unis, ennemi historique de l'Iran avec qui les relations sont rompues depuis 1979, de faire des offres de dialogue tout en imposant des sanctions économiques à l'Iran.

La question nucléaire est le principal dossier du prochain président, qui sera investi le 3 août, alors que l'Iran est frappé de lourdes sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne qui ont plongé le pays dans une grave crise économique.

La semaine dernière, d'anciens responsables de l'administration américains et des parlementaires ont appelé le président Barack Obama à saisir "l'occasion potentiellement majeure" représentée par la victoire de M. Rohani pour avoir "de nouvelles négociations multilatérales et bilatérales" avec l'Iran et "éviter tout acte de provocation qui pourrait réduire la possibilité d'une politique plus modérée" de Téhéran. Dans un autre appel, deux parlementaires ont appelé M. Obama à "utiliser tous les outils diplomatiques" avec le nouveau président iranien.

Dimanche, l'ayatollah Khamenei a prévenu que "dans notre entente avec le monde, c'est un art de poursuivre son chemin sans que l'autre partie vous en empêche, sinon vous avez perdu". Il faisait allusion aux déclarations d'Hassan Rohani, qui avait assuré que "la modération ne signifie pas en politique étrangère reddition ni querelle. Elle signifie une entente constructive et effective avec le monde".

L'Iran, malgré ses démentis, est accusé par l'Occident et Israël de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. Les négociations avec les grandes puissances réunies dans le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne) n'ont pas connu d'avancées malgré plusieurs rencontres.