"nous n’allons pas faire l'ouverture du concert des red hot chili peppers le 6 septembre à beyrouth". Ce message concis, sans majuscules ni ponctuation, le groupe de rock alternatif libanais Mashrou3 Leila l'a posté mardi soir sur sa page officielle sur Facebook.
Cette décision intervient après une vaste campagne virtuelle orchestrée par des militants libanais et arabes anti-israéliens qui dénoncent la tournée du groupe américain Red Hot Chili Peppers (couramment abrégé en Red Hot ou RHCP) dans la région. En cause, le fait qu'après le concert de Beyrouth, soit prévu un autre à Tel Aviv.
Une décision d’autant plus surprenante que, lundi, Mashrou3 Leila écrivait sur sa page Facebook : "Habibi, nous ouvrirons le concert de Red Hot Chili Pepper le 6 septembre au Beirut Waterfront. Je crois que je ne pourrai pas dormir cette nuit… Amour et romance. Leila x". Le message a été supprimé le lendemain.
Contacté par Lorientlejour.com, Hamed Sinno, le chanteur de Mashrou3 Leila, confirme l’annonce, mais refuse de faire tout commentaire. "Pas de commentaire", répond-il à toute autre question.
Les fans du groupes, eux, ne sont pas avares de commentaires sur la page Facebook de Mashrou3 Leila, suite à l'annonce de l'annulation.
Si cette annonce est "likée" par plus de 930 internautes, elle ne fait pas l'unanimité auprès des fans du groupe.
"C’est du n’importe quoi !", écrit un internaute. "Rater l’opportunité de jouer dans un show gigantesque avec des légendes du rock est une erreur. Sauf si vous pensez que boycotter les Red Hot va libérer la Palestine", poursuit-il dans un message assorti d'un grand LOL (pour Laugh Out loud, à savoir une grosse rigolade).
"Annuler à la veille du concert n’est qu’un coup publicitaire", accuse une autre internaute. "Cela ne mène à rien, juge encore un troisième. Ils auraient pu marquer un point en offrant un spectacle meilleur que celui prévu en Israël. N’est-il pas temps de changer ces stratégies de résistance futiles ?!!".
Des commentaires qui restent toutefois minoritaires face au déluge de félicitations publiées sous l’annonce de mardi soir. "Je ne savais pas qu’il était possible de tomber encore plus fou amoureux de vous !! Beaucoup d’amour de la Palestine!", lance une fan. "De l’Afrique du Sud, un ancien pays de l’apartheid, je crois que vous êtes courageux, remarquables et merveilleux, écrit un autre. Nelson Mandela et Desmond Tutu penseraient de même".
Mashrou3 Leila est né une nuit en 2008, de la rencontre et du travail de sept étudiants en architecture et en design de l’université américaine de Beyrouth (AUB). De leur campus, Hamed Sinno (chant), Ibrahim Badr (basse et percussions), Haig Papazian (violon), André Chédid (guitare et percussions), Carl Gergès (batterie), Firas Abou Fakhr (guitare et percussions) et Oumayma Malaeb (piano, orgue), ont ensuite enchaîné les concerts jusqu’aux planches de Beyrouth, Byblos, Baalbeck en passant par les scènes arabes et étrangères.
Le groupe se produit à guichets fermés et l’on peut presque parler de phénomène vis-à-vis d’un public séduit par leur jeunesse, leur modernité, leur désinvolture, leur musique entraînante et leurs paroles décalées.
Parmi les morceaux qui les ont fait connaître : Shim el-Yasmine, Raksit Leila, Habibi ou El Hal Romancy.
Ce n’est pas la première fois que des militants pro-palestiniens exercent des pressions et appellent au boycott d’artistes internationaux, accusés de soutenir Israël. En janvier 2012, la chanteuse belge Lara Fabian a annulé deux concerts au Liban en raison de "menaces".
En 2009, l'humoriste et comédien franco-marocain Gad Elmaleh avait dû annuler une tournée à la suite d'allégations selon lesquelles il aurait servi dans l'armée israélienne. En juillet 2001, c’est Patrick Bruel qui avait annulé un concert à l’hippodrome de Beyrouth. Le chanteur français avait déclaré à la société organisatrice de l'événément avoir reçu des menaces et, en conséquence, avait décidé de ne pas venir au Liban.
Le groupe rock alternatif Placebo avait également été au cœur d’une polémique en juin 2010. Différentes associations libanaises avaient appelé à son boycott, alors que le groupe du Britannique Brian Molko s’était produit en Israël quelques jours après l'assaut meurtrier contre la flottille turque chargée d'aide pour Gaza.
Le ministre de la Culture de l’époque, Salim Wardy, avait condamné la campagne et la violence morale l’accompagnant.
Placebo s’était finalement produit à Beyrouth et avait fait salle comble.
Le Liban et Israël demeurent techniquement en état de guerre.
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Cette décision intervient après une vaste campagne virtuelle orchestrée par des militants libanais et arabes...
commentaires (6)
Sur ce coup Leila s'est trompée de machrou3,en quelque sorte...tout simplement...et je ne pense vraiment pas que le seul attachement à la cause palestinienne soit la cause de cette annulation.En tous cas,les Red Hot,au pire,ne reviendront pas au Liban..et les Israëliens..ben ,ils s'en tapent...cantons donc...puisqu'on en arrive là...mais à contre-coeur,vraiment.
GEDEON Christian
14 h 14, le 05 septembre 2012