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À La Une - Révolte

Moscou prêt ou non à une transition en Syrie ?

Lavrov voit de « bonnes chances » de progrès à Genève après une réunion avec Clinton ; Annan appelle à l’unité.

Les délégations russe et américaine, menées par Sergueï Lavrov et Hillary Clinton, lors de leurs entretiens hier à Saint-Pétersbourg, dans le nord-ouest de la Russie. Haraz N. Ghanbari/pool/AFP

La Russie voit de « très bonnes chances » de progresser dans le règlement de la crise syrienne à la réunion de Genève aujourd’hui du Groupe d’action sur la Syrie, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l’issue d’entretiens hier avec son homologue américaine, Hillary Clinton. Sauf qu’au cours de la journée d’hier, la position de Moscou n’a jamais été claire sur une question prioritaire et primordiale : la Russie est-elle prête, ou pas, à appuyer une transition en Syrie ?
« Je peux dire en toute confiance que nous avons de très bonnes chances (aujourd’hui) à Genève de trouver un dénominateur commun et de faire un pas en avant », a ainsi déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse à Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie). « J’ai senti une évolution dans la position de ma collègue Hillary Clinton. Il n’y avait pas d’ultimatum, pas un mot sur le fait que le document en discussion à Genève était intouchable », a ajouté M. Lavrov, en référence à des affirmations suggérant que le président syrien Bachar el-Assad n’aurait plus de rôle à l’avenir. « Nous nous sommes mis d’accord pour trouver des terrains d’entente qui restent basés sur le fait que la partie syrienne doit être encouragée au dialogue national, mais que les décisions sur le devenir de l’État et l’attribution des postes et des responsabilités ne peuvent être décidées que par les Syriens eux-mêmes », a-t-il ajouté. Pour M. Lavrov, il serait contre-productif de tenter d’imposer à l’avance un processus de transition politique en Syrie. Pour sa part, un responsable du département d’État américain a fait état de la persistance de sujets « de divergences et de difficultés » entre la Russie et les États-Unis.

Boycott ?
Auparavant en journée, le ministère russe des Affaires étrangères avait dit considérer la réunion de Genève comme un « pas positif » en vue d’un « consensus international ». Elle doit se tenir en présence des chefs de la diplomatie des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de trois États arabes, ainsi que des secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue arabe. Le porte-parole du médiateur international Kofi Annan a, lui, confirmé la tenue de la réunion, alors que les États-Unis, la France ou encore le Royaume-Uni avaient indiqué qu’ils pourraient la boycotter s’il y avait un risque que le plan Annan ne soit pas adopté.
Pour tenter de sauver la réunion, M. Annan a tenu hier une réunion préparatoire de hauts fonctionnaires des cinq principales puissances et s’est entretenu avec leurs ministres des Affaires étrangères. Dans un document préparatoire, il préconise des étapes « claires et irréversibles » vers une transition démocratique, dont un « gouvernement provisoire d’union nationale ». Ceux dont la présence « pourrait nuire à la crédibilité de la transition et mettre en danger la stabilité et la réconciliation » seraient exclus de ce gouvernement d’union, ajoute le texte sans plus de précision. Selon des diplomates, cette clause pourrait impliquer un départ du pouvoir du président Assad, que l’opposition syrienne considère comme une condition préalable à tout dialogue. Mais la Russie, alliée de longue date de la Syrie, a déjà maintes fois fait savoir qu’elle ne soutiendrait pas une solution « imposée de l’extérieur ». Au cours de la réunion préparatoire, M. Annan a exhorté la communauté internationale à l’unité. Il a ainsi appelé « tous ceux qui ont une influence sur les parties » au conflit et « tous ceux qui portent la responsabilité de la paix et de la sécurité internationale » à « agir en faveur de la paix ». Dans une tribune publiée hier matin dans le quotidien Washington Post, il avait accusé des « puissances extérieures » d’encourager la violence.

Ghalioun
Toujours concernant la réunion de Genève, Amnesty International a appelé les dirigeants internationaux à ne pas sacrifier les droits de l’homme au profit d’un règlement politique de la crise. Dans un communiqué publié à Londres, l’organisation humanitaire a pressé les participants à cette réunion de « ne mener aucune politique consistant à décréter, comme élément d’un plan de paix quel qu’il soit, une amnistie ou une mesure similaire concernant des crimes tombant sous le coup du droit international. Arrêter les tueries doit être la priorité de tous, mais il serait immensément préjudiciable que la communauté internationale soit tentée d’offrir l’impunité aux personnes responsables de crimes contre l’humanité ou de crimes de guerre. La politique de l’ONU est qu’il ne doit pas y avoir d’amnistie pour des crimes relevant du droit international ».
Par ailleurs, dans un entretien accordé hier à la chaîne de télévision satellitaire al-Jazira, l’ancien chef du Conseil national syrien, Burhan Ghalioun, a déclaré qu’il a visité la Syrie la semaine dernière, où il a rencontré les rebelles. Il a précisé n’avoir pas eu peur pour sa vie, car elle n’est pas plus précieuse que celle des « gens libres ». En outre, M. Ghalioun a déclaré que la Russie n’est pas attachée à la personne même de M. Assad, mais au régime en tant que tel, pour ne pas perdre son rôle dans la région. Le régime syrien, selon M. Ghalioun, est le lien entre l’Iran et le Hezbollah, et Moscou considère cela comme un pôle de grande influence auquel il tient.

Près de 240 morts en deux jours...
En attendant sur le terrain, les violences sont de plus en plus sanglantes avec des bilans dépassant ces dernières semaines la centaine de victimes chaque jour. Celui de jeudi a atteint 183 morts, selon les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Hier, au moins 55 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences. En 15 mois de révolte, la répression et les combats entre armée et rebelles ont fait plus de 15 800 morts, en majorité des civils, selon l’OSDH. En outre, selon des insurgés, des hélicoptères d’attaque des forces syriennes ont bombardé la ville stratégique de Saraqib, dans la province d’Idleb, près de la frontière turque. Saraqib est située sur un axe routier reliant Alep aux villes du Sud, dont Damas. Parallèlement, comme tous les vendredis, des milliers de personnes ont manifesté hier à travers la Syrie à l’appel des militants qui se sont dit « confiants dans la victoire divine » contre le régime Assad. Ce dernier a, lui, accusé les Occidentaux de soutenir militairement « en sous-main » la rébellion.
(Sources : agences et rédaction)
La Russie voit de « très bonnes chances » de progresser dans le règlement de la crise syrienne à la réunion de Genève aujourd’hui du Groupe d’action sur la Syrie, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à l’issue d’entretiens hier avec son homologue américaine, Hillary Clinton. Sauf qu’au cours de la journée d’hier, la position...

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