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À La Une - Liban

« Kamashtak » : une nouvelle menace plane sur ceux qui se garent mal à Beyrouth

Des activistes libanais lancent une campagne pour sensibiliser les automobilistes au respect des règles de stationnement.

Beyrouth. Heure de pointe. Les sirènes d’une ambulance retentissent sur la route maritime. L’hôpital n’est plus qu’à cinq minutes à pied. Mais l’ambulance est immobilisée, coincée dans un embouteillage provoqué par une voiture garée en double file.


Cette scène, Maher el-Hajj Dib Mawla, un activiste de la société civile âgé d’une trentaine d’années, en a été témoin. « Cet incident m’a révolté, c’était un cas urgent, un homme a failli mourir à cause du manque de responsabilité d’un autre », s’indigne le jeune homme.
Une colère que Maher a catalysée en mode action avec, en ligne de mire, les automobilistes mal garés. L’objectif ?
Que les Libanais perdent leurs mauvaises habitudes en termes de parking, du stationnement en double file, à celui sur un espace réservé aux handicapés, en passant par le stationnement dangereux devant des écoles.
« Avec l’aide de quatre collègues, j’ai décidé de lancer une campagne pour le respect des espaces et règles de stationnement à Beyrouth », explique l’activiste. Une campagne sur le mode « participatif » et dont on pourrait relever le côté un brin délateur sur les bords.


Lancée le 1er octobre 2012, « Kamashtak » (Je t’ai attrapé) est une initiative qui a pour but d’encourager les citoyens libanais à s’impliquer dans le renforcement de la sécurité routière. « Le principe est simple : vous repérez une voiture mal garée ou qui ne respecte pas l’interdiction de stationner, vous lui collez un autocollant “Kamashtak”, vous prenez l’infraction en photo (en faisant en sorte que la plaque d’immatriculation soit bien visible) et vous la publiez sur le site de notre campagne en ajoutant les informations nécessaires (lieu, date...) », explique Maher.


Le site comprend une carte interactive de la ville de Beyrouth sur laquelle les responsables de la campagne localisent les violations, quartier par quartier, rue par rue, à l’aide de points de toutes les couleurs. En cliquant sur chaque point, les détails de l’infraction apparaissent : la photo de la voiture avec plaque d’immatriculation, le lieu de l’infraction, le genre d’infraction (stationnement interdit, stationnement sur un endroit réservé aux handicapés, etc.). « Nous classons les récidivistes dans une section à part et les violations insolites dans une autre », précise Maher.

 

 

 

Capture d'écran de la page principale du site web de Kamashtak.

 


Depuis le lancement de la campagne, l’autocollant de Kamashtak est de plus en plus recherché par les citoyens et surtout les propriétaires de magasins ou de cafés dans la ville. Pour le moment, il est uniquement disponible en contactant le groupe de jeunes activistes, mais « il sera bientôt distribué dans plusieurs quartiers de Beyrouth ». Selon Maher, plus de 1 200 personnes ont déjà participé à la campagne sur le terrain. Le résultat est impressionnant : en moins d’une semaine, plus de 1 400 infractions ont été rapportées et publiées sur le site.


Cette topographie des infractions pourrait être très utile aux autorités, qui affichent un certain laxisme en matière de respect des règles de stationnement.
Mais Maher assure que le but de « Kamashtak » n’est pas de faire le travail de la police ou de la remplacer. « Notre objectif est de préserver les droits des piétons, des élèves, des handicapés, des ambulances, et d’encourager les conducteurs à respecter la loi, même si les autorités sont absentes ».


Interrogé sur l’aspect éventuellement délateur de son initiative, des citoyens dénonçant d’autres citoyens photo à l’appui, le jeune Libanais garantit que la diffamation n’est pas le but de Kamashtak : « Nous voulons seulement sensibiliser les gens d’une façon sympa, pour changer. »
Au lieu de découvrir une amende sur leur pare-brise ou un sabot bloquant leur roue, les automobilistes se retrouvent avec un autocollant amovible, « un avertissement, une façon de rappeler au citoyen qu’il ne respecte pas la loi, sans pour autant le pénaliser », explique Maher.


À la question de savoir si le fait de dénoncer un autre citoyen ne pourrait créer des tensions ou des problèmes, Maher assure que les réactions sont, jusque-là, très positives. « Ceux qui enfreignent la loi savent qu’ils ont commis une erreur. Et recevoir un autocollant Kamashtak est bien évidemment mieux que de recevoir une amende », insiste l’activiste.


Kamashtak n’est pas la première initiative du genre. Cheyef 7alak par exemple, une campagne lancée par la LBC et un groupe nommé Crea8mania, dénonce déjà, images à l’appui, les infractions commises, essentiellement en termes de sécurité routière, à travers le Liban. Si l’initiative est saluée, son impact sur le terrain semble toutefois limité. D’où les doutes exprimés, sur certains blogs libanais, quant à l’efficacité d’une nouvelle initiative comme Kamashtak.
Aux sceptiques, Maher répond que le plan de travail à long terme de Kamashtak devrait aboutir à des résultats plus concrets, surtout si les municipalités et l’État coopèrent avec les associations qui mènent ces campagnes.

 


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