On aime ou pas les peintures de cet artiste, mais on ne peut y être indifférent.
On apprécie ou pas ses couleurs fortes, fauves, crues, vigoureusement appliquées, voire jetées sur la toile à coups de pinceaux emportés, de tracés saccadés, de couteaux taillant à vif dans une pâte dense... Mais on ne peut leur dénier leur puissante expressivité.
On apprécie ou pas ces œuvres faites de violence, d’assauts, d’éclats, de fougue, de liberté, comme aussi de souvenirs, de fragilités et de sensibilité... Mais on ne peut pas ne pas être interpellé par leur criante sincérité.
Il y a là, sous les gribouillis des faciès et les griffonnages de figures et de symboles associés (à l’instar des dessins de bus scolaire, de croix, de dollar et de cœur...), une expression marginale et authentique. Un art pictural qui, s’inscrivant dans le prolongement du dessin d’enfant, raconte, dévoile, dénonce, derrière les masques grimaçants des portraits et autoportraits – certains proclamés dans le titre, d’autres calfeutrés derrière des mentions plus anonymes –, des cauchemars et traumatismes de guerre, d’enfance, de vie...
Les huiles sur toiles de Habib Fadel évoquent cette puissance dramatique et furieuse qui échappe à tout contrôle et qui fait les accidents de la vie.
À l’instar de celui qui déviera le parcours de Habib Fadel du septième art vers la peinture. Car c’est suite à une maladie qui lui avait momentanément paralysé le bras que cet ex-réalisateur a découvert, il y a une douzaine d’années, les musées d’art moderne et contemporains de la Californie où il était installé.
Dire qu’il s’est lancé, depuis sa convalescence, à corps perdu dans la peinture n’est absolument pas une figure de style.
Il suffit d’aller faire un tour du côté de chez Alice Mogabgab pour en être convaincu.
La première exposition solo que cette galeriste lui consacre – jusqu’au 30 novembre – témoigne qu’à l’instar de Van Gogh, dont il revendique l’influence (parmi d’autres comme Picasso, Basquiat, Combas...), Habib Fadel a trouvé un exutoire dans la peinture. Là où, entre douleurs, angoisses d’enfant et d’adulte, cris et déchirements, résonne une indéniable délivrance...
* Beyrouth, rue Achrafieh, imm. Karam, 1er étage. Horaires d’ouverture : du lundi au samedi, de 10h à 19h. Tél. : 03/210424.
commentaires (2)
FELICITATIONS.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
07 h 50, le 09 novembre 2012