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Moyen Orient et Monde - Conflit

Le Parlement de Khartoum qualifie d’« ennemi » le gouvernement sud-soudanais

Khartoum bombarde un camp de Casques bleus de l’ONU dans l’État d’Unité.

A Khartoum, les députés ont adopté à l'unanimité, lundi 16 avril 2012, une résolution qualifiant d'"ennemi", le gouvernement du Soudan du Sud. Ebrahim Hamid/AFP

Le Parlement soudanais a proclamé hier comme « ennemi » le gouvernement du Soudan du Sud, après plusieurs jours de combats et de spéculations sur une guerre imminente.


Une résolution en ce sens a d’ailleurs été adoptée à l’unanimité par les députés à Khartoum. Après le vote, le président du Parlement Ahmad Ibrahim el-Tahir a appelé l’Assemblée à renverser le Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), les ex-rebelles sudistes désormais au pouvoir au Soudan du Sud, indépendant depuis juillet 2011 à la suite d’une guerre civile dévastatrice (1983-2005). « Nous combattrons le SPLM jusqu’à ce que nous mettions fin à son gouvernement au Soudan du Sud. Nous rassemblons toutes nos ressources pour atteindre ce but », a-t-il ajouté.
À Juba, le ministre de l’Information sud-soudanais Barnaba Marial Benjamin a pour sa part jugé « regrettable » la résolution du Parlement.


Sur le terrain, l’aviation de Khartoum a bombardé dimanche soir un camp de Casques bleus de l’ONU dans l’État d’Unité au Soudan du Sud, sans y faire de victimes. Mais les bombes larguées ont tué sept civils et blessé 14 aux alentours, d’après le ministre de l’Information de l’État Gideon Gatpan. Trois autres personnes ont de plus été tuées dans des villages autour de Bentiu, capitale de cet État, selon lui. Le porte-parole de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud (UNMISS) Kouider Zerrouk a confirmé l’attaque sur le camp.


Les agences humanitaires ont par ailleurs averti que les combats aggravaient une situation humanitaire déjà précaire. Dans le camp de Yida, dans l’État d’Unité, quelque 400 réfugiés arrivent ainsi tous les jours, contre en moyenne 50 jusqu’à la semaine dernière, selon l’International Rescue Committee (IRC). Les réfugiés fuient surtout les combats et la faim dans les montagnes du Nuba, au Kordofan-Sud.


Les relations entre Khartoum et Juba sont tendues depuis la partition, les deux pays ne parvenant pas à régler par la diplomatie les questions restées en suspens : tracé de la frontière, partage des revenus pétroliers, statut de la province frontalière d’Abyei. Après s’être mutuellement accusées de soutenir des rebelles, les deux armées se sont directement affrontées pour la première fois fin mars lors d’une première incursion sud-soudanaise dans la zone contestée de Heglig, au Kordofan-Sud, au Soudan. La situation s’est encore envenimée quand l’armée sud-soudanaise a pris le contrôle le 10 avril de Heglig, qui renferme la moitié des réserves pétrolières du Soudan.


Mais malgré les appels de la communauté internationale et une contre-offensive soudanaise annoncée vendredi, Juba a affirmé que ses forces ne se retireraient de Heglig qu’à condition que celles de Khartoum cessent leurs bombardements aériens et quittent la province voisine d’Abyei. La facilité avec laquelle les Sud-Soudanais se sont emparés de Heglig pose d’ailleurs question au Soudan et des députés ont estimé que ceux qui étaient responsables de sa « perte » devaient rendre des comptes. Selon des experts, le ministre de la Défense Abdelrahim Mohammad Hussein notamment est sur la sellette depuis la conquête de Heglig, étant donné que le contrôle de cette zone est crucial pour l’économie soudanaise, qui a perdu environ 75 % de sa production pétrolière et des milliards de dollars de recettes avec la sécession du Soudan du Sud.


Sur le plan diplomatique, le président du Soudan du Sud Salva Kiir effectuera du 23 au 28 avril une visite en Chine, alliée de longue date de Khartoum, sans oublier qu’elle tire environ 5 % de ses importations de pétrole du Soudan du Sud.

Le Parlement soudanais a proclamé hier comme « ennemi » le gouvernement du Soudan du Sud, après plusieurs jours de combats et de spéculations sur une guerre imminente.
Une résolution en ce sens a d’ailleurs été adoptée à l’unanimité par les députés à Khartoum. Après le vote, le président du Parlement Ahmad Ibrahim el-Tahir a appelé l’Assemblée à renverser le...

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