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Économie - Scandale

La liste d’exilés fiscaux met la classe politique grecque dans l’embarras

Le gouvernement tente de déplacer les projecteurs vers l’exode de capitaux depuis le début de la crise en 2010.

Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a relevé devant le Parlement que les services de lutte contre la fraude fiscale travaillaient sur une liste, probablement plus utile que « la liste Lagarde ». Louisa Gouliamak/AFP

Alors que la Grèce semblait soulagée hier par l’acquittement d’un journaliste ayant publié une liste d’exilés fiscaux présumés en Suisse, le gouvernement tentait de minimiser l’affaire, déplaçant les projecteurs vers l’exode de capitaux depuis le début de la crise en 2010.
Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a rebondi sur l’affaire du journaliste-éditeur Costas Vaxevanis, 46 ans, accusé, avant d’être relaxé jeudi, d’avoir violé des données personnelles en publiant dans son magazine une liste de 2 059 noms, détenteurs selon lui de comptes à la banque HSBC en Suisse.
Selon M. Vaxevanis, sa liste est une copie de la « liste Lagarde », ainsi baptisée en Grèce car transmise en 2010 au gouvernement grec par l’ancienne ministre française des Finances Christine Lagarde, aujourd’hui directrice générale du FMI.
Ces données sont au centre d’une polémique récurrente pour avoir apparemment été négligée par les gouvernements successifs, en contradiction flagrante avec leurs engagements affichés à lutter contre l’évasion fiscale endémique.
M. Stournaras a relevé devant le Parlement que les services de lutte contre la fraude fiscale travaillaient sur une liste, selon lui « beaucoup plus cruciale et probablement plus utile que la liste Lagarde », soit celle des « 54 000 Grecs qui ont des dépôts dans des banques étrangères et qui ont sorti leur argent depuis le début de la crise (en 2010) ».
Le ministre s’exprimait devant dans la nuit de jeudi à vendredi devant la commission parlementaire dite « de transparence », qui se réunit régulièrement et examine les affaires auxquelles sont mêlées les noms de députés ou hommes politiques.
La brigade contre le crime financier va prochainement convoquer « 15 000 Grecs pour qu’ils justifient les sommes transférées à l’étranger », et attestent qu’ils ont payé les impôts requis sur ces montants, a indiqué M. Stournaras.
« Nous allons commencer par ceux ayant transféré plus de 100 000 euros à l’étranger », a précisé le ministre, dont le gouvernement est confronté à une montée de la grogne sociale en vue de l’adoption prévue au Parlement la semaine prochaine de nouvelles mesures de rigueur, accusées de frapper prioritairement revenus bas et moyens.
L’affaire Vaxevanis a relancé la controverse qui avait éclaté en Grèce début octobre, quand, sur fond de mise en cause de plusieurs hommes politiques pour corruption, un journal avait révélé l’existence de « la liste Lagarde » jusque-là restée confidentielle.
S’en était suivi plusieurs jours de confusion jusqu’à ce qu’une copie de la liste ne soit « retrouvée » et transmise à la justice par le précédent ministre des Finances Évangélos Vénizélos, actuel dirigeant du parti socialiste Pasok.
L’affaire, qui a encore rebondi la semaine dernière avec l’aveu par le prédécesseur de M. Vénizélos, Georges Papaconstantinou, que l’original de la liste a disparu du ministère, fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire du procureur du crime financier Grigoris Peponis.
Selon une source judiciaire, il envisage de transmettre le dossier au Parlement, ce qui permettrait d’examiner d’éventuelles responsabilités de MM. Papaconstantinou et Vénizélos.
Sans attendre, le parti néonazi Aube dorée, fort de 18 députés, a déposé plainte hier « pour manquement au devoir » contre MM. Papaconstantinou et Vénizélos.
En étant poursuivi pour avoir publié ce qu’il affirme être ces données, M. Vaxevanis a suscité un sursaut dans le pays et dans le monde en faveur de la défense de la liberté de la presse.
Blanchi jeudi soir de diffusion de données confidentielles, le journaliste avait notamment reçu le soutien du Conseil de l’Europe, d’Amnesty International et de Reporters sans frontières.
« Les péripéties judiciaires de journalistes concernant l’exercice de leur métier sont un pas en arrière et un phénomène inquiétant, et cela est évidemment lié à la crise et à l’épreuve que traversent le peuple grec », a commenté hier pour l’AFP Nicos Grillakis, représentant du syndicat des journalistes de la télé publique Net.
De son côté, M. Vaxevanis avait souligné à l’issue de son procès que « la décision du tribunal constitue un événement très important qui permet aux journalistes de faire leur travail ».
Tout en reconnaissant que détenir un compte en Suisse n’était pas illégal, M. Vaxevanis a invoqué le droit de la presse à lutter contre la couverture officielle de scandale.
Mais une caricature du quotidien libéral Kathimérini ironisait hier sur le risque que le bruit autour de l’affaire n’en noie les vrais enjeux. Elle montrait le président du Parlement coincer la liste sur la tombe du soldat inconnu en disant à la garde : « La liste Lagarde a été transmise au Parlement, je la laisse là, faites attention car elle va disparaître. »

(Source : AFP)
Alors que la Grèce semblait soulagée hier par l’acquittement d’un journaliste ayant publié une liste d’exilés fiscaux présumés en Suisse, le gouvernement tentait de minimiser l’affaire, déplaçant les projecteurs vers l’exode de capitaux depuis le début de la crise en 2010.Le ministre grec des Finances, Yannis Stournaras, a rebondi sur l’affaire du...

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