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À La Une - Crise

Attaques contre Merkel : les éditorialistes français partagés

"A quel jeu dangereux jouent les socialistes français, prêts à transformer Angela Merkel en bouc émissaire ?"

Le Parti socialiste (PS) du président français François Hollande a lancé durant le week-end une attaque en règle contre la chancelière allemande Angela Merkel. John Macdougall/AFP

Les relations franco-allemandes sont au coeur des éditoriaux de la presse française lundi après des déclarations socialistes jugées "irresponsables" par certains tandis que d'autres estiment que le débat sur l'austérité est légitime alors que crise et chômage ne cessent de s'amplifier.

 

Dénonçant avec une virulence rare "l'intransigeance égoïste" d'Angela Merkel, les socialistes français ont poussé, durant le week-end, François Hollande à croiser le fer avec la chancelière allemande sur l'austérité du fait de l'aggravation de la crise dans la zone euro. Alors que le président français avait déjà plaidé fin mars pour "une tension amicale" avec Angela Merkel, plusieurs ténors de la gauche l'ont appelé à aller encore plus loin. Dans un projet de texte sur l'Europe dévoilé vendredi, le Parti socialiste s'en est pris à "l'intransigeance égoïste" d'Angela Merkel, "chancelière de l'austérité", qui "ne songe à rien d'autre qu'à l'épargne des déposants outre-Rhin, à la balance commerciale enregistrée par Berlin et à son avenir électoral" dans une allusion aux élections prévues fin septembre.

 

"Il y a des lignes à ne pas franchir", s'étrangle Nicolas Barré, lundi dans les Echos. "Faute de parole élyséenne, il a fallu que ce soit Jean-Marc Ayrault qui... calme la logorrhée anti-Merkel, voire anti-allemande qui commençait à prospérer au sein d'un Parti socialiste livré à lui-même."

 

Le Premier ministre Ayrault a tenté samedi d'apaiser les tensions entre les deux moteurs de la construction européenne. M. Ayrault a choisi son compte Twitter pour rechercher l'apaisement : "On ne résoudra pas les problèmes de l'Europe sans un dialogue intense et sincère entre la France et l'Allemagne", y écrit-il. "L'amitié franco-allemande est indispensable pour redonner un nouvel élan au projet européen et trouver les voies du retour de la croissance", ajoute-t-il dans un second "tweet", chacun étant traduit par ses soins en allemand, langue qu'il a enseignée dans un collège de Loire-Atlantique.

 

Le Figaro ne se prive pas non plus de tirer à boulets rouges sur les socialistes, traités "d'apprentis sorciers". "Rien n'est plus irresponsable que de faire d'Angela Merkel et de la politique européenne de l'Allemagne le bouc émissaire des difficultés qui s'accumulent sur notre pays", assène Pierre Rousselin.

 

Etrangement, l'éditorial du quotidien conservateur trouve un écho dans Libération. "A quel jeu dangereux jouent les socialistes français, prêts à transformer Angela Merkel en bouc émissaire plutôt que de débattre de la politique de leur gouvernement ?", s'interroge François Sergent. "On peut - on doit - pouvoir discuter des politiques de rigueur, mais il est démagogique d'en faire porter le chapeau à Berlin ou à Bruxelles", martèle-t-il.

 

 

"L'hypocrisie a assez duré"

Dans La Croix, Guillaume Goubert prend le contrepied en insistant sur le fait que la "relation pacifique patiemment construite" entre la France et l'Allemagne est à "préserver" mais "ne signifie pas s'interdire tout débat". "Une bonne relation, entre deux personnes comme entre deux pays, appelle la franchise lorsqu'il existe des malentendus ou des désaccords", plaide l'éditorialiste du quotidien catholique.

 

Jean-Emmanuel Ducoin enfonce le clou dans l'Humanité : "nous sommes invités à ménager notre langage - autrement dit à fermer nos gueules", s'indigne-t-il, assurant que "l'hypocrisie a assez duré". "La question ne concerne évidemment pas l'amitié avec nos voisins", écrit-t-il, "mais du rapport de forces, donc du devenir des citoyens de tout un continent enrôlés de force dans des politiques d'austérité qui conduisent à la catastrophe et pour lesquelles l'Allemagne a joué un rôle primordial."

 

"La violente charge du PS contre l'austérité européenne et surtout contre son symbole Angela Merkel résonne également comme une critique à peine voilée de la politique du gouvernement français", souligne Jean-Claude Souléry (La Dépêche du Midi). "Cette impertinence du PS avait de quoi provoquer la +gross+ colère du Premier ministre, qui, durant tout ce week-end, et fort du soutien de l'Élysée, s'est efforcé d'éteindre la polémique", s'amuse l'éditorialiste.

 

Alors que l'ampleur de la crise appelle des mesures urgentes, "le problème est qu'il faudra attendre les élections allemandes pour trancher, relève Christophe Lucet (Sud-Ouest). "C'est-à-dire six mois", au moins.

 

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appelé lundi "au calme" le Parti socialiste, jugeant le débat avec l'Allemagne "légitime" mais le "pugilat anormal".

 

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