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Économie - Dette

La Grèce amère et déterminée face à des Européens intransigeants

La zone euro a décidé de reporter à nouveau un déblocage d’une aide cruciale à Athènes qui n’a pas rempli à temps toutes les conditions.
La décision de la zone euro de reporter une nouvelle fois son feu vert à l’octroi d’une aide vitale à la Grèce a provoqué le dépit du gouvernement grec, qui y voit le signe que certains de ses partenaires veulent se débarrasser d’Athènes, même s’il a assuré qu’il se conformerait scrupuleusement à leurs exigences.
« Il faut dire la vérité au peuple grec, il y a plusieurs (pays de la zone euro) qui ne veulent plus de nous. Et il faut les convaincre » que la Grèce peut « réussir » à y rester « pour les prochaines générations, pour nos enfants », a déclaré le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, ajoutant que « le pays se trouve sur le fil du rasoir ».
Il a assuré que les conditions posées par la zone euro à la Grèce « seraient remplies » lors d’une téléconférence de l’Eurogroupe.
Les ministres des Finances de la zone euro auraient dû se retrouver physiquement à Bruxelles mercredi soir pour examiner si Athènes s’était conformé à leurs exigences et décider en fonction du déblocage d’un plan d’aide sans précédent, représentant au total 230 milliards de dollars : 100 milliards d’effacement de dette par les créanciers privés et 130 milliards d’aides nouvelles par les créanciers publics.
Mais dès mardi soir, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a estimé que les autorités grecques n’avaient pas répondu dans les temps et a renvoyé toute décision sur le nouveau plan d’aide à lundi, date de la prochaine réunion de ce forum.
Les partenaires de la Grèce attendent notamment qu’elle détaille la façon dont elle compte réaliser 325 millions d’euros d’économies supplémentaires dans le budget 2012, l’une des trois conditions exigées d’elles.
M. Juncker avait par ailleurs souligné qu’il n’avait « pas reçu les garanties par écrit des chefs de la coalition au pouvoir en Grèce concernant la mise en place du programme d’austérité ».
Hier, le socialiste Georges Papandréou et le conservateur Antonis Samaras ont fait savoir qu’ils avaient envoyé ces courriers. Dans sa lettre, M. Samaras assure que si son parti gagne les élections prévues en avril, il restera « engagé » à atteindre les objectifs du programme de stabilisation et « les politiques décrites dans le mémorandum ». Mais il précise que « certaines modifications de politiques pourront être nécessaires ».
Reste par ailleurs un désaccord sur le point de savoir s’il faut conserver l’objectif d’un niveau d’endettement public grec ramené à 120 % d’ici à 2020 ou si on peut le laisser atteindre un niveau plus élevé, par exemple 125 %. Sur ce point, « il y a les fétichistes du 120 % qui n’en démordent pas », en particulier les Pays-Bas, l’Allemagne et la Finlande, selon une source proche des négociations.
« Nous faisons face à une situation particulière, on nous pose toujours de nouvelles conditions et cela est dû au fait qu’il y a des puissances dans l’Europe qui jouent avec le feu », a déploré M. Vénizélos à l’issue d’une rencontre sur l’économie avec le président grec Carolos Papoulias.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a répété hier la volonté de son pays d’aider la Grèce, mais seulement si celle-ci n’était pas « un puits sans fond ». Et le porte-parole de Mme Merkel a assuré que l’Allemagne allait « tout mettre en œuvre » pour aider la Grèce à condition que cette dernière fasse preuve de « fiabilité ».
Le Luxembourg, quatrième pays de la zone euro toujours noté « triple A » par les trois grandes agences de notation avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la Finlande, avait manifesté son impatience ces derniers jours. Son ministre des Finances, Luc Frieden, a laissé entendre lundi que la Grèce pourrait être exclue de la zone euro si elle ne tenait pas ses promesses de réformes et de réduction du déficit public. « S’ils ne font pas tout cela, je pense qu’alors nous devrons continuer avec 16 pays » dans l’Union monétaire et « qu’ils s’excluent eux-mêmes de la zone euro », a-t-il dit.
Le forcing des Grecs pour répondre aux exigences de leurs partenaires dès mercredi soir ne devrait pas, en tout cas, donner lieu à une décision dans la foulée sur le déblocage de l’aide, selon une source proche des négociations. Il s’agit d’une « conversation téléphonique pour préparer la réunion de lundi », avait rappelé un porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj.
Or le temps presse : l’opération d’échange de dette qui doit être mise en œuvre par les créanciers privés pour effacer volontairement 100 milliards d’euros de dette grecque, si elle obtient le feu vert de la zone euro, durera plusieurs semaines. Et la Grèce sera en défaut de paiement dès le 20 mars si elle ne rembourse pas à cette date 14,5 milliards d’euros de créances.
Pour une autre personne proche des négociations, « on sera dans les clous ». D’autres sources évoquent la possibilité que le programme impliquant le privé soit mis sur les rails en attendant que l’aide publique soit débloquée, éventuellement après le 20 mars.
M. Vénizélos a appelé hier le peuple grec à lutter contre le scénario d’une sortie de la Grèce de la zone euro, « un scénario de terreur non seulement pour la Grèce mais pour l’économie globale ».
Si cela se produit, « la marge d’incertitude est grande car nous entrerons dans une spirale d’événements difficiles à contrôler », a reconnu M. Altafaj, évoquant « des conséquences sociales dévastatrices » pour la Grèce et des conséquences « importantes » pour la zone euro et l’UE dans son ensemble.

              (Source : AFP)
La décision de la zone euro de reporter une nouvelle fois son feu vert à l’octroi d’une aide vitale à la Grèce a provoqué le dépit du gouvernement grec, qui y voit le signe que certains de ses partenaires veulent se débarrasser d’Athènes, même s’il a assuré qu’il se conformerait scrupuleusement à leurs exigences.« Il faut dire la vérité au peuple grec, il y a...

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