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À La Une - transition

Egypte : après les laïcs et al-Azhar, les coptes boycottent l'Assemblée constituante

L'ambition de contrôle total du pouvoir par les Frères musulmans bouleverse la donne politique en Egypte.

"Le Conseil général de l'Eglise copte orthodoxe convient (...) de se retirer de l'Assemblée constituante, ayant jugé inutile que l'Eglise y soit représentée, eu égard aux déclarations faites par les forces nationales sur la manière dont l'Assemblée a été formée", a rapporté l'agence Mena en citant un communiqué de l'Eglise copte. Gianluigi Guercia/AFP

L'Eglise chrétienne copte orthodoxe d'Egypte a annoncé dimanche soir qu'elle se retirait de l'Assemblée constituante, estimant que la domination des islamistes au sein de cette instance était telle qu'elle rendait "vaine" sa participation à la rédaction d'une nouvelle Constitution, rapporte l'agence de presse égyptienne Mena.


"Le Conseil général de l'Eglise copte orthodoxe convient (...) de se retirer de l'Assemblée constituante, ayant jugé inutile que l'Eglise y soit représentée, eu égard aux déclarations faites par les forces nationales sur la manière dont l'Assemblée a été formée", écrit Mena en citant un communiqué de l'Eglise copte.


Les coptes forment la plus importante minorité d'Egypte, et constituent la majeure partie de la population chrétienne (10% des Egyptiens).

 

La commission constituante de 100 membres a été formée par les députés et les sénateurs du nouveau Parlement égyptien, où les Frères musulmans et les fondamentalistes salafistes bénéficient d'une écrasante majorité.

Le président de l'Assemblée du peuple (chambre des députés), Saad Katatni, issu des Frères musulmans, a été nommé à sa tête mercredi dernier, ravivant les craintes de voir la future loi fondamentale taillée sur mesure pour servir les objectifs politico-religieux des islamistes.

Mercredi, seuls 74 des 100 membres de la commission constituante, en très grande majorité des islamistes, ont participé à sa séance inaugurale.


La décision prise dimanche soir par les coptes fait suite aux appels de la mouvance libérale égyptienne à boycotter les travaux de l'Assemblée constituante, à laquelle ses détracteurs reprochent de ne pas refléter la diversité du pays.

Les laïcs ont décidé de boycotter l'Assemblée, ainsi que l'institution d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite. Al-Azhar a en effet estimé, dans un communiqué publié jeudi dernier, être, avec un siège, sous-représentée dans cette instance.

 

L'institution théologique et universitaire d'Al-Azhar, autrefois proche du pouvoir de Hosni Moubarak, affiche une volonté de promouvoir un islam modéré et le dialogue avec les chrétiens. Elle garde ses distances avec les Frères musulmans et se démarque des fondamentalistes salafistes. 

Les islamistes estiment, pour leur part, que leur large victoire électorale aux récentes législatives légitime leur majorité au sein de l'Assemblée constituante.

 

Les Frères musulmans se sont, en outre, lancés dans la course à la présidence égyptienne, affichant une ambition de contrôle total du pouvoir. Le mouvement islamiste a annoncé samedi soir la candidature de son "numéro deux", Khairat al-Chater, riche homme d'affaires considéré comme le premier financier de la confrérie et son éminence grise politique.

 

L'annonce de cette candidature bouleverse la donne politique à moins de deux mois du premier scrutin présidentiel depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.

 

Pendant des mois, les Frères ont assuré vouloir soutenir un candidat d'union, compatible avec leurs idées, mais pas affilié à leur formation, afin de ne pas donner le sentiment de vouloir accaparer le pouvoir.

 

A 61 ans, Khairat al-Chater, père de dix enfants, incarne l'impatience nouvelle d'une confrérie islamiste qui a attendu son heure pendant 84 ans et n'entend désormais pas laisser passer sa chance.

 

Les Frères musulmans ont justifié ce revirement par le fait que le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui a promis de rendre le pouvoir aux civils à l'issue de la présidentielle, a cherché, selon eux, à limiter les pouvoirs du Parlement depuis la nette victoire de leur parti Liberté et Justice (PLJ) aux législatives.

 

Le score du PLJ, qui a remporté plus de 40% des sièges à l'Assemblée du Peuple, loin devant tous les autres partis, semble placer Khairat al-Chater dans un fauteuil en vue de la présidentielle.

 

Pour autant, sa candidature va renforcer les divisions entre islamistes, qui présenteront au moins trois candidats - les deux autres étant le dissident réformateur des Frères musulmans Abdel Moneim Aboul Fotouh, exclu de la confrérie l'an dernier, et le salafiste Hazem Salah Abou Ismaïl, proche, bien qu'indépendant, du parti Al Nour, deuxième des législatives avec environ 25% des voix.

 

Ces deux candidats bénéficient d'une bonne assise populaire et certains, y compris au sein du PLJ, s'inquiètent de l'impact de cette cacophonie sur l'image de la confrérie - 52 des 108 membres de son conseil consultatif se seraient d'ailleurs prononcés contre la candidature de Khaïrat Al Chater, selon un responsable islamiste.

 

Signe, peut-être, qu'il est conscient de la délicatesse de la situation, Khaïrat al Chater a fait profil bas depuis l'officialisation de sa candidature samedi, se contentant d'annoncer dans un communiqué sa démission de son poste de vice-président du PLJ. Selon son avocat, son casier judiciaire a été effacé pour lui permettre de se présenter.

 

L'Eglise chrétienne copte orthodoxe d'Egypte a annoncé dimanche soir qu'elle se retirait de l'Assemblée constituante, estimant que la domination des islamistes au sein de cette instance était telle qu'elle rendait "vaine" sa participation à la rédaction d'une nouvelle Constitution, rapporte l'agence de presse égyptienne Mena.
"Le Conseil général de l'Eglise copte orthodoxe convient (...)...

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Il ne leur manquait qu'à l'avaliser !

SAKR LEBNAN

06 h 46, le 02 avril 2012

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Commentaires (2)

  • Il ne leur manquait qu'à l'avaliser !

    SAKR LEBNAN

    06 h 46, le 02 avril 2012

  • Avec la course à la présidence égyptienne les Frères musulmans affichent non seulement une ambition de contrôle total du pouvoir mais une volonté d éliminer les Coptes. Vive les printemps arabes encouragés par l’occident . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 49, le 02 avril 2012

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