Mon nom est Val

La Première dame de France, Valérie Treirweiler, a fait mardi une irruption stupéfiante dans la campagne pour les législatives en soutenant via Twitter l’adversaire de Ségolène Royal, celle qui l’avait précédée dans la vie du président François Hollande.

Mon nom est Val
Quand je suis rentrée, ce soir-là, le canari était mort.
Je m’y attendais.
Après avoir posé mes clés dans la soupière de la mère de François qui fait office de vide-poche, j’ai tout de suite regardé vers la cage. Pas de jaune. Je me suis approchée et j’ai vu le canari, couché au fond de la cage, la tête dans l’écuelle d’eau.
J’aimais l’entendre chanter cet oiseau. Ses gazouillis avaient comme un parfum de liberté.
Mais je m’y attendais à l’élimination du piaf.
Oh je sais, on va me dire que c’est un accident, chute dans l’écuelle d’eau, mort par noyade. On pourrait me dire ce qu’on veut d’ailleurs, je sais que là, je dois vraiment la fermer.
Je dois la fermer car je rentre à la maison avec ma boulette, et pas moyen de la cacher sous le tapis. Trop virale la boulette. D’un simple clic, ma boulette a fait le tour du monde.
Si j’avais su...
En fait, je savais. Consciemment, inconsciemment, je savais.
Alors pourquoi ?

Mon nom est François
Un mois. Un mois elle aura tenu avant de me faire sa boulette. Et quelle boulette. Un mois. Je savais que ça allait arriver vite. Mais pas si vite !
Et sa boulette, elle l’envoie juste avant mon discours. Parce que tout le monde l’a oublié, mais je donnais un discours, moi, le jour où elle s’est fendue de son gazouillis. Un discours important, très important ! Comme tous mes discours, d’ailleurs.
Ah, je les ai bien sentis se marrer, dans la salle, quand j’ai dit qu’il fallait « réconcilier la France avec elle-même ». Et quand j’ai abordé la croissance et les dépenses publiques, je les voyais tous bidouiller leur téléphone. Ils ne se cachaient même plus.
Remarque même moi, je n’y croyais pas à ce que je disais, je n’y étais pas dans mon discours. Juste avant de monter à la tribune, Ayrault m’avait dit qu’il allait falloir la recadrer. Moi recadrer Val ! Et en plus il va falloir que je parle avec l’ex.
Mais pourquoi elle m’a fait ça, pourquoi ?

Mon nom est Royal
Eh ben voilà, c’est confirmé, la copine de François est une adepte de la gaffitude. La peste.
Y avait eu le coup de la poignée de main venimeuse, puis le « embrasse-moi sur la bouche maintenant ! » adressé à François alors qu’il venait de coller une chaste bise sur ma joue à moi au soir de la victoire.
Et là, elle se met à gazouiller la dinde.
D’un autre côté, à force de ne pas vouloir être une potiche, elle a fini par avoir l’air d’une cruche.
Ce que je ne saisis pas, c’est que c’est elle qui s’est tirée avec François. Ce n’est pas moi qui suis partie avec son mari.
Alors pourquoi elle s’acharne sur moi comme ça, pourquoi ?

Mon nom est Nico
Je me marre. Je devrais pas. Carla me dit arrête, c’est méchant de se marrer comme ça.
Elle a raison, c’est vrai, mais là, je ne peux pas m’empêcher de me marrer.
Ah il voulait être normal le François ? Bah voilà, c’est fait. Des emmerdes entre l’actuel et l’ex, tu pouvais pas être plus normal mon gars.
Moi, la Val, je l’ai tout de suite cernée : une bombe à retardement et à fragmentation ! Et en bombe, je m’y connais. S’il avait été sympa avec moi, je lui aurais peut-être dit, à François : mais pourquoi t’es-tu amouraché d’un phénomène pareil, pourquoi ?

Mon nom est Nadine
À pic. Il est tombé à pic le tweet de Val. Avant le gazouillis, on ne parlait que de moi, candidate de droite aux législatives engagée dans un flirt poussé avec l’extrême droite, de mon côté morte de faim prête à tout pour choper un siège à l’Assemblée, mes tendances « peu de limites, pas de principes »... Et alors. J’ai mes priorités moi. Le pouvoir est une, la première, la seule.
De toutes les manières, par la magie d’un clic, ma descente vers les extrêmes ne fait plus la une de l’actualité. Envolés les condamnations, railleries et autres mépris. On me fout une paix royale.
Ceci dit, j’ai bien envie de surfer sur la vague là. Pourquoi je n’enverrais pas, moi aussi, un petit Scud à François, le président qui ne sait pas tenir sa femme ? Pourquoi pas ?

Mon nom est Le canari
Je ne comprends rien. En fin d’après-midi, le patron est rentré, très énervé. Moi, sympa, j’ai gazouillé, histoire de lui remonter le moral. Là, il s’est retourné, m’a fixé, l’œil noir, a ouvert la cage et m’a envoyé une pichenette. Je suis tombé dans l’écuelle, et comme j’étais sonné, je me suis noyé.
Mais pourquoi ?