Un monde plus obscur que clair
Né à Damas, l’artiste qui a participé à diverses expositions, notamment à Genève, Paris ou Oman, remportant différents prix dont celui de l’«Intergraphic» de Berlin et la Biennale de Sharquah, a ses œuvres exposées dans de nombreux musées et instituts. Il n’est pas toujours beau son monde à Nazir Ismaïl, mais qui dit que l’art devrait être une simple reproduction esthétique de ce qui nous entoure? Par contre, il ouvre des fenêtres sur le passé et le présent reliant tout sur un espace intemporel. Ses visages n’ont pas d’âge, n’appartiennent à aucune époque et pourtant ils rappellent par moments les portraits du Fayoum ou d’autres figures antiques et iconiques. Dans certaines toiles, ils sont déchirés, brûlés. Ils s’étiolent, devenant ainsi le mirage d’eux-mêmes. Ils retracent non une période précise de troubles (rappelons que l’artiste est d’origine syrienne, établi encore dans ce pays de larmes), mais des pages d’humanité.
Ces visages qui se ressemblent de prime abord sont différents l’un de l’autre. Traversant son imaginaire, ils semblent surgir de la nuit des temps. Lugubres, voire morbides, ils sont l’expression de ce qu’endure l’homme dans sa vie quotidienne et son impuissance à faire part de sa douleur. Ils aimeraient pourtant parler, mais leurs lèvres sont comme scellées et leurs bouches closes. Seules les toiles parlent et les couleurs diluées, traitées comme dans un laboratoire de chimie, évoquent des questionnements. «Je travaille d’une manière expressive, dit Ismaïl en essayant de transmettre l’état émotionnel et psychologique par le biais de couleurs et lignes, ainsi que l’ambiance générale de l’art. Je ne veux pas raconter l’histoire d’un visage par ses détails complets. Je préfère ouvrir une fenêtre de conversation avec l’être humain.»
*Art on 56th (Gemmayzé). Tél. : 01/570331.