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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Qatar, le petit émirat devenu puissance régionale controversée

Cheikh Hamad ben Khalifa el-Thani « est obsédé par l’ambition de laisser à ses héritiers un pays qui compte sur la carte du monde ».

Des fans de Qatar, lors d'un match de foot à Doha, en février dernier. Archives AFP

Petit État d’à peine deux millions d’habitants, le Qatar qui accueille demain le sommet arabe s’est imposé en puissance régionale, grâce à son appui aux soulèvements populaires et à la marginalisation des poids lourds de la région. Mais la politique volontariste de ce richissime État gazier, allié fidèle des États-Unis, son appui aux islamistes dont certains ont pris le pouvoir et sa « diplomatie du carnet de chèques » suscitent des critiques.


L’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa el-Thani, « est obsédé par l’ambition de laisser à ses héritiers un pays qui compte sur la carte du monde, alors qu’il était pratiquement inconnu il y a seulement vingt ans », souligne Olivier Da Lage, auteur de Qatar, les nouveaux maîtres du jeu qui vient de paraître. Pour lui, « la place du Qatar, disproportionnée compte tenu de sa taille et sa population, s’explique notamment par ses moyens financiers considérables (...) et l’effacement prolongé des acteurs historiques du monde arabe », l’Égypte, la Syrie, et dans une moindre mesure l’Arabie saoudite. « Qu’un si petit État ait pu devenir une puissance régionale de cette envergure n’est pas un cas unique dans l’histoire », estime Paul Salem, directeur du centre Carnegie pour le Moyen-Orient, dans une étude publiée le 31 décembre 2012, citant entre autres Venise. « Mais cette influence du Qatar oblige à s’interroger sur l’impact des médias et la puissance de l’argent dans le monde actuel », ajoute-t-il.


Une question qui ne manque pas d’être soulignée dans les pays qui subissent le contrecoup du printemps arabe, comme la Tunisie où le parti Ennahda est accusé d’être financé par le Qatar dans le but d’instaurer un régime islamique. « Doha voit dans la formation d’une alliance avec les Frères musulmans grâce à la diplomatie du carnet de chèques un moyen de créer une base régionale à une influence économique et politique accrue au Moyen-Orient et au-delà », écrivait pour sa part l’hebdomadaire égyptien al-Ahram dans un éditorial le 20 mars. Selon lui, le « soutien financier massif accordé par le Qatar à l’Égypte » – une aide de cinq milliards de dollars et une promesse d’investissements de 18 milliards USD sur cinq ans – fait craindre « la domination que cela pourrait conférer au petit émirat dans la définition et la formulation des politiques intérieures et extérieures de l’Égypte ».


Car le Qatar a tiré avantage de ses relations avec les courants islamistes, notamment les Frères musulmans, qu’il a toujours encouragés et dont il a abrité de nombreux dirigeants alors qu’ils étaient dans l’opposition, pour devenir le meilleur allié des nouveaux régimes en place en Tunisie et en Égypte. En Libye, il s’est placé en première ligne contre le régime de Mouammar Kadhafi, participant aux opérations aériennes sous le commandement de l’OTAN et dépêchant hommes et armes sur le terrain pour appuyer les rebelles. Encouragé par la chute du régime de Kadhafi, il a appelé à armer les rebelles syriens et financé l’opposition.


Comptant sur sa puissante chaîne al-Jazira, ce pays s’est rendu compte « qu’il pouvait être un acteur central de cette nouvelle région en transition plutôt que le protecteur d’un ordre ancien à l’agonie », explique M. Salem. « Le rôle diplomatique de premier plan du Qatar dans la région a jusqu’ici principalement servi les intérêts économiques et politiques du pays lui-même », reconnaît Amel Boubekeur, chercheuse à l’institut Brookings de Doha. Aujourd’hui, avec les échecs répétés de la Ligue arabe, « tout l’enjeu est de savoir si le Qatar peut dépasser son agenda régional exclusif et proposer des mécanismes multilatéraux de résolution des crises arabes », estime-t-elle.

 

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Petit État d’à peine deux millions d’habitants, le Qatar qui accueille demain le sommet arabe s’est imposé en puissance régionale, grâce à son appui aux soulèvements populaires et à la marginalisation des poids lourds de la région. Mais la politique volontariste de ce richissime État gazier, allié fidèle des États-Unis, son appui aux islamistes dont certains ont pris...

commentaires (5)

Pour ceux qui douteraient de la puissance de l'Emirat : A quatre pas d'ici, en pognon comptant, je te le fais savoir...

SAKR LEBNAN

13 h 58, le 26 mars 2013

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Commentaires (5)

  • Pour ceux qui douteraient de la puissance de l'Emirat : A quatre pas d'ici, en pognon comptant, je te le fais savoir...

    SAKR LEBNAN

    13 h 58, le 26 mars 2013

  • Le chef de la police de Dubai Dhahi Khlafan Tamim, qui joue pratiquement le rôle de ministre de l'Intérieur, ne cesse de dénoncer le danger que constituent les Frères musulmans pour les Emirats et les pays du Golfe. Il y a quelques semaines, 19 personnes (si je ne me trompe pas) ont même été arrêtées aux Emirats pour complot d'inspiration des Frères. C'est une grande contradiction avec la politique du Qatar et une énigme dans la politique globale des pays du Golfe.

    Halim Abou Chacra

    03 h 51, le 26 mars 2013

  • C'est un gros ballon gonflé au gaz et peint avec des slogans publicitaires de démocratie... il suffirait d'une épingle et paff ou psssfffff.. comme vous désirez. Les euro-américains le savent très bien et les grand joueurs régionaux et mondiaux aussi.

    Ali Farhat

    15 h 03, le 25 mars 2013

  • Les Liquidités plus valeureuses que les armes.

    SAKR LEBNAN

    12 h 28, le 25 mars 2013

  • ce pays finance le terrorisme international,,et achète les pays occidentaux en leur faisant couler leur argent. en France en plus du PSG, il y a des capitaux qataris dans toute les grandes sociétés (Canal +, Véolia...) hôtels , grands magasins, et aussi dans les banlieues. et les droits de l'homme chez eux ,c'est : chut, c'est un pays allié, comme tout les pays du Golfe, les droits de l'homme ,il faut les oublier, pour ne pas déplaire à ces roitelets de pacotilles

    Talaat Dominique

    02 h 29, le 25 mars 2013

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