En plus de l’embargo de la Cédéao, les putschistes se sont vu infliger des sanctions par l’Union africaine et les États-Unis. De nombreux pays et organisations ont également suspendu leur aide et leur coopération avec le Mali. Parallèlement, la « convention nationale », initialement prévue hier par les putschistes pour fixer les termes de leur transition, a été reportée sine die « compte tenu des difficultés d’organisation matérielle », selon la junte.
Le coup d’État a plongé le pays dans une situation chaotique : des rebelles touaregs et des groupes islamistes ont pris en fin de semaine dernière le contrôle des trois métropoles du Nord – Kidal, Gao et Tombouctou – sans rencontrer de résistance de la part d’une armée malienne sous-équipée, désorganisée et en déroute, coupant de fait le pays en deux. Les islamistes d’Ansar Dine, dirigés par le chef touareg Iyad Ag Ghaly, et des éléments d’el-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI) ont, depuis lors, pris le dessus sur le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui a annoncé unilatéralement mercredi soir la fin de ses « opérations militaires ». Selon ce mouvement touareg laïc, le cessez-le-feu tient compte « de la libération complète de l’Azawad », région naturelle considérée comme le berceau des Touareg et dont il revendique l’indépendance, mais aussi « de la forte demande de la communauté internationale ». « En réalité, de ce que l’on sait, le MNLA ne commande rien actuellement » dans le Nord, « c’est Iyad (Ag Ghaly) qui est le plus fort et il est avec AQMI », a déclaré une source militaire malienne sous couvert d’anonymat.
Désastre humanitaire « majeur »
Un responsable de la communauté arabe du Nord-Mali a confirmé hier sur Radio France Internationale (RFI) le rôle-clé des jihadistes dans la région et la présence de deux des principaux chefs d’AQMI à Tombouctou, « actuellement, contrôlé par Ansar Dine et ses alliés d’el-Qaëda ». Cette prééminence des islamistes sur le terrain, voulant imposer la charia, inquiète la communauté internationale, en particulier l’ONU, les États-Unis et la France qui a obtenu mercredi le vote d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Tous ont appelé à un cessez-le-feu et condamné les violences rapportées dans le Nord, qui ont poussé des centaines de personnes à fuir les zones devenues inaccessibles à la presse et aux organisations internationales. De nombreux habitants ont fait état de saccages et pillages à Gao et Tombouctou. Selon des témoins, des centaines de civils ont quitté Tombouctou dans la nuit de mercredi à jeudi, essentiellement pour la Mauritanie et le Burkina Faso voisins. D’après la junte, les nouveaux maîtres du Nord ont commis « de graves violations des droits de l’homme », dont des viols, particulièrement à Gao.
À Gao précisément, le consulat d’Algérie a été occupé hier par des islamistes armés qui y ont hissé le drapeau salafiste noir et ont « arrêté des diplomates algériens », selon des témoins. Alger a confirmé qu’un groupe d’assaillants « non identifiés » ont emmené le consul et six de ses collaborateurs « vers une destination inconnue ».
Sur le plan humanitaire, le nord du Mali est « au bord d’un désastre majeur », a affirmé Amnesty International, alors que le Comité international de la Croix-Rouge indiquait que l’assistance doit reprendre au plus vite.
(Source : AFP)