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Moyen Orient et Monde - Pakistan

Accusée de blasphème, Rimsha a été libérée sous caution

La justice doit se prononcer dans les prochains mois sur le fond de cette affaire hypersensible.

À Mehrabad, les chrétiens font profil bas et envisagent de quitter les lieux. Aamir Qureshi/AFP

La justice pakistanaise a accepté hier de libérer sous caution Rimsha, la jeune chrétienne accusée d’avoir profané le Coran. Selon son avocat, c’est la première fois qu’une personne accusée en vertu de la loi sur le blasphème, qui prévoit jusqu’à la peine de mort pour quiconque est reconnu coupable d’insulte au prophète Mohammad et la prison à vie pour qui brûle un verset du Coran, bénéficie d’une telle mesure au Pakistan. Rimsha ne sortira toutefois de prison que lorsque sa caution, fixée à un million de roupies (environ 8 300 euros), aura été payée, et que les autorités lui auront trouvé un lieu de résidence sécurisé. Sa libération ne signifie en rien la fin de l’affaire, la justice devant toujours se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de la jeune fille, qui devra être déterminée après la fin de l’enquête de police, toujours en cours. « La prochaine audience est attendue dans trois ou quatre mois, à un moment qui sera établi par la cour », a précisé Tahir Naveed Chaudhry, son principal avocat.
La caution sera déposée au cours du week-end, ont assuré les défenseurs de Rimsha, qui ne pourra également pas quitter le Pakistan tant que cette affaire ne sera pas terminée. Une fois libérée, « elle restera dans un lieu sûr et protégé avec des membres de sa famille », a assuré Tahir Naveed Chaudhry. « Justice a été faite », s’est réjoui Paul Bhatti, ministre pakistanais de l’Harmonie nationale, en charge des Minorités religieuses. « Cette décision est un message clair aux gens à l’étranger que nous (Pakistanais) savons être juste, peu importe qu’il s’agisse du cas d’un musulman ou d’un chrétien », a-t-il ajouté. L’organisation Human Rights Watch, également satisfaite, a prié le gouvernement pakistanais « d’assurer sa sécurité après sa sortie de prison » et de « ré-examiner » la loi sur le blasphème défendue bec et ongles par les musulmans radicaux.
La jeune fille illettrée, âgée d’environ 14 ans selon des médecins qui l’ont examinée, est emprisonnée depuis trois semaines après avoir été accusée par des voisins d’avoir brûlé des versets du Coran à Mehrabad, son quartier pauvre de la périphérie de la capitale. L’affaire a connu un développement spectaculaire le week-end dernier lorsque la police a écroué l’imam de la mosquée voisine de la jeune chrétienne et l’a accusé d’avoir lui-même introduit des pages du Coran dans les feuilles brûlées que lui avait rapportées un voisin, afin « d’expulser » les chrétiens du quartier pour des raisons foncières et religieuses. Rimsha a reçu le soutien d’une des principales associations de dignitaires musulmans du Pakistan, alors que le Vatican, la France et les États-Unis se sont émus de son sort. « Ce cas est un point tournant pour le Pakistan en regard des incidents survenus au cours des dernières années » comme les meurtres de Salman Taseer et Shahbaz Bhatti, des personnalités politiques en faveur de réforme de la loi sur le blasphème, a dit Raja Ikram, un autre avocat de Rimsha.
À Mehrabad, les chrétiens font profil bas et envisagent de quitter les lieux. « Plusieurs familles chrétiennes sont déjà parties. Et nos propriétaires sont venus nous dire qu’ils ne pouvaient plus assurer notre sécurité », a indiqué Yousef Masih, père de huit enfants à la barbe de prophète, dans sa modeste demeure décorée de peluches. « Nous ne voulons pas qu’une de nos filles deviennent une autre Rimsha, c’est pourquoi nous souhaitons partir », renchérit Raymond Slamat, la quarantaine.
Mais les craintes des 300 familles chrétiennes du quartier n’émeuvent guère côté musulman. « Ici, 99 % des personnes pensent que l’imam n’est pas coupable », souffle Zulfikar Hamad, barbe forte, montre en or, sa gamine accrochée derrière lui sur sa moto. « Pourquoi les autorités ont mis deux semaines pour accuser l’imam ? C’est un complot », tranche-t-il.
(Source : AFP)
La justice pakistanaise a accepté hier de libérer sous caution Rimsha, la jeune chrétienne accusée d’avoir profané le Coran. Selon son avocat, c’est la première fois qu’une personne accusée en vertu de la loi sur le blasphème, qui prévoit jusqu’à la peine de mort pour quiconque est reconnu coupable d’insulte au prophète Mohammad et la prison à vie pour qui brûle un verset...

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