Rechercher
Rechercher

Culture - BD

Joe Sacco : Il faut « prendre garde » au pouvoir du dessin

Le père de la bande dessinée de reportage était présent jeudi à l’Université américaine de Beyrouth dans le cadre du Hay Festival.

Joe Sacco à l’AUB.

Au moment où il prend la parole, on le remarque à peine. Avec ses vêtements trop ternes et sa petite taille, Joe Sacco passerait presque inaperçu. L’auteur mythique de BD-reportage était pourtant bien présent, jeudi, à Beyrouth, dans le cadre du Hay Festival, pour discuter de son œuvre et de ses sources d’inspiration avec les étudiants de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).
Dès ses premiers mots, Joe Sacco sort de son costume mal ajusté de grand timide. L’auteur, né à Malte en 1960, rappelle sa jeunesse, tiraillée entre études de journalisme et passion pour le dessin. L’homme ne choisira jamais entre les deux. En 1992, lui qui a également la nationalité américaine décolle pour la Palestine et décide de mettre en scène son reportage sous la forme d’un roman graphique. «Je sentais que je devais y aller, se souvient-il. Je n’avais aucun plan de route. C’était une décision organique.»
Les débuts sont difficiles. «Je travaillais douze heures par jour, je dormais à même le sol», raconte Joe Sacco aux jeunes de l’AUB, parmi lesquels plusieurs étudiants en art et illustration. Ses premiers albums ne lui rapportent pas d’argent, ou trop peu. «Je ne savais pas comment j’allais payer mon loyer.» Dure époque, «quinze ans de combat», qui ont failli le faire renoncer au BD-reportage.
Mais le travail finit par payer et sa carrière décolle. Son trait précis, ses reconstitutions minutieuses des scènes de guerre sont salués par la critique. Devant les étudiants, l’artiste évoque ses sources d’inspiration: Robert Crumb, Rembrandt. «J’ai déjà essayé de changer de style de dessin, car c’est un style très fatigant, admet-t-il. Mais c’est comme ça que ma main veut dessiner, je n’arrive pas à faire autrement.»
L’auteur de Gaza 1956 et Gorazde assume le côté très personnel de son œuvre. «Je dessine ce que je vois. Je me pense toujours comme subjectif, et c’est pour cela que je me mets en scène dans mes BD. Je ne fais pas de la science, mais de l’interprétation.» D’ailleurs, Joe Sacco ne réalise jamais de story-board. «C’est parce que je veux laisser le plus de place possible à la spontanéité», explique-t-il.
Pour l’artiste, la bande dessinée, par sa force de persuasion, a un grand rôle à jouer dans le journalisme. «Les images dessinées aident le lecteur à mettre un visage» sur des noms inconnus. Mais attention, il faut «prendre garde» au pouvoir du dessin, souligne-t-il. «On peut redessiner indéfiniment une image, à la différence d’une photographie», rappelle-t-il. L’auteur de bande dessinée est alors tout-puissant et peut déformer à volonté la réalité.
Quand la salle pose la question de l’avenir, Joe Sacco se fait blagueur. «J’ai une copine et un chien affreux que je dois promener tous les jours!» lance-t-il dans un grand éclat de rire. Plus sérieusement, sa prochaine œuvre aura pour sujet l’ancienne Mésopotamie. «J’essaie de sortie un peu des terrains de guerre, avoue l’artiste. Mais où que j’aille, je me retrouve toujours face à des conflits.»
Au moment où il prend la parole, on le remarque à peine. Avec ses vêtements trop ternes et sa petite taille, Joe Sacco passerait presque inaperçu. L’auteur mythique de BD-reportage était pourtant bien présent, jeudi, à Beyrouth, dans le cadre du Hay Festival, pour discuter de son œuvre et de ses sources d’inspiration avec les étudiants de l’Université américaine de Beyrouth...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut