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À La Une - Proche-Orient

Le Sinaï sous haute tension

Les Frères musulmans accusent le Mossad d’être impliqué ; Israël rejette les accusations.

Le président égyptien Mohammad Morsi et le ministre de la Défense Hussein Tantaoui se sont rendus hier au Sinaï. Egyptian Presidency/AFP

L’armée égyptienne a promis hier de « venger » ses 16 gardes-frontières tués la veille dans le Sinaï par des « terroristes » qui se sont ensuite infiltrés en Israël. « Nous jurons au nom de Dieu que nous allons venger » les 16 hommes tués près du poste-frontière de Karm Abou Salem, a affirmé le Conseil militaire égyptien dans un communiqué. Le président Mohammad Morsi a décrété trois jours de deuil national, et son porte-parole Yasser Ali a indiqué que des funérailles militaires seraient organisées aujourd’hui pour les victimes.


Parallèlement, M. Morsi et le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), se sont rendus pour le Sinaï, a rapporté la télévision d’État. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Ehud Barak se sont également rendus sur le site de l’attaque côté israélien, M. Barak émettant « l’espoir que cela soit un rappel pour les Égyptiens de la nécessité d’être vigilants et efficaces de leur côté ».
Les militaires ont plus tard précisé que les auteurs de l’attaque étaient au nombre de 35 et avaient été appuyés pendant l’assaut par des tirs de mortier provenant de Gaza, avant d’être neutralisés. Cinq membres du commando ont d’ailleurs été tués, a indiqué un porte-parole de l’armée israélienne. L’interception du commando a permis de « faire échec à un attentat sanglant », a indiqué à la radio militaire le général Yoav Mordehai, porte-parole en chef de l’armée israélienne, qui a qualifié les membres du commando « d’éléments du jihad mondial basés dans le Sinaï, devenu une serre pour le terrorisme mondial en raison de la faiblesse du contrôle exercé » par l’Égypte. Les autorités israéliennes avaient déjà mis en garde à de nombreuses reprises contre une recrudescence d’activité dans ce secteur de la part de groupes radicaux installés dans le Sinaï ou venant de l’enclave palestinienne de Gaza, qui possède une frontière avec l’Égypte. Côté médias égyptiens, de nombreux titres de la presse, comme le journal gouvernemental al-Akhbar, mettaient aussi en cause des « groupes jihadistes de Gaza et du Sinaï ».

Le Mossad impliqué ?
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a pour sa part dénoncé les « rumeurs » véhiculées selon lui par Israël sur une implication de militants palestiniens dans l’attaque, assurant que ses forces de sécurité étaient « en état d’alerte pour maintenir la sécurité commune entre la bande de Gaza et l’Égypte ». Dans le même temps, les Frères musulmans égyptiens ont évoqué une possible implication des services secrets israéliens dans l’attaque, estimant que l’assaut visait à affaiblir le président Mohammad Morsi, issu de leurs rangs. « Ce crime peut être attribué au Mossad, qui tente de faire avorter la révolution depuis qu’elle a eu lieu, et la preuve en est qu’il a donné pour instruction à ses citoyens sionistes se trouvant dans le Sinaï de partir immédiatement il y a plusieurs jours », ont ainsi affirmé les Ikhwan sur leur site Internet. La confrérie a jugé que l’attentat visait notamment à « tenter d’entraver le projet de réforme du président », montrer que son tout nouveau gouvernement est en situation « d’échec » et « créer un gros problème pour l’Égypte (...) à la frontière en plus de problèmes internes ». Pour les Frères, l’assaut prouve également que « nos forces présentes dans le Sinaï ne suffisent pas à le protéger ni à protéger nos frontières, ce qui rend impératif de revoir les articles du traité signé entre nous et l’entité sioniste ». L’armée égyptienne n’est que très faiblement présente dans la péninsule désertique en raison de la démilitarisation de ce secteur prévue par les accords de paix avec l’État hébreu. À Gaza, le chef du gouvernement du mouvement islamiste Hamas, Ismaïl Haniyeh, a lui aussi accusé Israël d’être « responsable, d’une manière ou d’une autre », de l’attaque.


Répondant aux accusations des Frères musulmans égyptiens, Israël a rejeté hier toute implication dans l’attaque de dimanche soir. « Même la personne qui dit cela, quand elle se regarde dans la glace, ne croit pas à l’absurdité qu’elle profère », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor.
Par ailleurs, le Canada a proposé hier à l’Égypte de l’aider pour renforcer la sécurité dans le Sinaï. « Le Canada est solidaire du peuple et du gouvernement de l’Égypte dans leur lutte contre des actes de terrorisme aussi déplorables » et reste « prêt à aider l’Égypte à améliorer la situation de la sécurité dans la région », a déclaré le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird. « Le Canada condamne sans réserve ce lâche attentat et appuie les efforts pour traduire les auteurs en justice », a-t-il également indiqué dans un communiqué. De même, les États-Unis ont également condamné hier l’attaque survenue la veille dans le Sinaï, précisant qu’ils étaient prêts à aider l’Égypte à assurer la sécurité dans la péninsule.

 

Lire aussi, Le point de Christian Merville 

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