La fatwa des cheikhs Assir et Rafeï appelant les jeunes sunnites à aller pratiquer le jihad en Syrie face au régime et ses alliés dont le Hezbollah a fait des émules. Dans la nuit de samedi, un communiqué portant la signature des « Hommes libres de la Békaa » a mis en garde le parti de Dieu « de mener aucun mouvement hostile au peuple syrien ». « Après l’ingérence directe du Hezbollah en Syrie sur les ordres du régime iranien, et sous de multiples faux prétextes, et devant la passivité de l’État libanais et de l’armée libanaise, nous annonçons la formation de la brigade des Hommes libres de la Békaa pour arrêter ces interventions, même si cela doit transposer le conflit en territoire libanais », a affirmé le communiqué, qui a appelé les membres de l’armée libanaise « contrôlée par le Hezbollah », à rester aux aguets contre toute tentative d’opposer la troupe aux sunnites du Liban, « même s’il faut pour cela déserter cette institution ». Les auteurs du communiqué, précédé par un verset coranique, ont indiqué qu’ils ne sont point « des terroristes ou des initiateurs de discorde ».
Il est à noter que le Hezbollah a en effet commémoré hier, lors d’une cérémonie au Liban-Sud, la mort de Mohammad Jawad Nassif Zein, mort au combat en Syrie. Le président du Conseil exécutif du parti, Hachem Safieddine, a indiqué à cette occasion que « le projet américain en Syrie concorde avec sa volonté de semer la discorde au Liban, mais aussi en Iraq, en Tunisie, en Égypte et en Palestine ». « Il est tout naturel que nous nous opposions à ce projet, et la Résistance est toujours prête à se défendre », a-t-il dit, affirmant que « notre position à l’égard de ce qui se passe en Syrie prend sa source de notre volonté de préserver la cause palestinienne, et l’unité de la oumma, sans aucune motivation à caractère confessionnel ».
(Pour mémoire : À Abra, des futurs « moujahidine » motivés, mais peu préparés)
La menace des « Hommes libres de la Békaa » contre le Hezbollah intervient alors que les incidents à la frontière libano-syrienne continuent de se produire, sans grande intervention de la part de l’État. Hier, au point de passage frontalier de Masnaa, des manifestants ont tenté, pour la énième fois, d’empêcher des camions-citernes chargés de mazout de se rendre en Syrie, menaçant de mettre le feu aux véhicules. Dans la région frontalière de Chamsine, dans la Békaa, à deux kilomètres de la Syrie, un étudiant a été tué et un autre blessé par des tirs syriens. Les deux jeunes hommes ont été touchés alors qu’ils tournaient un documentaire dans la région.
Le brasier syrien continue donc de faire des victimes parmi les citoyens libanais, et les réfugiés syriens affluent toujours, sans supervision aucune de la part de l’État libanais. 444 000 réfugiés syriens seraient déjà présents au Liban, la plupart au Nord, selon le rapport hebdomadaire du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, qui œuvre pour assurer un habitat, des services sanitaires et éducatifs pour les réfugiés et leurs enfants.
(Lire aussi : Les « conseils » de Bogdanov au Hezbollah parviendraient-ils à débloquer la crise ?)
Les évêques kidnappés
Sur un autre plan, l’enlèvement des évêques Yazigi et Ibrahim, en Syrie, était au centre des homélies de la fête des Rameaux, célébrée hier par les communautés orthodoxes. Le patriarche Yohanna X Yaziji, qui a présidé la messe à Balamand, a déclaré que « sa communauté aspirait à la paix et à vivre en harmonie avec tous ses compatriotes ». Déplorant la prise en otages des deux évêques, il a rappelé que « nous sommes des hommes de paix, d’amour et de dialogue et nous refusons toute forme de violence ». Pour sa part, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a déclaré que « l’enlèvement de tout individu est refusé puisque Dieu a créé les hommes libres, à son image ». « Comment donc si l’otage était un évêque, prônant l’amour, le sacrifice et la tolérance », s’est-il interrogé. Enfin, le patriarche grec-catholique, Grégoire III Lahham, a exprimé sa solidarité avec ses frères orthodoxes, espérant « la libération rapide des deux évêques d’Alep ».
Le PNL commémore le retrait syrien de 2005
Par ailleurs c’est pour célébrer l’anniversaire du retrait de l’armée syrienne du Liban, en 2005, que le Parti national libéral (PNL) a tenu samedi une cérémonie à Nahr el-Kalb, lors de laquelle les participants ont levé le voile sur une plaque commémorative. La commémoration a réuni les cadres du parti, des étudiants, le chef du PNL Dory Chamoun, l’ancien député et cadre du courant du Futur Moustapha Allouche et de nombreux partisans.
Lors de son allocution, le député Chamoun a indiqué que « l’armée syrienne avait occupé le Liban afin de le contrôler », mettant l’accent sur les contradictions entre les positions libanaises et les objectifs syriens. « Les Libanais doivent resserrer les rangs, et édifier un État moderne renforcé par ses institutions militaires, dans le but de mettre fin aux différentes occupations », a-t-il dit, appelant à respecter les droits de l’homme dans le pays.
De son côté, M. Allouche a estimé que « le cauchemar de l’occupation syrienne est révolu », rappelant que « cette tutelle n’aurait pas pu s’instaurer si les Libanais ne l’avaient pas permise ». Il a aussi souhaité qu’« une plaque commémorative du retrait iranien soit bientôt dévoilée », félicitant le PNL pour la réouverture du bureau du parti à Tripoli.
Le chef de l’organisation estudiantine du PNL, Simon Dergham, a pour sa part salué les détenus libanais en Syrie, appelant à leur libération, déclarant enfin que « nous comprenons que des forces étrangères désirent occuper le Liban, mais nous ne comprenons pas qu’une composante libanaise telle que le Hezbollah tente au quotidien d’occuper nos idées, notre souveraineté notre sécurité et notre culture ».
Lire aussi
Moscou plongé malgré lui dans les méandres de la politique libanaise
EXCELLENTE INITIATIVE.... SUNNITE !
11 h 39, le 30 avril 2013