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Moyen Orient et Monde - Témoignage

Âgé de 10 ans, il regarde les chabbiha abattre à bout portant son ami Shafiq, 13 ans...

HRW a réussi à contacter par Skype des survivants du massacre de Houla.

49 enfants ont été tués à Houla. Travail macabre d’un observateur de l’ONU qui compte les corps. Shaam News Network/AFP

Que s’est-il passé vendredi dernier à Houla, avant que le massacre au sein de la population ne fasse plus de cent morts et que la planète entière ne commence à se réveiller ?
À midi, après la prière dans la ville pas encore martyre, des manifestants se sont rapprochés d’un check point de l’armée. Les soldats leur ont tiré dessus pour les disperser. « On ne sait pas s’il y a eu des victimes à ce moment-là », indique Nadim Houry, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord pour Human Rights Watch (HRW). L’opposition armée a alors essayé de mener une attaque contre le check point et vers 14h30, la confrontation battait son plein. « L’armée régulière a ensuite tiré sur les villages, c’était très intense, ça tombait de partout », raconte M. Houry qui cite des habitants. Vers 18h30, alors que les bombardements s’intensifiaient drastiquement, des hommes armés portant des treillis ont attaqué des maisons au sud du Houla, sur la route qui mène au barrage de la ville, ont expliqué à HRW trois survivants de la tuerie. Des maisons habitées presque exclusivement par des membres d’une même famille, les Abdel Razzak, des activistes locaux dont 62 auraient péri ce jour-là, surtout des femmes et des enfants, puisque les hommes étaient partis combattre.

Hurlements
Selon les survivants, cette famille vivait dispersée dans huit ou neuf maisons et a été attaquée par des chabbihas. La doyenne des survivants raconte à HWR par Skype : « J’étais à la maison, avec mes six petits-enfants, ma belle-sœur, ma belle-fille et mon cousin. Vers 18h30, avant le coucher du soleil, nous avons entendu des coups de feu. J’étais seule dans ma chambre quand j’ai entendu un homme hurler contre ma famille. Je me suis alors cachée derrière la porte. Un autre barrait la porte d’entrée et un troisième se trouvait dans le salon. Ils portaient des habits militaires, je n’ai pas pu voir leur visage. Je pensais qu’ils voulaient juste fouiller la maison. Ils en ont fait le tour, je ne les ai pas entendus entrer parce que nos portes, on ne les ferme jamais... Trois minutes plus tard, ce sont mes proches qui ont commencé à hurler. Les enfants âgés entre 10 et 14 ans pleuraient toutes les larmes de leur corps. Je me suis jetée par terre et j’ai essayé de rouler jusqu’à la porte pour essayer de voir ce qui se passait. Des coups de feu ont retenti durant mon parcours, j’étais tellement terrifiée que je ne sentais plus mes jambes. Puis j’ai entendu les soldats sortir, j’ai pu quitter la chambre, et là... l’horreur : tous les membres de ma famille étaient morts. Leurs corps et leurs têtes étaient criblés de balles. J’étais tétanisée, je ne voulais pas m’approcher pour vérifier s’il y avait des survivants. J’ai alors couru vers la porte de derrière et je me suis enfuie, j’étais tellement choquée que je ne sais pas ce qui s’est passé par la suite. »
Nadim Houry a par ailleurs indiqué que d’après l’ONU, d’autres massacres de ce genre avaient eu lieu le même soir, sans que les Nations unies aient pu glaner des détails. Au total, 108 personnes ont trouvé la mort à Houla, dont 49 enfants et plus de 30 femmes.

12 ans, paralysé et cible parfaite
Un petit garçon de dix ans, l’un des rescapé de la famille Abdel Razzak, a raconté de son côté à HRW comment il a vu les chabbiha tuer son ami de 13 ans. « J’étais à la maison avec ma maman, mes cousins et ma tante. Soudainement, on a entendu des coups de feu. C’était la première fois que j’en entendais autant. Ma maman m’a alors empoigné et m’a emmené dans la grange pour qu’on puisse se cacher. J’ai entendu des hommes crier et des gens pleurer, en particulier des femmes. J’essayais de regarder par la fenêtre tout en ayant peur que l’on ne me voie. Des hommes habillés comme des militaires en tenue de camouflage et portant des chaussures blanches sont entrés dans notre maison. Ils en sont ressortis quelques minutes plus tard. C’est alors que j’ai vu mon ami Shafiq, 13 ans, de l’autre côté de la rue. Un homme habillé comme un militaire et armé l’a pris par le col et l’a mis dans un coin avant de lui tirer une balle dans la tête à bout portant. Sa mère et sa grande sœur, qui a 14 ans je crois, ont accouru vers lui en hurlant et criant. Le même homme les a abattues, à bout portant aussi, en tirant plusieurs fois. Des soldats de l’armée syrienne libre sont alors arrivés. »
La maman de ce petit garçon a confirmé à HRW l’histoire de son fils : « Vers 18h30-19h00, on a commencé à entendre des coups de feu. J’ai pris mon fils et nous nous sommes cachés dans la grange. Après avoir entendu la voiture des hommes armés partir, ma sœur et moi sommes sorties. J’ai vu le corps de Shafiq allongé sur le sol. J’ai vu aussi trois familles : trois femmes dont deux avec leurs enfants, ils étaient tous morts par balles. Certains d’entre eux étaient visés à la tête, d’autres avaient le corps criblé de balles. Un des enfants a survécu, une jeune fille de 14 ans, elle a été touchée deux fois à la jambe. J’ai aussi vu mon cousin sur qui on a tiré en pleine poitrine. Un autre enfant de 12 ans, paralysé, a, lui, été touché trois fois à la poitrine également. »

Le SOS de Houry
HRW a réussi à récolter ces informations grâce à des activistes qui leur ont procuré les coordonnées des survivants de la famille Abdel Razzak, précise Nadim Houry. C’est à HRW de regrouper tous les éléments pour refaire l’histoire (qui était où et à quelle heure, etc.). En attendant, l’ONG demande que la commission d’enquête de l’ONU puisse investiguer sur le terrain. « Il faut que des experts soient présents, que l’on dispose de véritables informations, que l’on puisse vérifier et ne plus être dans le flou », dit-il, déplorant que HRW « n’ait pas d’équipe sur place. Nous n’avons pas d’autorisation pour rentrer, mais en revanche, nous disposons d’un réseau d’aide sur place, à Homs, qui nous met en contact avec des témoins. Il y a deux mois et demi, on a réussi à envoyer des gens illégalement dans le nord de la Syrie, une région qui n’était pas contrôlée par le régime », précise M. Houry. Il indique que, pour que l’information soit la plus précise possible, HRW « recoupe plusieurs témoignages. Mais cela ne suffit pas, il faut des gens sur place », insiste-t-il.
Que s’est-il passé vendredi dernier à Houla, avant que le massacre au sein de la population ne fasse plus de cent morts et que la planète entière ne commence à se réveiller ? À midi, après la prière dans la ville pas encore martyre, des manifestants se sont rapprochés d’un check point de l’armée. Les soldats leur ont tiré dessus pour les disperser. « On ne sait pas...

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Une barbarie affreuse pour un monde aussi responsable et qui assiste aux carnages en sadique sans intervenir Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

04 h 25, le 30 mai 2012

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Commentaires (4)

  • Une barbarie affreuse pour un monde aussi responsable et qui assiste aux carnages en sadique sans intervenir Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 25, le 30 mai 2012

  • Après avoir écouté les nouvelles ce matin, impossible de ne pas relever les éclaircissements définitifs sur tout ce qui se passe en Syrie, du haut-commissaire du régime, que le monde entier désigne déjà par le nom "régime assassin des enfants". De la chaire du ministère des Affaires étrangères n* 2 de Syrie, à Beyrouth, Son Excellence disait hier solennellement sur le massacre de Houla dans la province de Homs : "Tout est clair maintenant. Le Qatar et l'Arabie Saoudite fournissent argent et armes à ces bandes de terroristes pour qu'ils pratiquent ces massacres". Extraordinaire ! Comment n'y avait-on pas pensé ? Les "terroristes" reçoivent argent et armes des dits pays et Boummm ! !! Ils tuent leurs pères, leurs mères, leurs frères et leurs enfants. Vraiment trop cruels ces "terroristes" ! On a tout compris ! Puis un autre avantage de ces éclaircissements décisifs du haut-commissaire : Il n'a plus besoin de se déplacer au dit ministère, et ainsi il épargnera aux Libanais un peu de toute cette arrogance. Du moins espérons-le.

    Halim Abou Chacra

    02 h 49, le 30 mai 2012

  • Il faut être aussi abjects que ces gens-là pour continuer de les soutenir.

    Paul-René Safa

    01 h 33, le 30 mai 2012

  • Qu'ils aient 8 ou 10 ou 12 ou 13 ans, ces enfants étaient des "terroristes" que les chabbiha sadiques devaient abattre ! Rassurez-vous d'une chose au moins : Marie-Antoinette Assad et son mari ont envoyé leur distribuer des biscuits avant qu'ils ne soient égorgés ou que leur crâne ne soit explosé. Cela dit sur la barbarie incommensurable, jusqu'à quand cette littérature de HRW qui, depuis 14 mois se contente de compter et de décrire les crimes contre l'humanité du régime assassin de Damas ? Il est grand temps qu'elle réclame des mandats d'arrêt du Tribunal pénal international contre les hautes figures de ce régime.

    Halim Abou Chacra

    23 h 36, le 29 mai 2012

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