C’est devant un important parterre de personnalités politiques, diplomatiques et du monde judiciaire que Robert Badinter a fait valoir ses arguments, hier, lors d’une conférence-débat, pour l’abolition universelle de la peine de mort. « Une dynamique qui n’est pas toujours favorablement accueillie par l’opinion publique », reconnaît l’homme politique dont le combat pour le droit à la vie a mené à l’abolition de la peine capitale en France, en 1981.
M. Badinter met en exergue les dimensions régionale et internationale de l’abolition. « Tout le continent européen a aboli la peine de mort, à l’exception d’un seul État, la Biélorussie, dernier État totalitaire d’Europe », affirme-t-il. Et pourtant, « l’Europe a été le foyer des pires crimes contre l’humanité durant le siècle dernier », rappelle-t-il. Il en est de même au niveau du « continent américain qui est presque entièrement abolitionniste, du nord au sud, mis à part quelques États des États-Unis », constate le défenseur des droits de l’homme. À ces abolitions régionales, s’ajoute la dimension internationale de l’abolition, qui se concrétise par un « consensus autour de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de sa survie », mais aussi par « l’adoption de conventions qui interdisent aux États d’appliquer la peine de mort ». Robert Badinter salue « cette nouvelle page dans l’histoire judiciaire » et les progrès réalisés à l’échelle internationale.
Il ne peut toutefois s’empêcher de montrer du doigt les États qui pratiquent le plus grand nombre d’exécutions capitales chaque année, comme l’Iran et l’Arabie saoudite. « Ces exécutions sont en augmentation », déplore-t-il, estimant que ces pays représentent « le noyau dur de la peine de mort ». Il évoque aussi la Chine, premier État en nombre de condamnations à mort, mais qui ne publie pas ses chiffres d’exécutions. Ces pays qui continuent de pratiquer la peine capitale, à l’instar du Pakistan, des Émirats arabes unis, de l’Irak, considèrent que le moment n’est pas venu d’abolir la peine de mort. « Mais les esprits ne sont jamais prêts dès qu’il s’agit de la peine de mort », regrette M. Badinter. Et de conclure à l’intention du pays du Cèdre : « Le Liban ne sera tel que je le connais que le jour où il aura rejoint le cercle des abolitionnistes. »
Organisée conjointement par l’ambassade de France au Liban et par l’ordre des avocats de Beyrouth, cette conférence s’est déroulée à la Maison de l’avocat. Elle a vu la participation du ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, de l’ancien ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, et du bâtonnier de Beyrouth, Nouhad Jabre. Ces derniers ont, tour à tour, rendu hommage à ce grand homme qu’est leur hôte, Robert Badinter, et exprimé leur espoir de voir le Liban abolir la peine de mort.
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