Près de deux ans après le début d’un soulèvement pacifique devenu progressivement une guerre civile, les rebelles s’enfoncent toujours plus profondément vers le cœur de la capitale. Damas se prépare à leur arrivée et l’angoisse se lit sur les visages. « Il y a de la peur et de la douleur dans le cœur des gens, un sentiment de désespoir et de sidération en raison de l’énormité de la crise », dit Souad, architecte dans le quartier de Salihiya. « Les détonations de toutes sortes – d’obus de mortier, d’artillerie, d’avions de chasse – indiquent que la ligne de front se rapproche », ajoute-t-elle.
Bachar el-Assad a encore des partisans à Damas, non seulement parmi les membres de sa communauté alaouite qui craignent des représailles collectives en cas de chute du régime, mais aussi parmi les chrétiens inquiets de la présence de sunnites radicaux parmi les insurgés. Beaucoup de Damascènes issus de la majorité sunnite aspirent aussi à un retour au calme et craignent qu’un renversement de Bachar el-Assad ne plonge le pays dans le chaos. D’autres prient en revanche pour son départ dans l’espoir que cela mettrait fin à la guerre.
Quelles que soient leurs opinions politiques, les habitants de Damas ont pour première préoccupation leur sécurité. Ceux qui disposent de logements au cœur de la capitale, relativement épargné par les violences, accueillent parents et proches fuyant les combats. Mais la place vient à manquer. « Je me suis installé chez mes parents avec les familles de tous mes frères et sœurs. La maison de ma femme est pleine d’oncles et de tantes. Qui a encore de la place maintenant ? » interroge Issam, un habitant du centre de Damas rentrant chez lui après le travail. Il a toutefois un début de réponse : « Dans certains quartiers commerçants, les rideaux des boutiques ne sont pas fermés. Si vous regardez à l’intérieur, vous pouvez voir que des familles entières s’y sont installées. Ils ne peuvent pas retourner chez eux. » Malgré cet afflux vers le centre de Damas, les loyers ont chuté et certains appartements sont vides. « Le loyer que je demande représente 70 % de ce que je faisais payer avant, et encore, c’est quand je trouve un locataire », dit un habitant. « On pourrait croire que la demande augmente (...) mais les gens ont le sentiment qu’aucun endroit n’est vraiment sûr. »
« Ce qu’il reste de nos vies là-bas »
Les habitants de Damas se préparent donc au pire. Face aux pannes de courant de plus en plus fréquentes, tout le monde cherche à acquérir un générateur. Un magasin dans la vieille ville dit en vendre 25 par jour. Il est quasiment impossible de se procurer du carburant et le prix du bidon d’essence a quadruplé. Dans les faubourgs de l’est de la ville tenus par les rebelles, les voitures ignorent les feux tricolores, endommagés par les combats ou éteints par les pannes de courant. De même, Damas est traversée par de nouvelles frontières : Tadamoun et Kadam dans le sud sont clairement aux mains des insurgés. Les rebelles sont postés à des barrages, supervisent la distribution de pain ou acheminent de la nourriture dans la campagne environnante, elle aussi tombée entre leurs mains.
De nombreuses familles ayant fui ces zones rurales aux abords de Damas se lamentent de ne pouvoir y revenir en raison des barrages des forces gouvernementales. « Je ne sais pas ce qui est arrivé à ma maison, elle se trouve à l’est », dit Issam. « Mes voisins sont aussi venus s’installer dans le centre de Damas et ils ne savent pas ce que sont devenus leurs commerces. Tout le monde aimerait savoir ce qu’il reste de sa vie là-bas. »
(Source : Reuters)
commentaires (3)
Durant 4 décennies, ils n'ont cessé de Collaborer avec leur Régime assadique sans aucun État d'Âme et ce, grâce aux Mannes de la Poule aux Œufs d'Or libanaise ! Mais, depuis que celle-ci leur a échappé d'entre les mains en 05, yä hassértéhhh, ils se sont réveillés et se sont retrouvés à Jeun.... Bahhh, la Vache à Lait libanaise ; yâ harâm !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
13 h 27, le 19 décembre 2012