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À La Une - Quatre questions à...

Au Liban, « les conditions ne sont pas réunies pour une privatisation complète des télécoms »

...Riad Bahsoun, expert international auprès des Nations unies et de l’Union internationale des télécommunications (UIT).

Riad Bahsoun, expert international auprès des Nations unies et de l’Union internationale des télécommunications (UIT)

Le Liban fait souvent figure de cancre en matière de télécoms. Quel état des lieux pouvez-vous dresser du secteur ?
Avec des prix élevés et une qualité médiocre, il est vrai que le Liban est aujourd’hui un cancre en matière de télécommunications dans la région et surtout à l’échelle internationale. Mais cela n’a pas toujours été le cas. Quand le service mobile a été introduit au Liban, en 1994, le pays était alors pionnier dans la région. Mais le secteur s’est, depuis, détérioré. Cela s’explique d’abord par sa mauvaise gouvernance et ensuite par une approche des autorités davantage tournée vers la commercialisation et l’aspect financier que sa dimension technologique. Il n’y a pas eu d’étude du système technique qui permette au Liban de prendre de l’avance quant aux besoins des utilisateurs. Le taux de « drops calls » (appels sortants ne recevant pas de réponse ou étant interrompus) doit en réalité avoisiner les 4 % dans un pays qui compte 3 millions et demi d’abonnés. Par ailleurs, il est important de préciser que les drops calls ne sont qu’une partie des nombreux problèmes. Il y a aussi la mauvaise qualité des appels, le fait de ne pas pouvoir faire durer les conversations...

 


Que préconisez-vous pour que le Liban se place à la hauteur des standards globaux de manière à moderniser le réseau des Technologies de l’information et de la communication au Liban (TIC) ?
Le Liban a encore beaucoup à faire pour améliorer le niveau technique de ses réseaux. Il faudrait établir un audit de ces réseaux et déterminer quels sont les besoins pour répondre à une demande croissante et qui continuera de croître et de se diversifier. Ensuite, il faut que des décisions réglementaires soient prises pour alléger le réseau. Cela pourrait se faire par un partage d’infrastructure.

 


Pensez-vous que la privatisation du secteur pourrait constituer une réponse aux problèmes des télécoms au Liban ?
Le concept de privatisation est un concept qui, par essence, ne représente pas un problème pour le Liban, qui compte déjà de nombreux secteurs libéralisés. Aujourd’hui, le pays se retrouve dans la même situation où l’ont été de nombreux pays de l’OCDE quand le secteur avait été déréglementé pour se tourner vers l’application des lois du marché. Mais même la France n’a pas complètement privatisé son secteur. Elle a choisi de faire intervenir des investisseurs privés pour un tiers et de laisser le reste aller en Bourse. Le problème est qu’au Liban, les conditions politiques et économiques ne sont pas réunies pour une privatisation totale du secteur. En revanche, depuis plus de 15 ans, le secteur est prêt pour une privatisation partielle avec des investisseurs institutionnels. Un plan a même été approuvé par le gouvernement, mais n’a jamais été appliqué. Le fait que le Liban ne se soit pas tourné vers cette privatisation partielle est une des raisons majeures expliquant l’enlisement du secteur des télécoms.

 

 

Que pensez-vous de la mesure du gouvernement visant à faire enregistrer les téléphones portables auprès des autorités ?
J’approuve cette décision qui permet de lutter contre les fraudes. C’est essentiel notamment pour la conduite d’enquêtes criminelles et cela existe dans tous les pays développés. Cependant, je n’approuve pas la manière avec laquelle la décision a été mise en place. Le problème est que l’on n’a pas préparé les abonnés. Les utilisateurs pouvaient passer une heure au téléphone auprès d’Alfa ou de MTC pour avoir une réponse qu’ils ne comprenaient pas toujours. Le problème est l’absence de service après-vente.

 

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