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Boulos Moussa (1795-1873), un évêque témoin de son temps, par le P. Charbel Abi Khalil

La couverture de l’ouvrage. On y reconnaît la figure de l’évêque, les chutes de Jezzine, dont il était originaire, et le tau de l’ordre antonin.

L’infatigable chroniqueur qu’est le prêtre antonin Charbel Abi Khalil continue d’accomplir son devoir de mémoire. Son dix-huitième ouvrage est consacré à la figure de l’évêque maronite antonin Boulos Moussa (1795-1873). Originaire de Jezzine, Boulos Moussa fut évêque de Tripoli. Pour ses contemporains, il fut l’image du « moine évêque », un homme qui, affirme Charbel Abi Khalil, « résista à la vaine gloire de l’autorité et ne mitigea pas sa foi au contact du monde ».
L’évêque Boulos Moussa « entra dans l’histoire par la grande porte », écrit en préambule le P. Abi Khalil. « D’un courage johannique, il était ouvert à tous, en particulier aux plus pauvres », ajoute-t-il sur un ton théologique.
L’évêque de Tripoli ordonna 245 prêtres, et consacra non moins de 50 églises et couvents, dans un diocèse qui s’étendait de Chekka à Antioche.
Mais le plus remarquable, c’est que Mgr Boulos Moussa fut le témoin des principaux événements historiques du XIXe siècle : fin du régime égyptien (1840) et effondrement du règne de l’émir Béchir II ; règne de l’émir Béchir III ; discorde de 1841 ; instauration du régime des deux caïmacamats ; discorde de 1842 et révolte paysanne de Tanios Chahine (1858) ; grande discorde confessionnelle de 1860, pour en venir enfin au régime des deux moutassarrifiya dans le Mont-Liban (1861) et la naissance du mouvement de Youssef bey Karam hostile au système instauré et annonciateur du réveil national libanais.
Dans le cours de ces événements et de ces retournements politiques, l’évêque Boulos Moussa se tient à égale distance des camps politiques qui se combattaient au sein comme à l’extérieur de son diocèse, souligne le chroniqueur Charbel Abi Khalil, une position qui tient à la fois de la sagesse et de l’extrême prudence.
Il n’est pas indifférent de voir défiler ces événements sous la plume du P. Abi Khalil. On est même saisi, à les lire, du sentiment de leur futilité. Certes, c’est un regard rétrospectif d’historien qui nous les situe si objectivement. Sait-on par exemple que la discorde du 12 octobre 1841 entre druzes et chrétiens, à Deir el-Qamar a duré... 5 jours, faisant non moins de 300 victimes côté druze et plusieurs dizaines de morts, côté chrétien, pour les beaux yeux de quelques féodaux et à la     satisfaction de la Sublime Porte.
Pour certaines générations qui ont grandi sans retenir ces faits d’histoire de leur pays, ces données ont quelque chose d’étonnant. D’entendre qu’un évêque est resté « à égale distance » de tous ces événements leur fait perdre leur caractère mythique et les restitue à leur réalité historique, qui a pu être anecdotique. Les erreurs de nos aïeux sont mieux jugées pour ce qu’elles sont, des aveuglements de l’histoire. Et c’est peut-être sous l’habit de la futilité que nos propres dérives seront vues de nos descendants.

F. N.
L’infatigable chroniqueur qu’est le prêtre antonin Charbel Abi Khalil continue d’accomplir son devoir de mémoire. Son dix-huitième ouvrage est consacré à la figure de l’évêque maronite antonin Boulos Moussa (1795-1873). Originaire de Jezzine, Boulos Moussa fut évêque de Tripoli. Pour ses contemporains, il fut l’image du « moine évêque », un homme qui, affirme...