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Moyen Orient et Monde

En attendant l’exil turc, les déplacés ont désormais leur camp en Syrie

Dans le village de Qah, dans la région d’Atme frontalière de la Turquie, bulldozers et volontaires s’affairent à la construction d’un camp pour réfugiés. Les premières tentes sont déjà installées. Hervé Bar/AFP

Ce sera « le plus grand camp » de déplacés en Syrie, promettent ses maîtres d’œuvre. Dans le village de Qah (Nord-Ouest), bulldozers et volontaires s’affairent à la construction d’un camp qui doit accueillir dès cette semaine des milliers de Syriens fuyant la guerre. Hébergés chez des proches, dans des écoles ou, pour les plus pauvres d’entre eux, installés sommairement au beau milieu des vergers d’oliviers, ces déplacés ont trouvé refuge dans la région d’Atme, base arrière de la rébellion à la frontière avec la Turquie.
« J’amenais régulièrement de l’aide à Atme, j’ai été frappé par le malheur de ces déplacés » qui campent à quelques mètres des barbelés marquant la frontière, raconte cheikh Omar Rahmun, à l’origine du projet et futur « manager » du camp. Avec le soutien de plusieurs personnalités locales, engagées derrière la « révolution » contre le régime de Bachar el-Assad, ce religieux d’une trentaine d’années parvient à collecter les premiers fonds. « Ce projet est une initiative locale, menée avec le soutien financier de donateurs libyens », explique-t-il, ajoutant : « Toutes les contributions sont les bienvenues. »
Les travaux ont débuté il y a une dizaine de jours à flanc d’une colline rocailleuse, en périphérie du village de Qah, voisin d’Atme. Près de 40 000 mètres carrés de terrain agricole ont été achetés ou cédés gracieusement par des paysans : les champs d’oliviers ont été déracinés pour laisser la place aux bulldozers et aux travaux de terrassement. Des blocs sanitaires en préfabriqué – douches et toilettes – ont été installés. Alors que l’aménagement du site n’est pas encore achevé, les premières tentes de toile beige ont été plantées samedi par une noria de jeunes villageois, malgré les bourrasques de vent et les orages à répétition. « Nous travaillons dur, l’hiver va commencer, les pluies sont déjà là. D’ici à une semaine, tout doit être terminé », promet Hassan el-Atrache, « ingénieur » du projet, qui a dû fuir il y a deux mois son cabinet d’architecte à Alep pour venir se réfugier dans son ancienne maison de campagne d’Atme. « Ce camp est très important pour aider les réfugiés à vivre décemment et à passer la période hivernale », souligne Hassan, se réjouissant de cette première initiative du genre sur le territoire syrien.
La sécurité sera assurée par les membres de la Brigade des martyrs d’al-Ariye, tous villageois de Qah, sous le commandement de son chef Abou Kharko. « Le principal problème sera de gérer les nombreux hommes en armes qui viendront visiter leur famille », prévoit ce dernier. Les premières positions de l’armée sont à une trentaine de kilomètres, donc pas de risque de tirs d’artillerie. La probabilité d’un bombardement aérien est relativement faible, vu la proximité de la frontière turque (2,5 km à vol d’oiseau). Par précaution, des mitrailleuses lourdes seront cependant déployées sur des points hauts.
Les premières familles étaient attendues dès hier pour s’installer. « Nous prévoyons dans un premier temps plus d’une centaine de tentes pour une capacité d’accueil de 5 000 personnes », précise cheikh Omar. « Si nécessaire, les terrains voisins seront achetés, nous pourrons héberger jusqu’à 10 000 déplacés », affirme l’imam, qui s’est vu promettre notamment une aide du Conseil national syrien (CNS).
Pour les populations locales sunnites, entièrement acquises à la cause de la « Syrie libre », la solidarité est naturelle avec ces familles venues de la province d’Idleb et des provinces voisines, dont les pères et les frères combattent souvent au sein de la rébellion dans leur région d’origine. « Il est important que nos combattants puissent mettre leur famille à l’abri dans de bonnes conditions », dit cheikh Omar, ajoutant : « Sur le papier, le plan est de faciliter le transit des réfugiés syriens vers la Turquie ». Plus de 100 000 Syriens ont déjà trouvé refuge chez le voisin turc, selon les chiffres officiels d’Ankara, sans doute en deçà de la réalité. « Mais rares sont ceux qui pourront désormais se rendre en Turquie », alors que l’armée turque a considérablement renforcé sa surveillance de la frontière. « Au moins ces volontaires à l’exil seront-ils hébergés dans leur pays avec un minimum de dignité », conclut l’imam.
© AFP
Ce sera « le plus grand camp » de déplacés en Syrie, promettent ses maîtres d’œuvre. Dans le village de Qah (Nord-Ouest), bulldozers et volontaires s’affairent à la construction d’un camp qui doit accueillir dès cette semaine des milliers de Syriens fuyant la guerre. Hébergés chez des proches, dans des écoles ou, pour les plus pauvres d’entre eux, installés...

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