Le pape a twitté

Le pape Benoît XVI a officiellement acquis le statut de Twitto (tweep en anglais), en envoyant son premier tweet urbi et orbi mercredi, lors de l'audience générale.

Le premier tweet, rédigé en anglais, a été lancé depuis le Vatican en direct peu avant midi (11H00 GMT, 13h, heure de Beyrouth) par le pape sur son compte @pontifex.

Voici le premier tweet du pape : "Chers amis, c’est avec joie que je m’unis à vous par twitter. Merci pour votre réponse généreuse. Je vous bénis tous de grand cœur". L'on notera l'absence totale de hashtag... 

A peine mis en ligne, ce tweet était retwitté des milliers de fois.

Les tweets sont ensuite aussi rédigés en espagnol (@pontifex_es), italien (@pontifex_it), portugais (@pontifex_pt), français (@pontifex_fr), allemand (@pontifex_de), polonais (@pontifex_pl) et arabe (@pontifex_ar). D'autres langues suivront.

Depuis une semaine, le chef de l'Eglise catholique a son propre compte twitter, nouvelle voie de transmission immédiate du message catholique à des millions d'utilisateurs, en majorité jeunes, dans le monde entier.

Une heure après l'annonce de l'adresse du compte du pape, 20.000 personnes s'étaient déjà inscrites pour le suivre. Une semaine plus tard, elles étaient 700.000.

Le pape répondra ce mercredi à trois questions sur les centaines de demandes qui lui sont parvenues depuis l'ouverture de son adresse il y a une semaine.

"Les premiers tweets seront des réponses à des questions posées au pape sur la foi", avait d'ailleurs annoncé la semaine dernière Greg Burke, le nouveau conseiller en communication du Vatican, invitant les utilisateurs à commencer à poser leurs questions.

Attention toutefois aux contrefaçons! Les abonnés devront faire attention à la "certification" du site pour vérifier qu'il s'agit de vrais messages de Benoît XVI, avait précisé M. Burke, en relevant qu'il y aurait toujours des "parodies" pour se moquer du pape, mais aussi des tweets qui "paraissent officiels" et qui sont des faux.

La semaine passée, en lançant le hashtag (mot-clé) #askpontifex pour encourager les utilisateurs à poser des questions au pape auxquelles celui-ci devrait répondre dans ses premiers tweets, le Vatican s'est ainsi attiré des milliers de tweets sarcastiques ou critiques. "Est-ce la pédophilie ou le sida qui vous tient éveillé dans votre gigantesque palais doré?", a demandé un internaute. "Maintenant que @Pontifex a un compte, peut-il excommunier quelqu'un en le bloquant sur Twitter?", a pointé un autre.

Mais le Vatican ne devrait pas s'en offusquer. Interrogé sur les risques de réactions hostiles sur Twitter, M. Burke avait souligné : Twitter est "un libre marché des idées et c'est une bonne chose". Le pape "enverra des perles de sagesse que lui inspirera son coeur".

L’entrée du pape sur Twitter n’est qu’un élément de plus dans la relation déjà bien dense du christianisme avec les réseaux sociaux. Des pasteurs affichent des centaines de milliers d'abonnés, des sermons sont live-tweetés, la Bible est contenue dans une application mobile gratuite téléchargée plusieurs millions de fois...

De manière générale, histoire de mettre à mal une image quelque peu compassée en matière de nouvelles technologies et pour gagner plus d'adeptes, protestants et catholiques se lancent avec de plus en plus d'entrain sur Twitter.

"Le vrai pouvoir de Twitter, c'est son côté intime et personnel", explique Phil Cooke, auteur d'un ouvrage qui aide les religieux à comprendre les réseaux sociaux. "Si le pape l'utilise pour partager ses réflexions personnelles sur les questions du jour, sur ses luttes, et pour montrer à ses abonnés un aspect plus intime de sa personnalité, je pense qu'il pourra littéralement changer la perception du public de qui il est et de ce qu'il fait", ajoute-t-il.

Nombre de leaders religieux ont déjà adopté les réseaux sociaux depuis plusieurs années, et en premier lieu les évangélistes, baptistes et mormons, qui sont très influents sur Twitter aux Etats-Unis.

Le Vatican veut y être présent en mettant en avant "la nostalgie de Dieu" dans un monde "sécularisé", comme le répète souvent Benoît XVI.

Selon des données rassemblées par Twitter, un religieux a en moyenne un retweet pour 500 abonnés, là où une pop star obtient, par exemple, un retweet pour 30.000 abonnés.

Ainsi @JoyceMeyer, une Américaine qui se définit comme une enseignante de la bible, est suivie par plus de 1,5 million de personnes et ses tweets sont régulièrement retweetés des milliers de fois.

"L'inquiétude enferme; la prière libère la paix", a-t-elle écrit le 10 décembre, engendrant plus de 4.800 retweets. A titre de comparaison, les derniers tweets de @ladygaga, la personne la plus suivie au monde sur le réseau social avec 32 millions d'abonnés, ne génèrent "que" 5 à 6.000 retweets.

Du côté des autres religions, le @DalaiLama ne suit personne mais peut compter sur 5,7 millions d'abonnés, tandis que plusieurs religieux musulmans saoudiens, notamment, rassemblent de nombreux adeptes. Et en Angleterre, l'archevêque de Canterbury a prévu de live-tweeter son dernier sermon de Noël avant d'être remplacé à la tête de l'église anglicane.

Les catholiques étaient, eux, un peu en retard sur les réseaux sociaux, même si Heidi Campbell, professeur de communication à la Texas A&M University, relève qu'ils n'ont pas toujours été à la traîne en matière de nouvelles technologies. "Ils ont été parmi les premiers à avoir un site web institutionnel et une chaîne YouTube", relève-t-elle. Et le Vatican est en train de lancer une application mobile qui permette aux fidèles de suivre les audiences du pape en direct.