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À La Une - Ici et maintenant

Frontière orange

Les trois petits-ducs de la sarkozie, posant ensemble dans une (ultime ?) photo de famille à Bordeaux après avoir fait meeting pour le président sortant et avant, en cas d’échec, de s’entretuer pour prendre la tête d’un UMP agonisant d’hypersarkozisme, se sont jetés sur François Bayrou comme la misère sur un peuple d’Europe du Sud. L’ultrachiraquien et brillant Alain Juppé, le loup aux dents hypertrophiées Jean-François Copé et l’inébranlable bon collaborateur François Fillon, même s’ils le sentaient venir, ont avalé de travers en apprenant de la bouche même du président du MoDem, récipiendaire mais pas propriétaire de trois millions de voix, qu’il allait voter, dimanche, à titre personnel, pour François Hollande.
Marchander, faire des trocs, vendre/acheter des tapis n’est pas le genre de la maison Bayrou. On naît épicier. On ne le devient pas. Même si un score, en cinq ans, est réduit de moitié pour cent et une raisons, à commencer par la flambée des extrêmes. Si l’autre François a effectivement franchi le Rubicon en translatant son centre-droit vers la gauche tout en définissant très clairement ses limites, en rappelant à qui serait vite tenté de l’oublier qu’il n’est pas de gauche et qu’il ne tolérerait pas une politique économique irréaliste et loufoque, c’est parce qu’il a compris avant tout le monde, ou du moins l’a-t-il dit tout haut avant tout le monde, comme il l’avait fait concernant la crise qui frappe(ra) la France de plein fouet, que son pays est face à un danger d’une immense gravité : une guerre civile blanche menace les Français, à cause de cette obsession de l’immigration et des frontières.
Avec son annonce du 3 mai, François Bayrou en a pourtant dessiné une, immense, à l’orange fluorescent, de frontière. Non plus celle, d’un insupportable et niaiseux manichéisme, qui divise la gauche et la droite, les riches et les pauvres, les salariés et les patrons, la France d’en bas et celle d’en haut, mais une frontière éthique, morale, républicaine, entre adeptes de deux valeurs radicalement opposées, l’une défendue bec et ongles par une Marine Le Pen décomplexée, femme des années 2000 à elle toute seule, braconnée au quotidien par Nicolas Sarkozy aux antipodes de ce gaullisme duquel il se prétend, et l’autre, celle de tous les autres. Une Le Pen Jr qui a été pourtant d’une immense lâcheté en appelant au vote blanc.
François Bayrou est sans doute trop intellectuellement, moralement et culturellement honnête pour devenir un jour président de la République française, mais il est loin de l’oie blanche. Plutôt un grand rêveur, qui vient de faire un pari fou : tenter, aux législatives de juin, de ramener à lui tous ceux, parmi les électeurs de la droite classique, profondément antisocialistes et profondément anti-FN, qui sont aujourd’hui dégoûtés par ce que Nicolas Sarkozy a fait de l’UMP.
Un rêve/pari fou, avec, à la clé, une urgente, quasi impossible mais urgente cohabitation des deux François pendant cinq ans, condition presque sine qua non pour éviter une noyade économique annoncée de la France si François Hollande tient ses promesses.
Jacques Chirac sourit.
Les trois petits-ducs de la sarkozie, posant ensemble dans une (ultime ?) photo de famille à Bordeaux après avoir fait meeting pour le président sortant et avant, en cas d’échec, de s’entretuer pour prendre la tête d’un UMP agonisant d’hypersarkozisme, se sont jetés sur François Bayrou comme la misère sur un peuple d’Europe du Sud. L’ultrachiraquien et brillant Alain Juppé,...
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