Un internaute : « Mais qui donc est le montreur de cette marionnette ? Même Reagan avait davantage de cervelle. »
L’éditorial du New York Times : « M. Romney a fait montre d’un effrayant cynisme, d’une suffisance révoltante. (...) Honte non pas à la classe des mal nantis mais à ceux, ils représentent un pour cent de la population, qui amassent des fortunes colossales en contournant le fisc et sont en mesure de verser des millions de dollars à des candidats pour que les choses restent en l’état. »
Paul Begala, politologue : « Je commence à croire que Romney est un robot démocrate venu de l’au-delà pour éviter tout vote en faveur des républicains. »
L’Australien Michael Brissenden, chargé par son journal de couvrir l’élection : « La présente administration n’aurait pu rêver meilleur cadeau. »
Depuis lundi, le landernau washingtonien est plus que jamais en ébullition, à sept semaines de la présidentielle. La raison, courtelinesque? Une caméra cachée, lors d’un dîner (à 50 000 dollars le couvert, avec des serveurs en gants blancs...) donné à Boca Raton, en Floride, par Marc Leder, un « party animal », selon ses proches, mais qui n’a jamais hésité à signer un chèque destiné au Grand Old Party. Mitt Romney est présent, qui y va de son laïus de circonstance, mais au lieu de servir aux invités des phrases-clichés, le voilà lancé dans une analyse sociopolitique de la société yankee. Il existe, dit-il, 47 pour cent de citoyens définitivement acquis à la cause de Barack Obama ; mon « job » ne consiste pas à m’en préoccuper. Ils ne paient pas d’impôt et vivent au crochet de l’État, lequel de son côté pense qu’il est de son devoir de leur venir en aide. Tenus le 17 mai, ces propos sont passés sous silence jusqu’au lundi 17 de ce mois, quand le magazine Mother Jones en diffuse l’essentiel, puis le texte intégral, qui est repris sur YouTube, visionné en vingt-quatre heures par plus de 1,5 million de personnes.
Fonceur, le mormon poursuit sur sa lancée, s’attaquant cette fois à un sujet éminemment épineux. Du côté du Proche-Orient, le jugement est plus sommaire encore. Je vois, décrète notre homme, des Palestiniens qui, pour des raisons politiques, ne veulent pas de la paix, et qui cherchent à détruire, à éliminer Israël. On n’y peut rien, conclut-il.
En trois phrases lapidaires, l’ex-pasteur vient de mettre sur la touche près de la moitié du peuple américain et d’envoyer dans les limbes un thème récurrent autant que douloureux qui n’a cessé depuis 1948 d’occuper notre pauvre monde, l’Amérique en tête. Sur Fox News le lendemain, il revient sur son thème favori, condamnant sévèrement les dépenses « à l’européenne » de son adversaire, encore que, concède-t-il, il m’est arrivé d’en parler d’une manière inélégante. Un peu court tout de même, et combien maladroit.
Déjà les critiques fusent de tous côtés, et pas seulement dans le camp démocrate. « Des commentaires stupides et arrogants », écrit l’ultraconservateur William Kristol dans The Weekly Standard. Dans le New York Times, David Brooks, un modéré, n’a pas de mots assez sévères pour qualifier celui qui, ces jours-ci, pourrait faire passer Sarah Palin pour une politicienne chevronnée. « Il ne semble pas comprendre la culture américaine », écrit-il. Et encore : « C’est ce que des millionnaires repus répètent en privé. » Le coup de grâce enfin : « Il est en train de mener la campagne présidentielle la plus désespérément inepte qui soit. » Le comble pour un parti dont les stratèges électoraux avaient noms Karl Rove,Terry Nelson, Sara Fagen, John Brabender.
Sans doute est-il prématuré de donner pour mort politiquement le représentant du camp républicain. On lui reconnaîtra quand même une inquiétante obstination à mettre les pieds dans le plat. Avec la publication mardi de l’intégrale de la fameuse vidéo, on en apprenait de belles sur l’idée qu’il se fait des Hispaniques. Des « losers », des pique-assiette « qui sont chez nous pour bénéficier de l’aide de l’État ». Ceux-là, a décidé l’intéressé, ne voteront jamais pour moi parce qu’ils sont incapables de comprendre mes idées. Mais, a timidement avancé un des convives, si la cote dans leurs rangs est de 2 contre 1 en faveur d’Obama, cela signifie qu’il existe des voix républicaines. Réponse : « Avant l’arrivée de Cortés, ils en étaient encore à sacrifier des enfants de 9 ans à leurs dieux. Mon message au Mexique, une fois élu, sera “reprenez-les”. Nous ne voulons plus de ces taco jockeys (Mexicains en slang). »
Le moment venu, M. Romney pourra compter sur les descendants des « wetbacks » pour se souvenir de ces gracieusetés.
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commentaires (5)
Ils se ressemblent Tous ! Mormon-chrétien ou chrétien-mormon. Même problème.....
Antoine-Serge KARAMAOUN
07 h 45, le 20 septembre 2012