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Culture

Activités express

Rencontres, tables rondes et présentation d’ouvrages.

Une rencontre animée.

Salah Guemriche : Le « Sinbad » des mots jette l’ancre à Alger

«Ô Alger», «el-Djazira»... Alger la Blanche convoitée, qui a connu de multiples envahisseurs, garde son âme libre. Salah Guemriche, journaliste, essayiste et romancier de nationalité algérienne, obsédé des «mots-passerelle» comme il dit, ne décrit pas la ville. Il la chante à la manière d’un poète épris. Son âme et sa plume vagabondent dans l’enceinte de la ville, y entreprennent une traversée historique et culturelle. «Alger la Blanche»... Ce livre est un voyage!
À l’Agora du Salon du livre francophone de Beyrouth, l’assistance était sous l’emprise de l’histoire, de l’art, des mots... de Salah Guemriche. Avec son irrésistible talent de restituer les mots à leur origine et la ville à son authenticité, l’auteur vogue entre les vestiges d’une basilique paléochrétienne datant du cinquième siècle, découverte lors de l’installation du métro, et les relents de l’actuelle Casbah menacée par des effondrements naturels. Il décrit les mutilations humaines et architecturales du colonialisme, les «complots» qui défigurent la ville.
Ce livre est «une mine d’informations, une magnifique description qu’on lit à la manière d’un roman» vous disent les inconditionnels de l’ouvrage qui ont attrapé depuis longtemps le «syndrome Guemriche».

La traduction, l’art d’une guerre !

Qu’apporte la traduction au texte initial? Une interrogation à multiples facettes à laquelle Bertrand Py, Najwa Barakat, Farouk Mardam Bey, Salah Guemriche, Fatmé Charafeddine et Iskandar Habache apportent leurs réponses.
«Il n’y a pas de traduction s’il n’y a pas une appropriation du texte. » Sous les auspices de cette affirmation se concentrent les interventions. Les conférenciers sont d’accord: «Le traducteur doit pénétrer la vision de l’auteur. C’est un effort si subjectif, un parcours intellectuel et émotionnel tellement personnel, qu’aucune traduction ne ressemble à une autre. Chaque traduction est unique bien que le texte initial soit le même.»
Najwa Barakat ajoute: «Il s’agit d’une collaboration forcée, d’une guerre entre l’auteur et le traducteur.» Pourtant elle admet: «Mais dans cette guerre, le traducteur est votre sauveur. À lui de magnifier le texte ou de le faire couler.»
Bernard Py insiste: «La traduction va jusqu’aux nuances de l’inconscient. En effet, les représentations sociales et la structure de la langue au niveau de l’inconscient changent.» «D’où la difficulté de former de bons couples de traducteurs et d’auteurs, souligne Farouk Mardam bey, notamment pour ce qui est de la traduction des textes poétiques arabes.» Il évoque à cet égard l’exemple d’un Syrien polytechnicien qui serait de mèche – dans le domaine littéraire évidemment – avec un Vietnamien versé dans les rimes! À eux deux, la poésie arabe est désormais à son avantage en français.
En guise de conclusion, un axiome qui fait l’unanimité: «Traduire n’est pas une affaire de compétence linguistique. Seuls quelques élus illuminés réussissent le “sacerdoce”!»

Denis Langlois, ou le portrait d’un « déplacé »

Avocat et homme de lettres, Denis Langlois est un écorché vif qui manipule les émotions avec une «écriture pure», mais surtout des intentions pures. Militant pour toute cause humaine, il refuse de souscrire aux exigences qui aliènent l’humanité de l’homme: il ne se soumet pas au service militaire afin de «préserver son esprit libre» et s’affranchit des déboires subis à cause de cette intransigeance en les reléguant au Cachot, son premier livre qui paraît en 1967.
Quarante-cinq ans plus tard, il ne manque toujours pas de s’insurger contre toutes les atteintes qui amoindrissent l’homme, conflits, et guerres surtout. Slogans pour les prochaines révolutions, paru en 2008, c’est toujours lui. Sondant les origines du mal, il invoque les enfants à la rescousse en écrivant La politique expliquée aux enfants (et autres) (2002).
En 1998, ses pérégrinations le mènent au Liban à la demande d’une mère éplorée: son fils a disparu au cours de la guerre du Liban lors des affrontements entre chrétiens et druzes. Il doit retrouver sa trace, mais aussi «se» retrouver puisqu’il veut «prendre ses distances par rapport à beaucoup de ses désillusions personnelles, notamment
militantes».
Langlois écrit donc Le déplacé. Ce livre est plus qu’un récit. Une quête initiatique. Il affirme d’emblée: «Nous sommes tous des déplacés. L’important est de trouver sa place.» Mais c’est aussi une tentative de compréhension de la folie des hommes.
Ainsi va-t-il jusqu’à remuer la mémoire d’une guerre atroce. Les silences, les gênes de ses interlocuteurs lui révèlent beaucoup plus que les tirades et les épanchements. Son enquête le mène de Jounieh aux montagnes du Chouf, en passant par un Beyrouth en pleine reconstruction... artificielle (!) dans la mesure où les différentes communautés ne parviennent pas encore à revivre ensemble.
Dans son livre, Langlois affuble le garçon disparu ou plutôt « déplacé » d’un patronyme d’occasion, Élias Kassem. Il ne veut pas révéler son identité par peur de représailles à l’encontre de sa famille. Et quelqu’un de lui souligner perfidement: «Mais vous avez uni deux prénoms, l’un chrétien, l’autre druze!» Il répond: «C’est volontaire! On considère toujours l’adversaire comme un sang mauvais, un ennemi à abattre. Je n’ai pas de solution à ce problème. Je n’ai qu’un espoir: que la conciliation l’emporte!» Éternel militant... «déplacé»?

Nidal AYOUB (AFEJ)

« L’accès universel au livre », utopie ou réalité ?

«Comment assurer la disponibilité des livres, les rendre universels et accessibles dans tous les pays, à tous les prix et surtout adaptés aux pouvoirs d’achat de chaque pays? Comment faire connaître une œuvre à un pays qui n’est pas la source d’origine de cet ouvrage? Comment arriver à décloisonner les marchés pour universaliser ces livres?» Tels étaient les sujets qui ont réuni, autour d’une même table, Cyril Hadjithomas, Bertrand Py, Marianne Payot et Michel Choueiri.
Pour Bertrand Py, directeur éditorial d’Actes Sud, «on pose des problèmes insolubles, vu la cherté des livres due aux coûts des traductions dans la langue d’origine de chaque pays, leur exportation, leur édition et surtout le décalage économique impitoyable. Cela prendra des années avant que les populations des petits pays puissent avoir accès à ces ouvrages».
«Le problème réside dans le choix des livres à traduire, a affirmé la journaliste Marianne Payot. Il y a beaucoup de mauvais ouvrages qui sont publiés et qui ne nécessitent pas de traduction. Il faudrait donc sélectionner les bons livres, filtrer ceux qui pourraient se vendre dans chaque pays avant de les traduire.» «Et c’est là où réside le rôle des libraires, des journalistes et des éditeurs», précise Cyril Hadjithomas, distributeur et éditeur de livres sur Internet.
Michel Choueiri, vice-président de l’Association internationale des libraires francophones et directeur de la librairie el-Bourj, a relevé, quant à lui, les efforts mis en œuvre par tous, pour universaliser les livres et les rendre accessibles aux populations riches autant qu’aux pauvres comme: la création de la «Caravane du livre», qui a permis de promouvoir et faire connaître des livres de littérature aux libraires des différents pays, les efforts de la maison d’édition Actes Sud, qui offre une remise de 35 pour cent sur différents ouvrages, la création d’association d’éditeurs étrangers qui coéditent ensembles pour minimiser les coûts... Il n’en reste pas moins qu’Internet, tout en n’étant toutefois pas accessible dans la plupart des pays pauvres, reste un outil très précieux qui a permis aux livres de voyager au bout du monde à des prix abordables. Et Marianne Payot de souligner «le danger de cet outil qui a permis à tout le monde de porter un jugement et des critiques sur tout et qui fausse souvent les données!».

Lamia SFEIR-DAROUNI (AFEJ)
Salah Guemriche : Le « Sinbad » des mots jette l’ancre à Alger«Ô Alger», «el-Djazira»... Alger la Blanche convoitée, qui a connu de multiples envahisseurs, garde son âme libre. Salah Guemriche, journaliste, essayiste et romancier de nationalité algérienne, obsédé des «mots-passerelle» comme il dit, ne décrit pas la ville. Il la chante à la manière d’un poète...

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