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Moyen Orient et Monde - Syrie

Obama : La question n’est pas « si » mais « quand » Assad va partir

Les Européens haussent le ton ; manifestations massives pour l’armement des rebelles, même à Alep et Damas.

« Nous estimons que les jours du président Bachar el-Assad sont comptés. La question n’est pas de savoir si mais quand » le régime tombera, a déclaré hier le président américain Barack Obama dans un entretien publié par le magazine The Atlantic, tout en reconnaissant que la situation en Syrie était différente de celle qui prévalait en Libye. « Elle est rendue plus difficile par le fait que la Syrie est un pays beaucoup plus grand, plus sophistiqué et plus compliqué », avance ainsi M. Obama, tout en notant que l’opposition syrienne est « terriblement divisée ».


Parallèlement, la Maison-Blanche a condamné les dernières violences en date commises par le régime dans la ville de Homs, affirmant qu’elles étaient « scandaleuses » et « horribles », et appelant « tous les pays du monde » à empêcher qu’elles se poursuivent. Washington a par ailleurs jugé que la Russie avait quelque peu amélioré sa position sur la Syrie, tout en exhortant Moscou à presser le régime Assad pour que l’aide humanitaire puisse être acheminée sur le terrain.


Du côté de Bruxelles, les dirigeants européens ont encore haussé le ton à l’encontre de Damas en menaçant le régime de poursuites devant la justice internationale pour les « atrocités » commises. Le Premier ministre britannique David Cameron a ainsi accusé le président syrien de « massacrer son propre peuple », estimant que « l’histoire de Homs est écrite dans le sang de ses habitants ».


L’UE a également confirmé qu’elle reconnaissait le Conseil national syrien (CNS) comme « un représentant légitime » des Syriens. Pour autant l’arsenal européen visant à faire pression sur Damas arrive à ses limites. Interrogé sur une éventuelle fourniture d’armes à l’opposition, le président français Nicolas Sarkozy s’est déclaré « favorable à passer un cran supplémentaire s’agissant de l’aide aux démocrates en Syrie » à condition que le Conseil de sécurité donne un cadre juridique qui le permette.

Les distances de Poutine
Rappelons que le CNS, principale instance de l’opposition, a créé un « bureau militaire » qui a appelé hommes d’affaires syriens et arabes à financer les opérations rebelles face à la paralysie de la communauté internationale. Un diplomate turc, après un entretien à Istanbul entre le président du CNS et le chef de la diplomatie turque, a néanmoins indiqué que l’opposition syrienne n’avait pas fait de demande pour ouvrir en Turquie ce bureau. Des pays, comme le Qatar, se sont dit prêts à fournir des armes. D’autres, comme les États-Unis, sont réticents, craignant que les armes ne parviennent à el-Qaëda ou au Hamas, qui soutiennent la révolte, d’autant que le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a assuré qu’el-Qaëda se déplaçait d’Irak vers la Syrie.


La montée en puissance dans la condamnation européenne intervient au même moment où la Russie a pris quelques distances hier avec M. Assad. « Il est très clair qu’il y a de sérieux problèmes internes. Les réformes proposées (par le régime) auraient évidemment dû être menées depuis longtemps », a ainsi estimé le Premier ministre Vladimir Poutine en niant que son pays ait une « relation particulière avec la Syrie ». Interrogé par un journaliste lui demandant si M. Assad avait des chances de survivre au mouvement de contestation, M. Poutine s’est refusé à toute marque de soutien : « Je n’en sais rien et je ne peux pas faire de telles appréciations. »

Au moins 75 morts
Dans le même temps sur le terrain, l’armée a tiré sur des milliers de manifestants descendus dans la rue à l’appel de l’opposition pour réclamer que l’Armée syrienne libre (ASL) reçoive des armes de l’étranger après la chute de Baba Amr. « Des milliers de manifestants ont participé à 12 défilés à Alep en soutien à Homs et aux villes assiégées dans la région d’Alep, pour réclamer la chute du régime et des armes pour l’ASL », a précisé le porte-parole des comités de militants de la ville, Mohammad Halabi. Mohammad al-Chami, porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC) de Damas, a quant à lui fait état de rassemblements dans plusieurs quartiers de la capitale, en particulier à proximité de bâtiments officiels, en soutien à Baba Amr et pour armer l’ASL.


Signe de l’intensité du pilonnage de l’armée syrienne, l’organisation Human Rights Watch a annoncé avoir analysé une photo satellite de Baba Amr prise le 25 février et avoir dénombré au moins 950 cratères dans les rues et les champs, ainsi que 640 bâtiments dont les dommages étaient visibles d’au-dessus.


Au moins 75 personnes sont mortes hier dont 10 à Baba Amr, selon la chaîne de télévision al-Jazira citant des activistes sur le terrain. Une roquette tirée par l’armée sur une manifestation à Rastane, dans la province de Homs, a ainsi fait au moins 12 morts, dont cinq enfants, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). À Alep, qui connaît une mobilisation de plus en plus importante, trois manifestants ont en outre été tués, selon l’OSDH et huit personnes ont été blessées lorsque les forces de sécurité ont tiré pour disperser des rassemblements et des dizaines d’autres ont été arrêtées, faisant également état de cinq manifestants blessés par des tirs des forces de sécurité à Damas. Deux civils ont en outre été tués à Douma et un autre abattu par un tireur embusqué à Hama. Et près de Maaret al-Noomane, « un jeune homme a été tué par des tirs en provenance d’un barrage des forces de sécurité », selon l’OSDH. Dans cette même province, « un homme et sa femme ainsi qu’un chauffeur de taxi ont été tués par des tirs d’origine inconnue contre la voiture dans laquelle ils roulaient sur le pont de la ville de Saraqeb », selon la même source. Trois autres civils ont été tués par les forces de sécurité à Deir ez-Zor, dont deux lors des funérailles du premier.


Signalons finalement qu’environ 4 000 Irakiens ont manifesté dans la ville sunnite de Hit pour dire leur opposition au président syrien et dénoncer la répression meurtrière de contestation en Syrie depuis près d’un an.

« Nous estimons que les jours du président Bachar el-Assad sont comptés. La question n’est pas de savoir si mais quand » le régime tombera, a déclaré hier le président américain Barack Obama dans un entretien publié par le magazine The Atlantic, tout en reconnaissant que la situation en Syrie était différente de celle qui prévalait en Libye. « Elle est rendue plus...

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