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A l'ONU, des journalistes plaident pour ne plus être des "cibles mouvantes"

Des journalistes d'horizons très divers ont plaidé mercredi devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York contre l'impunité face au nombre "choquant" de meurtres de reporters à travers le monde.

 

Parmi les orateurs de ce débat, Moustapha Haji Abdinour, correspondant de l'AFP en Somalie, s'est qualifié lui-même de "cible mouvante" en raison des risques qu'il encourt au quotidien dans l'exercice de sa profession dans son pays.

"Lorsqu'un journaliste est tué, l'information meurt aussi", a-t-il lancé.

 

"Comme tant d'autres de ma profession, dans les rues battues par le vent qui charrie la poussière à Mogadiscio, on m'appelle la +cible mouvante+", a raconté Moustapha Haji Abdinour, qui a remporté en 2009 le Prix international de la liberté de la presse, décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ).

 

Il y a moins d'une semaine, le journaliste Liban Abdulahi Farah, qui travaillait pour une chaîne satellitaire, a été tué par balles dans le centre de la Somalie, portant à cinq le nombre de professionnels des médias du pays tués par balles ou dans un attentat depuis le début de l'année.

Selon le CPJ, 28 reporters ont été assassinés à travers le monde depuis le 1er janvier.

 

"Mon histoire est loin d'être unique. Si je suis ici aujourd'hui, c'est parce que j'ai de la chance, parce que les assassins qui ont tué tant de mes collègues et amis ne m'ont pas encore trouvé", a souligné Moustapha Haji Abdinour.

Celui-ci a également fait part de sa crainte de ce que son témoignage à l'ONU ne soit un motif supplémentaire pour d'éventuels assassins de l'abattre.

"Les assassins de journalistes se sentent au-dessus des lois (...). Il suffit d'une balle pour tuer (un journaliste). Ensuite, personne ne sera interrogé après que cette balle a été tirée", a renchéri Ghaith Abdul-Ahad, correspondant du quotidien britannique Guardian en Irak, lors du débat.

"Au fait, beaucoup d'entre vous nous haïssent. C'est le signe que nous faisons notre travail correctement", a-t-il ajouté aux diplomates, surpris par ces déclarations.

 

Pour le secrétaire général adjoint de l'ONU Jan Eliasson les journalistes sont "les poumons" de la démocratie. Selon lui, plus de 40 journalistes et webreporters ont été tués en Syrie au cours de l'année écoulée et plus de 100 en Afghanistan depuis 2006.

Il a jugé "choquant" que 90% des meurtres de journalistes restent impunis.

 

L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, a pour sa part estimé que "le premier réflexe des ennemis de la liberté est de museler la presse", tout en rappelant que deux journalistes français, Didier François et Edouard Elias, avaient disparu en Syrie il y a un peu plus d'un mois.

 

Richard Engel, journaliste de la chaîne américaine NBC enlevé puis relâché en Syrie cette année, et Kathleen Carroll d'Associated Press (AP) ont également témoigné.

 

Il s'agissait du premier débat sur le journalisme au Conseil de sécurité depuis qu'il a approuvé une résolution sur la profession en 2006.

Des journalistes d'horizons très divers ont plaidé mercredi devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New York contre l'impunité face au nombre "choquant" de meurtres de reporters à travers le monde.
 
Parmi les orateurs de ce débat, Moustapha Haji Abdinour, correspondant de l'AFP en Somalie, s'est qualifié lui-même de "cible mouvante" en raison des risques qu'il encourt au...