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Liban: nouvelle génération «hypersexualisée»? - Éducation sexuelle...

Quand l’État s’en mêle !

Sexologues et chercheurs jugent aujourd’hui nécessaire d’intégrer l’éducation sexuelle dans les écoles au Liban pour une vie sexuelle plus saine à l’adolescence et à l’âge adulte, pour former l’élève en matière de connaissances, mais aussi émotionnellement et
moralement.
Une étude réalisée en 2005 par les ministères de l’Éducation et de la Santé sur une population de 5000 élèves âgés entre 13 et 15 ans indique que 80% n’ont jamais abordé de sujet concernant la sexualité avec leurs professeurs, et 70% ne l’ont jamais fait avec leurs parents. Environ 50% des élèves ont exprimé leur souhait de discuter ces sujets en classe et 33% ont préféré que les classes soient ségrégées par sexe.
Au sein du ministère des Affaires sociales, le programme de Santé reproductive dirigé par Joumana el-Kadi Jurdi œuvre à améliorer l’éducation sexuelle des jeunes au Liban, surtout les jeunes de 13 à 18 ans, à travers des sessions d’entraînement données dans des centres spécialisés à travers le pays et dans les écoles, un site Web accessible aux adolescents et autres activités. Récemment, le programme a participé à l’élaboration d’un programme qui devrait être incorporé dans le cursus scolaire des écoles publiques, au sein du ministère de l’Éducation.
«Quand on parle de santé reproductive, explique Jurdi, cela n’inclut pas seulement la reproduction mais tout un cycle de vie qui commence à un très jeune âge. Nous travaillons beaucoup pour les adolescents que nous jugeons marginalisés et vulnérables. Beaucoup n’ont pas d’accès aux informations correctes. Nous leur apprenons leurs droits en tant qu’êtres humains, le respect de leur corps, du corps des autres, nous leur apprenons à ne pas associer le corps à l’interdit. L’importance est de se découvrir soi-même, de faire ses propres choix à la lumière d’informations correctes, et de les assumer en toute responsabilité. Nous ne formulons aucun jugement moral dans l’enseignement que nos entraîneurs donnent. Nous encourageons la diversité, le droit à la différence.»
«Parfois, les parents ne sont pas capables d’expliquer certaines choses à leurs enfants, affirme Jurdi, et on ne peut pas les laisser à leur propre sort, se débrouiller avec l’Internet pour trouver des réponses à leurs questions. L’Internet n’assure pas une communication, une discussion dans les deux sens. Et si les choses ne sont pas claires pour l’enfant, elles peuvent lui créer un blocage, un obstacle dans sa vie de tous les jours. D’où l’importance de ce que nous faisons. Dans beaucoup d’écoles privées, les jeunes prétendent tout savoir, mais leurs informations sont erronées. Même avec un meilleur accès aux informations, nous avons encore beaucoup de problèmes, que ce soit dans les sociétés libanaises conservatrices ou dans les sociétés plus libérées. L’importance de notre programme est qu’il est renforcé par la République et non pas par la société civile.»
Quant au programme élaboré pour les écoles publiques, Jurdi souligne: «Le programme a été achevé sur papier, mais le plus dur reste de l’appliquer, avant qu’il ne soit trop tard et qu’il ne soit temps de changer à nouveau le contenu du programme. En effet, la difficulté réside dans le choix des professeurs qui vont enseigner ces notions qui vont s’ajouter à plusieurs matières. Certains professeurs ne sont même pas convaincus des messages que nous voulons passer, certains sont trop jeunes, d’autres trop âgés pour parler à des jeunes même s’ils sont pédagogues.»
Reste à noter – fait significatif – que le programme a été nommé «L’éducation pour la santé reproductive fondée sur les compétences de base», pour éviter l’appellation «Éducation sexuelle».
Sexologues et chercheurs jugent aujourd’hui nécessaire d’intégrer l’éducation sexuelle dans les écoles au Liban pour une vie sexuelle plus saine à l’adolescence et à l’âge adulte, pour former l’élève en matière de connaissances, mais aussi émotionnellement et moralement. Une étude réalisée en 2005 par les ministères de l’Éducation et de la Santé sur une population...