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La valeur écologique et économique de la forêt méditerranéenne typique

Un cadre stratégique « assez large pour laisser place aux autonomies nationales »

Un cèdre dans la réserve d’Ehden, une des forêts méditerranéennes typiques du Liban. Photo Tony Frangié

Dans la coopération méditerranéenne, un nouvel axe est né à Tlemcen, le mois dernier: le cadre stratégique sur les forêts méditerranéennes. Qu’apporte-t-il aux pays riverains?
Le cadre stratégique des forêts méditerranéennes a été présenté à la troisième semaine forestière à Tlemcen comme une réalisation majeure, donnant lieu à une déclaration adoptée par les représentants des différents pays riverains. L’un de ses principaux artisans, Christophe Besacier, expert forestier auprès de la FAO et du comité Silva Mediterranea, le définit à L’Orient-Le Jour comme «un outil qui pourrait être utilisé à plusieurs niveaux».
Selon M. Besacier, ce texte présente trois grands objectifs: promouvoir les biens et services environnementaux dans les forêts méditerranéennes, améliorer la résilience des écosystèmes forestiers aux changements climatiques et renforcer la mobilisation des ressources humaines et financières, ainsi que la formation des acteurs de la gestion forestière.
«Ce type d’outil régional a trois avantages principaux, poursuit-il. Il définit une vision commune des pays autour de cette question, à un niveau politique suffisamment élevé pour que les bailleurs de fonds soient en confiance. Les pays ont adopté ce cadre stratégique par le biais de la déclaration de Tlemcen qui en recommande la mise en œuvre, en tenant compte des spécificités de chaque pays. Il constituera dorénavant une boîte à outils pour appliquer les programmes forestiers nationaux. Ce n’est ni un projet ni un programme, mais un cadre d’orientation stratégique qui montrera au pays ce que toute la région considère comme adéquat pour protéger la forêt méditerranéenne. Troisième avantage: c’est la première fois que le comité Silva Mediterranea, issu de la volonté de ses pays membres, aura une feuille de route.»
La préparation de ce document a été un long processus, précise M. Besacier. «L’idéal serait qu’à chaque semaine forestière (la prochaine aura lieu à Barcelone en 2015), nous fassions une évaluation de la mise en œuvre des recommandations du cadre stratégique, et d’y adapter les projets qui ont lieu dans les pays», précise-t-il.

Faire bloc sur la
scène internationale
À la question de savoir ce que ce nouveau cadre stratégique apporterait aux pays riverains, Abderrahim Houmy, chef de la délégation marocaine au congrès, nous affirme que ce texte «est une accumulation de la volonté commune de tous les pays de la Méditerranée d’avancer sur la question forestière». «Ce cadre stratégique ne prétend pas être une stratégie, il ouvre des opportunités entre les pays, dans les relations bilatérales comme multilatérales, poursuit-il. Ce texte se veut global et traite de tous les aspects, et il fait ressortir les centres d’intérêt des pays pour une gestion intégrée des questions forestières, mais aussi pour une intersectorialité beaucoup plus avancée, et pour le traitement de problématiques spécifiques aux forêts méditerranéennes, à l’instar de l’impact du changement climatique sur ces milieux.»
Il existe donc des faiblesses actuellement dans cette coopération méditerranéene que ce cadre vient rectifier... «Il y a toujours eu un échange sur ces questions entre pays méditerranéens, mais qui restait mal structuré, et nous n’avons jamais pu capitaliser sur les résultats de cette coopération, explique-t-il. Dorénavant, nous aurons l’avantage d’avoir un cadre de partenariat structuré, où tous les intervenants agissent en connaissance de cause et en étant informés de ce qui se fait ailleurs.»

Le Sud affecte le Nord
Chadi Mehanna, représentant du ministère de l’Agriculture et chef de la délégation libanaise au congrès, estime que ce cadre permettra d’homogénéiser les programmes nationaux, tout en restant assez large pour laisser place au caractère hétérogène de cette région du monde. Et surtout, selon lui, il poussera les pays méditerranéens à former un bloc sur la scène internationale afin de promouvoir la forêt méditerranéenne.
«Il faut se faire entendre, insiste-t-il. Le message que nous voulons faire passer au monde, c’est que les forêts méditerranéennes jouent un rôle très important au niveau international, et qu’elles sont très affectées par le changement climatique.» Le nouveau cadre et la déclaration de Tlemcen qui en a découlé donneront, selon lui, plus de poids lorsqu’il s’agira de discuter de budgets internationaux alloués au secteur des forêts, assurés par des bailleurs de fonds tels la GIZ, l’Union européenne, les États-Unis, le Japon...
On a beaucoup parlé de l’importance des forêts méditerranéennes... «C’est vrai, dit-il. D’une part, leur biodiversité est très importante. D’autre part, des études récentes ont montré que la disparition des forêts à l’est de la Méditerranée est en train d’affecter le climat de l’Ouest, notamment par une intensification des intempéries. Il y a toujours eu un clivage entre Nord et Sud (ou Sud-Est) de la Méditerranée. Or les Européens du Nord commencent à comprendre que négliger les forêts du Sud et de l’Est aura un impact négatif sur eux aussi, la zone méditerranéenne étant très petite: inondations, éboulis...»
Dans la coopération méditerranéenne, un nouvel axe est né à Tlemcen, le mois dernier: le cadre stratégique sur les forêts méditerranéennes. Qu’apporte-t-il aux pays riverains?Le cadre stratégique des forêts méditerranéennes a été présenté à la troisième semaine forestière à Tlemcen comme une réalisation majeure, donnant lieu à une déclaration adoptée par les...