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Détenus libanais en Syrie : un calvaire qui n’a que trop duré

Marcelle Cherfane Karam : « Que Dieu pardonne à Michel Aoun ! »

Le père Albert Cherfane a disparu de Deir el-Qalaa le 13 octobre 1990.

« Désespoir. » C’est par ce mot que Marcelle Karam résume l’état dans lequel se trouve sa famille depuis la disparition de son frère, le père Albert Cherfane, de l’ordre des antonins, le 13 octobre 1990. Il a été enlevé à Deir el-Qalaa, en même temps que le père Sleiman Abi Khalil, le cuisinier et la cuisinière. Il avait 54 ans.
« Quand une personne meurt, la famille fait son deuil, confie Marcelle Karam. Mais dans le cas de mon frère, qui a disparu sans laisser de trace, le deuil n’est pas possible. »
Marcelle Karam raconte que quelques heures avant sa disparition, le père Cherfane était chez elle. « Les bombardements avaient commencé et il avait préféré rejoindre le couvent avant qu’ils ne s’intensifient, se souvient-elle. Tard en soirée, une de mes sœurs l’a appelé. Il était nerveux. Elle a essayé de le rappeler, mais n’a pas pu le joindre. »
Rapportant le témoignage « d’un civil qui était au couvent », Marcelle Karam assure que le dimanche 14 octobre 1990, les pères Cherfane et Abi Khalil étaient encore au couvent. Depuis, « plus personne ne les a revus ».
Le périple de cette famille a alors commencé. Marcelle Karam s’est rendue à six reprises en Syrie, sans réussir à voir son frère ou à avoir de ses nouvelles. « Les seules informations que nous tenons nous proviennent d’anciens détenus, dit-elle. Même les lettres envoyées par le pape Jean-Paul II au président Hafez Assad sont restées sans réponse. »
Assise dans le salon de sa maison, une photo du père Cherfane à la main, elle affirme : « Mon frère ne s’est jamais intéressé à la politique. C’était un homme de Dieu. Il prêchait en son nom. Que lui voulait-on ? » Elle reprend indignée : « Que Dieu pardonne au général Michel Aoun ! Tout cela est de sa faute. Il n’a pensé qu’à sauver sa peau ce fameux 13 octobre, laissant derrière lui des milliers de personnes dont le sort est toujours inconnu. Pourquoi depuis son retour de France il ne réclame plus la vérité sur le sort des détenus ? Veut-il ménager la Syrie et ne pas importuner les dirigeants syriens ? L’incertitude dans laquelle nous vivons est insoutenable. La disparition d’Albert nous cause une profonde amertume. »
« Désespoir. » C’est par ce mot que Marcelle Karam résume l’état dans lequel se trouve sa famille depuis la disparition de son frère, le père Albert Cherfane, de l’ordre des antonins, le 13 octobre 1990. Il a été enlevé à Deir el-Qalaa, en même temps que le père Sleiman Abi Khalil, le cuisinier et la cuisinière. Il avait 54 ans.« Quand une personne meurt, la famille fait...