Rechercher
Rechercher

À La Une - crise

Syrie : l'armée s'acharne sur le bastion des dissidents à Rastan

Nouveaux signes de division au sein de l'opposition : les Comités locaux de coordination (LCC) menacent de se retirer du CNS ; Ghalioun prêt à démissionner dès qu'un autre leader sera nommé.

Une photo tirée d'une vidéo diffusée aujourd'hui sur YouTube montrant le corps d'un jeune opposant syrien tué dans le village de Khan Cheikhoun, entre Hama et Idleb, dans le nord de la Syrie.

L'armée syrienne concentrait jeudi ses bombardements sur la ville de Rastane, un bastion important de l'armée dissidente, qualifiée la veille par le président Bachar el-Assad de "bande de criminels".

 

Dans la province de Homs (centre), Rastane a été violemment bombardée à l'aube par l'armée qui veut la "détruire graduellement", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La ville a été bombardée à un rythme de "trois obus par minute", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'ONG basée en Grande-Bretagne.
M. Abdel Rahmane a appelé les observateurs de l'ONU déployés dans le pays pour surveiller la trêve, violée chaque jour, à se "diriger immédiatement vers la ville de Rastane que le régime cherche à détruire graduellement".


Encerclée par l'armée, Rastane abrite, selon des militants, un grand nombre de hauts gradés dissidents qui la défendent farouchement. Cette ville échappe depuis plusieurs mois au contrôle des troupes gouvernementales qui ont tenté à plusieurs reprises, en vain, de la reprendre. Le 14 mai, 23 soldats avaient été tués lors d'une tentative d'assaut.


Les troupes syriennes avaient mené mercredi des opérations meurtrières dans plusieurs régions du pays, notamment dans les provinces de Deraa (sud) et Idleb (nord-ouest), ainsi qu'à Homs, tuant au moins 44 personnes, en majorité des civils, selon l'OSDH.

 

Face à un régime qui, fort notamment du soutien de son allié russe, tient bon malgré plus de 14 mois de révolte, l'opposition montrait par ailleurs de nouveaux signes de division.

 

Les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain en Syrie, ont en effet menacé de se retirer du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition. Les LCC ont demandé, dans un communiqué, au CNS de remédier à certaines "erreurs" car autrement ils pourraient suspendre, voire retirer, leur adhésion à cette instance.

 

Parmi ces "erreurs" figurent, selon les militants, "l'absence totale d'harmonie entre la vision du CNS et celle du mouvement révolutionnaire", "la marginalisation de la plupart des représentants" des LCC au sein du Conseil et la "monopolisation des décisions par des membres influents du bureau exécutif".

 

Cette menace intervient deux jours après la décision de maintenir à la tête du CNS Burhan Ghalioun, bien que contesté par certains au sein du Conseil et malgré les règles de fonctionnement qui imposent une présidence tournante tous les trois mois. Le CNS est critiqué notamment pour ne pas assez coordonner son action avec les militants sur le terrain et en raison de la grande influence des Frères musulmans en son sein.

 

Jeudi, M. Ghalioun a affirmé qu'il était prêt à démissionner dès qu'un autre leader sera nommé. "Je n'accepterai pas d'être le candidat de la division, je ne suis pas attaché à un poste, j'annonce donc que je me retirerai dès que le choix se portera sur un nouveau candidat, soit par consensus ou à travers de nouvelles élections", a-t-il assuré dans un communiqué.


Sommé par de nombreux pays occidentaux de quitter le pouvoir mais bénéficiant du soutien indéfectible de Moscou, le président Assad a, lui, affirmé à une chaîne de télévision russe que les législatives du 7 mai, marquées par un boycott de l'opposition, avaient montré que les Syriens soutenaient son régime face à l'opposition et aux "terroristes".

Il a en outre accusé l'opposition de recevoir "des armes et de l'argent" de différents pays étrangers, déplorant que les pays occidentaux ne parlent que de la "violence de la part du gouvernement, et jamais un mot sur les terroristes".


Le quotidien Washington Post, citant des responsables américains et étrangers, a rapporté mercredi que les Etats-Unis aidaient à coordonner l'arrivée d'armes en Syrie à destination des dissidents, sans toutefois leur fournir ce matériel.


En 14 mois, plus de 12.000 personnes ont été tuées en Syrie, en majorité des civils, selon l'OSDH. Des dizaines de milliers de Syriens se sont en outre réfugiés dans les pays voisins. Les violences ont fait tache d'huile au Liban où des affrontements entre pro et anti-Assad ont lieu quasi quotidiennement depuis samedi dans la grande ville du nord, Tripoli.

L'armée syrienne concentrait jeudi ses bombardements sur la ville de Rastane, un bastion important de l'armée dissidente, qualifiée la veille par le président Bachar el-Assad de "bande de criminels".
 
Dans la province de Homs (centre), Rastane a été violemment bombardée à l'aube par l'armée qui veut la "détruire graduellement", selon l'Observatoire syrien des droits de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut