Soudan: "l'ensemble" du Kordofan-Nord est désormais une "cible", selon les rebelles

Un groupe rebelle soudanais a affirmé lundi que le Kordofan-Nord, province jusque-là relativement épargnée par les combats sévissant au Darfour et au Kordofan-Sud, était devenue "une cible dans son intégralité", deux jours après une attaque inédite "en profondeur" dans cette région.

Samedi, dans une des offensives les plus spectaculaires de ces dernières années, le Front révolutionnaire (SRF), une coalition de groupes rebelles, a pris brièvement le contrôle d'Oum Rawaba, la deuxième plus importante ville du Kordofan-Nord, à environ 100 km à l'est du chef-lieu, El Obeid.

"L'Etat du Kordofan-Nord, dans son intégralité, est devenu notre cible", a affirmé lundi à l'AFP le porte-parole de la branche Nord du Mouvement de libération populaire du Soudan (SPLM-N), Arnu Ngutulu Lodi.

Signalant que la rébellion avait, par ailleurs, à nouveau bombardé dimanche la zone de l'aéroport de Kadougli, au Kordofan-Sud, M. Lodi a exhorté les avions civils à éviter les deux Etats soudanais du Kordofan.

"C'est une mise en garde des plus sérieuses. L'ensemble de la zone est devenue une zone opérationnelle", a-t-il averti.

L'aéroport de Kadougli est désormais "le centre de contrôle et de commandement des forces du Parti du Congrès national (au pouvoir) et des milices (qui lui sont liées), pour mener des attaques aériennes et au sol contre des civils innocents", ont affirmé les rebelles dans un communiqué, en précisant qu'il était donc "devenu une cible directe" du SRF.

Le SPLM-N, qui combat les troupes gouvernementales depuis près de deux ans au Kordofan-Sud, est membre du SRF, qui comprend aussi d'importants groupes rebelles du Darfour (ouest), région en proie à la guerre civile.

En revendiquant l'attaque d'Oum Rawaba, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), groupe rebelle du Darfour membre du SRF, avait évoqué samedi la volonté de "fragiliser les troupes (gouvernementales) sur la route menant à Khartoum", dans l'optique de "renverser le régime" d'Omar el-Béchir.

Le bilan des combats à Oum Rawaba n'est pas clair, mais des policiers figurent parmi les victimes, selon des habitants et des responsables.

Une source au sein de la Commission d'aide humanitaire du Soudan a évoqué une "grand nombre de déplacés dans les différentes zones attaquées".

Des villageois d'Abou Kerchola, une des localités affectées à une soixantaine de km d'Oum Rawaba, ont déclaré à l'AFP qu'ils vivaient sous des arbres, avec très peu de vivres, après avoir fui dans l'urgence samedi.

A Khartoum, le Parlement s'est lui réuni à huis clos lundi, réclamant l'audition du ministre de la Défense, Abdelrahim Mohammed Hussein. Selon une source au sein du ministère, celui-ci se trouvait toutefois à El Obeid, qui abrite une base de l'armée de l'air.

Cette attaque est survenue alors que le gouvernement, en proie à des querelles internes, cherche à établir un dialogue politique avec ses opposants.

La semaine passée, Khartoum et le SPLM-N ont ainsi tenu leurs premières négociations directes depuis près de deux ans, mais sans permettre d'avancée, selon les deux parties.