Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

Les chrétiens espèrent un encouragement du pape à rester en Syrie

Les chrétiens syriens espèrent obtenir un encouragement du pape à rester dans leur pays en dépit de la détérioration de la situation depuis le début de la révolte contre le régime il y a 18 mois.

Le souverain pontife, qui entame vendredi une visite de trois jours au Liban, "devrait dire aux chrétiens qu'ils doivent avoir le courage de ne pas partir", assure un étudiant syriaque catholique. "Sinon, la présence chrétienne dans la région ne se réduira qu'à une page de l'Histoire".

Originaire d'Alep, capitale économique de la Syrie et théâtre d'une bataille acharnée depuis près de deux mois, il habite depuis cinq ans au Liban pour poursuivre ses études, et toute sa famille, fuyant la violence, l'a rejoint depuis deux mois.

"Quand la contestation a commencé en Egypte, j'ai cru que cela se déroulerait pacifiquement en Syrie. Je n'ai jamais pensé qu'il y aurait la guerre" dit-il, assis dans un café d'Achrafiyé, secteur majoritairement chrétien de Beyrouth, exprimant la crainte de ne pouvoir rentrer au pays.

"Maintenant vous avez face à face l'Armée syrienne libre (ASL) et l'armée (régulière). Les civils sont les victimes. Ils ne peuvent rien faire".

Les chrétiens syriens représentent 5% de la population de la Syrie et 10% des habitants d'Alep, la métropole du nord. Au Liban, ils sont 35% de la population.

"Je voudrais que le Saint-Père dise aux chrétiens de Syrie de s'accrocher à leur foi et de ne pas partir", souligne de son côté une étudiante chrétienne orthodoxe, également originaire d'Alep, sous couvert d'anonymat.

Il doit les exhorter "à rester forts dans leur pays et à se battre" pour leurs convictions, dit-elle.

Selon les organisateurs, des délégations de chrétiens d'Egypte, de Chypre, de Jordanie, d'Irak et surtout de Syrie sont attendus samedi pour la rencontre de Benoît XVI avec les jeunes, et dimanche pour la messe à Beyrouth.

Selon l'étudiante, avant le conflit syrien, la vie à Beyrouth était agréable, mais depuis, l'attitude des Libanais a changé. "Certains (...) ont de l'empathie, d'autres se moquent de nous, en nous disant c'est à notre tour de connaître la guerre".

Le Liban a connu une guerre civile destructrice (1975-1990) et une tutelle syrienne pendant trois décennies, jusqu'en 2005. Beaucoup de Libanais, en particulier les chrétiens, considèrent que Damas a joué un rôle néfaste dans la guerre civile en divisant la population pour mieux régner.

La peur de l'après-Assad

Pour l'Eglise, l'enjeu des crises actuelles au Moyen et Proche Orient est le sort des chrétiens et le risque d'émigration massive en raison de la poussée islamiste dans la foulée des révoltes arabes.

La menace islamiste a conduit depuis 2003, année de l'intervention américaine en Irak, 550.000 chrétiens à quitter ce seul pays. Ils seraient actuellement 13 à 15 millions dans toute la région (sans compter quelque 1,5 million d'immigrés chrétiens dans le Golfe), mais leur pourcentage a beaucoup baissé.

Pour les chrétiens syriens, la plus grande peur en cas de chute du régime, c'est la prise de contrôle du pays par les islamistes. Si des membres de minorités ont rejoint l'opposition à Bachar al-Assad, beaucoup ont lié leur sort à celui du régime, qui protège selon eux les minorités.

"Si Assad part, les Frères musulmans arriveront au pouvoir, et je doute qu'il y ait un avenir pour la communauté chrétienne avec ce nouveau régime", estime l'étudiante.

"Pour nous, le refuge immédiat, c'est bien sûr le Liban, mais pour l'avenir, ce pays n'est pas plus sûr que la Syrie, et peut exploser à tout moment", estime-t-elle.

Dans un entretien avec l'AFP, Mgr Béchara Raï, le patriarche maronite libanais avait estimé les chrétiens de Syrie ne soutenaient pas le régime mais se souciaient surtout de la stabilité de leur pays, rappelant le précédent irakien, et l'exode des chrétiens "parce qu'il n'y avait plus d'autorité".

Selon lui, le pape va appeler à l'arrêt de l'armement et du financement des belligérants en Syrie.
Les chrétiens syriens espèrent obtenir un encouragement du pape à rester dans leur pays en dépit de la détérioration de la situation depuis le début de la révolte contre le régime il y a 18 mois.Le souverain pontife, qui entame vendredi une visite de trois jours au Liban, "devrait dire aux chrétiens qu'ils doivent avoir le courage de ne pas partir", assure un étudiant syriaque...