Le document aborde également de nombreux autres thèmes traditionnels au Mouvement des non-alignés, créé en 1961 par les principaux pays émergents pour contrebalancer l’hégémonie des États-Unis et de l’URSS. Il réclame ainsi à nouveau une « démocratisation » du Conseil de sécurité de l’ONU visant à y réduire l’influence des grandes puissances, États-Unis en tête, accusées implicitement d’utiliser cette instance pour défendre leurs intérêts politiques. Il réaffirme aussi le soutien des non-alignés à la création d’un État palestinien dans les frontières internationales de 1967 afin de parvenir à une « paix juste » au Proche-Orient, et la condamnation de l’occupation israélienne de territoires palestiniens. Le sommet devrait renouveler son appel au désarmement et à la création de zones dénucléarisées, notamment au Moyen-Orient où Israël, seule puissance nucléaire de la région, est directement visé.
Quelque 35 chefs d’État ou de gouvernement et les délégations d’une centaine de pays sont donc attendus au sommet, dont le régime iranien espère tirer profit pour rompre l’isolement international dans lequel les Occidentaux essayent de l’enfermer. Parmi eux, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, en dépit des critiques formulées par les États-Unis et Israël. Il compte en profiter pour transmettre « clairement » à Téhéran « les inquiétudes et les attentes de la communauté internationale » concernant la question nucléaire, les droits de l’homme et d’autres sujets sensibles, selon une source diplomatique.
Le déplacement de Morsi
Le nouveau président égyptien Mohammad Morsi sera également présent au sommet, effectuant la première visite d’un chef d’État égyptien à Téhéran depuis la révolution islamique. Il chercherait ainsi à se démarquer de trente ans de relations glaciales entre les deux pays et afficher une diplomatie plus « agile » que sous Hosni Moubarak, mais il aborde aussi avec prudence ce déplacement sensible. « Quoi qu’il en soit, la visite de M. Morsi va donner une impulsion à une normalisation des relations entre l’Égypte et l’Iran », pronostique el-Sayed Amin Shalby, directeur du Conseil égyptien des affaires étrangères, un centre d’études. Mais « une visite de quatre heures à peine n’est pas suffisante pour effectuer une percée, et 32 ans de rupture laissent des traces notamment sur les questions touchant à la sécurité » régionale, ajoute-t-il.
Un rapprochement trop marqué avec l’Iran ne manquerait pas de se heurter à l’hostilité des Occidentaux, en particulier des Américains. Il pourrait aussi faire grincer les dents des riches monarchies sunnites du Golfe qui soupçonnent l’Iran chiite de vouloir les déstabiliser et auprès desquelles Le Caire cherche une aide cruciale pour surmonter ses difficultés économiques.
Par ailleurs, le conflit syrien a donné à M. Morsi une occasion de tendre la main à Téhéran, ferme allié du régime de Bachar el-Assad, bien que Le Caire souhaite de son côté un changement de pouvoir à Damas. M. Morsi avait avancé l’idée d’un comité régional quadripartite pour chercher une solution à la crise syrienne, comprenant l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie.
(Source : AFP)