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Culture - Spectacle

Une envie folle de parenté gaie

Le théâtre Monnot a accueilli « Une envie FOLLE » de Fabrice Blind. Trois comédiens font le pari de jongler avec les tabous et les clichés sur un sujet miné : l’homoparentalité.

Un jeu tout en nerfs et un humour tour à tour pincé ou cru qui bouscule les stéréotypes.

Jean fait le ventre rond, devine une menotte qui bouge et se sent venir une envie de fraises. Un fantasme de grossesse qu’il partage avec son compagnon. Et qu’importe que ce soit Juliette, la mère porteuse qu’ils ont trouvé sur Internet, qui verra son ventre s’arrondir et non l’un d’eux. Tel est le scénario tout aussi moderne que propice aux situations causasses que le théâtre Monnot a acceuilli.
Loin des folles et des caricatures toutes en outrance, la pièce présente deux homos ordinaires: un flic possessif en amour (Cédric Clodic) et un présentateur météo précieux (Fabrice Blind). Deux bourgeois pas vraiment glamour qui n’arborent paillettes et jambières cuirassées qu’à l’occasion de la Gay Pride. Le foyer pas si atypique rêve de se voir complété d’un enfant. Un rêve on ne peut plus commun en somme, compliqué seulement par la nécessaire participation d’une personne tiers: une jeune écervelée choisie hâtivement comme mère porteuse qui est complexée par le scénario de son passé trouble et sa tendance marquée à la mythomanie.

Franchement gais
Malgré un scénario certes simple, l’intérêt est éveillé par un jeu tout en nerfs et un humour tour à tour pincé ou cru qui bouscule les stéréotypes. Les dialogues incisifs tiennent le rythme, la conclusion reste inattendue. Dans un intérieur bobo, les mensonges en kyrielles s’enchaînent au rythme de musique eighties. Ambiance gay du Marais. Dommage que la fraîcheur de Tania Assi, la comédienne originaire de Beyrouth, souligne excessivement la mièvrerie du personnage. Son ton aigrelet finit par lasser alors qu’elle sait surprendre le public en campant un cow-boy odorant du haut de ses talons. Virilité pulpeuse contre homo effarouché et l’inversion des rôles est croustillante.
Si quelques fous rires se font sentir côté scène, les acteurs ne sont pas avares de cette jubilation qui se propage rapidement au-delà des planches. Préférence enfantine pour les maillots de bain deux pièces, tendance à l’infidélité et goût pour les commérages... les trois comparses jouent avec les clichés à la peau dure et les confrontent gaiement. Les rires fusent régulièrement, ponctuellement plus nourris encore sur certains jeux de mots. Des mots d’une crudité assumée qui met en exergue, par son contraste, la langue de bois existante autour de la sexualité au Liban. Gay, Juliette vitupère «les parents homosexuels, c’est l’avenir». Pour autant, la représentation ne cherche pas à convaincre de cette affirmation en dépeignant un couple modèle. Un certain manque de subtilité est à regretter, la pièce a le mérite de son sujet. Parler d’une homosexualité «normale» sur le point de fonder une famille, à Beyrouth où les relations entre partenaires de même sexe sont encore pénalement condamnables, n’a rien d’un pari gagné d’avance.
Jean fait le ventre rond, devine une menotte qui bouge et se sent venir une envie de fraises. Un fantasme de grossesse qu’il partage avec son compagnon. Et qu’importe que ce soit Juliette, la mère porteuse qu’ils ont trouvé sur Internet, qui verra son ventre s’arrondir et non l’un d’eux. Tel est le scénario tout aussi moderne que propice aux situations causasses que le théâtre...

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