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À La Une - Exposition

Mansour el-Habre brocarde la « Republicafé »...

Son « Republicafé » n’a pas la convivialité des habituels lieux de retrouvailles. Et pour cause, les personnages qui s’y réunissent autour de la traditionnelle tasse de café ont des allures d’hommes politiques. Des politiciens que Mansour el-Habre brocarde avec une subtile ironie dans ses peintures aux faux airs de rébus*.

L’éternelle «Table du dialogue», dans un mixed-medias sur papier de la série « Républicafé».

C’est drôle comme on les reconnaît ces politiques que Mansour el-Habre représente pourtant avec des faces sans traits. Ces hommes qui nous gouvernent, qui tiennent – peut-être? – les rênes du pays du Cèdre et qui, engoncés dans leur costume-cravate de rigueur, donnent, cependant, une impression de non-consistance. Non-consistance de leurs actions, de leurs activités et de leurs propos, mille fois rabâchés à la table du dialogue notamment (reproduite dans l’une des toiles), qui les font ressembler à ces oisives et «papotantes» buveuses de café. Sauf que les petites discussions en aparté ou les réunions de conciliabules de ces messieurs cachent, sous leur apparence anodine, bien des menaces !

Ironie et inquiétude
L’interprétation est peut-être toute personnelle. Il se dégage, néanmoins, de la série de techniques mixtes sur papier (mélange d’acrylique, pastel, fusain, sérigraphie, spray, marqueurs et collages) que Mansour el-Habre leur consacre, sous l’intitulé «Republicafé », une subtile ironie matinée d’une inquiétante atmosphère. Un panachage de dessins, de peintures aux tracés agressifs et de collages d’images d’armes en tout genre (pneus inclus, ces nouvelles armes de contestation!), dans lequel l’artiste place ses personnages. Avec toujours, dans un coin de la toile, la représentation d’un drapeau libanais altéré, abîmé ou fragmenté...
À travers ces variations sur le thème de la situation sociopolitique libanaise, l’artiste exprime son désenchantement «d’une vie politique qui a perdu le sens de la République», comme il l’écrit dans sa note d’intention.
Ces toiles, présentées à la galerie Janine Rubeiz, font face à une seconde série d’œuvres, du même peintre, totalement opposées dans leur propos. Mais toujours élaborées en des techniques mixtes, sur canevas cette fois, et rassemblées sous l’appellation
«Néographes».
Dans cette seconde série, Habre se dégage de tout rationalisme pour laisser courir ses crayons, feutres, pastels et pinceaux sur des toiles recouvertes de papier journal, ce symbole par excellence du quotidien. En fait, à travers un enchevêtrement de traits, de hachures et de formes dessinées quasi à l’aveugle, dans un vocabulaire pictural proche de l’écriture automatique, il «vient effacer les narrations du réel» pour le reconfigurer à travers un langage purement abstrait, intérieur et imaginaire. Des compositions sans centre de gravité, ni corps unis et dominants, à travers lesquelles Mansour el-Habre prend la tangente, sort du rôle d’artiste témoin de son temps et s’engage, dans une sorte de fuite en avant, sur les chemins colorés de l’art libre...
Deux univers d’un même peintre, à découvrir, jusqu’au 26 juin.

*Galerie Janine Rubeiz, immeuble Majdalani, Raouché. Tél.
01-868290. Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi, de 10h à 19h. Samedi de 10h à 14h.
C’est drôle comme on les reconnaît ces politiques que Mansour el-Habre représente pourtant avec des faces sans traits. Ces hommes qui nous gouvernent, qui tiennent – peut-être? – les rênes du pays du Cèdre et qui, engoncés dans leur costume-cravate de rigueur, donnent, cependant, une impression de non-consistance. Non-consistance de leurs actions, de leurs activités et de leurs...

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