En septembre et en octobre, le quartier de Tariq al-Bab a été la cible de l’artillerie du régime. Aujourd’hui, les rues grouillent de passants. Les marchés, restaurants et magasins ont rouvert. « J’avais besoin d’argent pour nourrir ma famille », explique Omar, qui a rouvert il y a un mois sa boutique de téléphonie mobile. En octobre, les bombardements l’avaient fait fuir en Turquie, mais la situation invivable dans les camps de réfugiés et un très relatif retour au calme à Alep l’ont décidé à rentrer, comme nombre de ses voisins. Juste en face de son échoppe, Abou Mohammad, 68 ans, a remonté son stand de fruits et légumes, détruit par un bombardement en octobre. Tous les jours, il va s’approvisionner dans un des quartiers tenus par le régime. Il dit gagner environ 500 livres syriennes par jour (sept dollars), soit cinq fois moins qu’avant.
Un peu plus loin, Salwa arrête une voiture des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), qui contrôlent désormais cette zone, pour demander l’aumône. Les soldats lui offrent du pain. Elle accepte avec un sourire. « Nous n’avons pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de fuel pour les poêles, il est pratiquement impossible de trouver du travail, et nous sommes obligés de vivre de la charité des combattants qui nous donnent de la nourriture », ajoute-t-elle. Les hommes de l’ASL distribuent de la nourriture dans la plupart des quartiers d’Alep qu’ils tiennent.
À Seif al-Dawla, des centaines d’enfants équipés de cruches et de bidons se bousculent autour d’un camion d’eau potable acheminé par les rebelles. « La situation (...) n’est pas idyllique bien sûr, mais les bombardements ont baissé d’intensité car les combats se déroulent maintenant à la périphérie de la ville », indique Mohammad, instituteur dans une des écoles mises en place par les rebelles dans le quartier de Boustane al-Qasr. Les vendeurs ambulants sont de retour dans les rues, une délicieuse odeur de brochettes flotte dans l’air. La rue al-Fardous respire la vie. Mais malgré l’accalmie, les obus continuent de tomber. Le 30 décembre, quatre personnes ont été tuées dans le quartier d’al-Maïssar, pourtant épargné depuis un mois. À as-Soukkari, « les bombardements ont diminué et les gens ont moins peur », explique Mohammad Koudeymati, qui tient un magasin de vêtements importés de Turquie. Les usines de confection d’Alep, qui était le poumon économique du pays avant la révolte, ont fermé leurs portes.
Quand la nuit tombe, les bougies et générateurs s’allument. L’électricité à Alep n’est plus qu’un vieux souvenir. « La guerre nous a tout pris », se plaint Ahmad, en achetant de la nourriture au marché.
© AFP
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