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Moyen Orient et Monde - Analyse

Deraa, berceau du soulèvement et clé du conflit

Certains affirment que la ville du Sud est essentielle pour la chute de Damas.
C’est à Deraa que le soulèvement contre Bachar el-Assad a débuté, mais la situation n’a guère évolué depuis et la ville du sud de la Syrie reste l’un des principaux enjeux du conflit sanglant qui dure depuis près de deux ans. L’armée est très présente dans cette région de la plaine du Houran où elle a toujours été déployée en nombre pour protéger Damas d’une éventuelle offensive israélienne.
Aussi longtemps qu’Assad tiendra le sud-ouest de la Syrie et la plaine fertile du Houran, ses adversaires dans la région auront donc du mal à s’attaquer à la capitale et à faire la jonction avec les rebelles actifs dans sa banlieue. « Si cette zone est libérée, les voies logistiques qui vont du Sud vers Damas seront coupées. Deraa est la clé pour (faire tomber) la capitale », assure ainsi Abou Amza, l’un des chefs de la brigade rebelle Ababil de Houran.
En attendant, plusieurs dizaines de barrages routiers tenus par l’armée jalonnent Deraa, ville majoritairement sunnite qui comptait 180 000 âmes avant le soulèvement de mars 2011. Hormis pour quelques rares attentats-suicide commis par des extrémistes islamistes, le dispositif de défense tient les rebelles à distance, disent les habitants. À l’ouest de la ville, où s’élève le plateau du Golan occupé par Israël, se trouvent de nombreuses bases militaires, ce qui laisse peu de latitude aux insurgés. Ils se sont en revanche emparés de plusieurs localités à l’est de Deraa, mais l’artillerie et l’aviation de plus en plus actives dans ce secteur les ont réduits en cendres, ce qui a fait grossir le flot des réfugiés. Ils sont désormais 320 000 en Jordanie.
Malgré cette pression militaire croissante, les rebelles tiennent toujours plusieurs positions dans les terres volcaniques qui séparent Bousra el-Harir, à 37 km au nord-est de Deraa, des faubourgs de Damas. Plus à l’est se trouve Soueïda, ville à dominante druze, une communauté qui s’est pour le moment tenue à l’écart d’un conflit opposant pour l’essentiel la majorité sunnite à la minorité alaouite, dont le président est issu.
Dans le Nord, où la Turquie se montre plus coopérative, l’insurrection obtient des résultats beaucoup plus probants. Une bonne part de la région est aux mains des insurgés, qui tiennent en outre la moitié d’Alep, ville la plus peuplée de Syrie. Les rebelles se sont par ailleurs emparés de plusieurs localités de l’Est, à la frontière avec la province irakienne de Anbar, ou les sunnites sont majoritaires, et enregistrent des succès dans le centre, autour de Hama et de Homs.
Toutes ces positions restent néanmoins à la merci de l’artillerie et de l’aviation, c’est pourquoi le prince Turki el-Fayçal, ancien chef des services de renseignements saoudiens, a invité la communauté internationale à faire en sorte que les deux camps soient à armes égales. « Ce qu’il faut, c’est des armes sophistiquées qui puissent abattre les avions, tenir les chars à distance », a-t-il déclaré la semaine dernière au Forum économique mondial de Davos. Comme le Qatar, l’Arabie saoudite plaide depuis longtemps pour des livraisons d’armes à destination des rebelles.

Amman en porte-à-faux
La Jordanie voisine a pour sa part peu de sympathie pour le régime baassiste, mais elle craint la contagion, et les 370 km de frontière qu’elle partage avec la Syrie sont surveillés avec attention, notamment pour empêcher le trafic d’armes à destination des mouvements islamistes, ce qui ne fait évidemment pas les affaires des insurgés. « Rien ne vient de Jordanie », déplore Moaz el-Zoubi, un cadre de l’Armée syrienne libre (ASL). « Si chaque village avait des armes, nous n’aurions rien à craindre, mais le manque d’armes sape le moral », poursuit-il. Quelques cargaisons échappent parfois à la vigilance des douaniers, mais les rebelles dépendent davantage des armes qu’ils prennent aux forces gouvernementales ou qui proviennent de Turquie, très loin au nord.
Selon le général jordanien à la retraite Ali Choukri, de longues formations seraient nécessaires pour leur enseigner le maniement des armes antichars et antiaériennes occidentales. Qui plus est, deux puissantes divisions blindées de l’armée syrienne se trouvent dans le Sud, où les seules frontières sont celles d’Israël et de la Jordanie, souligne-t-il.
La Jordanie a elle invité Assad à quitter le pouvoir mais prône le dialogue, et rien ne présage d’un changement d’attitude, malgré les pressions de Riyad et de Doha, deux de ses principaux bailleurs. « Je suis convaincu que l’opposition n’a pas renoncé à obtenir des armes régulièrement en provenance de la frontière jordanienne, surtout parce que j’imagine que ce serait plus simple pour les Saoudiens d’y acheminer du matériel en quantité », commente un diplomate occidental en poste à Amman.

(Source : Reuters)
C’est à Deraa que le soulèvement contre Bachar el-Assad a débuté, mais la situation n’a guère évolué depuis et la ville du sud de la Syrie reste l’un des principaux enjeux du conflit sanglant qui dure depuis près de deux ans. L’armée est très présente dans cette région de la plaine du Houran où elle a toujours été déployée en nombre pour protéger Damas d’une...

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