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Lifestyle - Rencontre

Michel Saidah, un cocktail d’idées

La recette de sa réussite est un juste mélange d’ingrédients, de professionnalisme, de concepts qui durent et de lieux surprenants, avec pignon sur des rues à caractère. Michel Saidah, copropriétaire du Habana, du Pacifico, du Dragon Fly et du Lux, se paie le luxe de faire les choses à sa façon. Et c’est la bonne.

Michel Saidah parfaitement dans son élément.

Il est un peu plus de onze heures. L’heure de la mise en place des tables, avant le repas de midi. « Aujourd’hui je suis énervé, précise Michel Saidah. Les lampes sont mal installées, ce n’est pas un travail parfait. »
Aujourd’hui, comme tous les jours – et soirs – depuis dix-huit ans, le jeune homme, 46 ans non affichés, est tendu comme un acteur avant sa performance. Il observe chaque détail, jusqu’à la température de l’eau, teste les derniers cocktails. Hume les herbes saisonnières qu’il utilise dans ses breuvages et sa cuisine. Interpelle un garçon qui tarde à mettre son tablier, s’impatiente. Puis, lorsque tout, ou presque, lui semble enfin en place, il s’installe et se calme. Pour un instant. Le premier client est entré. Et c’est reparti !
Il suffit d’observer durant quelques instants ce monsieur plein d’énergie évoluer comme un poisson dans l’eau pour constater qu’il est vraiment dans son élément. Né au Liban d’une mère allemande, il a toujours vécu entre deux pays et deux cultures. « Au Liban je suis allemand, en Allemagne je suis libanais ! Et en avion je suis les deux ! » confie-t-il en riant. Durant son parcours fait d’allers-retours, qui l’a mené par instinct à la gastronomie, il découvre le savoir-faire à Munich, selon la méthode de son mentor, l’icône des barmen Charles Schumann, qui a fait ses « travaux pratiques » au Harry’s Bar à New York avant d’ouvrir le célèbre American Bar Schumann. Saidah y apprend la manière, l’art viendra plus tard, de faire des cocktails et de créer des ambiances dans lesquelles les gens se sentent bien. Il grimpe les échelons jusqu’à devenir manager et, fort de cette expérience, ouvre trois bars restaurants en Allemagne et un en Suisse.

Un Allemand à Beyrouth
En 1994, comme pour beaucoup de jeunes expatriés qui rentrent au pays passer de courtes vacances, il décide, dans un coup de tête partagé avec son complice Camille Shehwan, de rester et de transformer une superbe vieille maison située à Jounieh en « Habana ». Le concept, un resto-bar cubain et mexicain, connaît un succès immédiat.
Deux ans plus tard, « à nous Beyrouth ! » se disent les deux compères qui, instinctivement, devancent les modes. Le coin qui les tente, alors oublié car encore contaminé par les séquelles de la guerre, mais « avec un grand potentiel et un charme particulier », se trouve à la rue Monnot. Logé au fond d’une impasse, dans un immeuble qui les séduit, ils installent le « Pacifico ». Une ambiance « relax, bord de mer, ailleurs ».
Et lorsqu’en 2001 l’ancienne imprimerie juste en face se libère, le duo ouvre le très fifties « Lila Braun ». « Une fois de plus, c’est l’atmosphère du lieu qui nous a inspiré le concept. Nous avons voulu en faire un dancing music bar. » En 2005, avec les problèmes politiques que traverse le pays, le Lila Braun ferme ses portes. « Je n’étais pas mécontent, avoue-t-il. Le concept n’était plus vraiment celui des débuts. »
Très vite, s’adaptant au rythme d’une ville qui redéfinit sa night life dans des lieux oubliés, Michel Saidah débarque à Gemmayzé encore à ses débuts. Avec le « Dragon Fly », un petit pub où il apprend à penser chaque centimètre carré et à perfectionner les cocktails, il installe une nouvelle fois ses marques.
Sa rencontre, alors, avec Johnny Farah, propriétaire de la boutique If et du restaurant Casablanca, qui est aussi patient que Michel est impatient, va le mener vers le bio, le Chouf où il construit sa maison, et un projet qui a vu le jour en décembre dernier. Avec leurs partenaires Henri et Nicolas Cattan, ils vont le baptiser Lux, en hommage à l’immense enseigne d’un vieux cinéma situé à Borj et qui trône dans le nouvel espace. C’est au port qu’ils vont jeter leur dévolu, dans un quartier où règne une atmosphère authentique et décalée. Johnny à la création des plats et Michel des cocktails, entourés d’une équipe de professionnels formés par ce dernier comme à l’armée, allemande, bien sûr, le Lux est déjà incontournable.
Fin de l’interview. Le restaurant grouille de monde. Michel Saidah regarde sa montre. Il sait que cet après-midi, si le vent le permet, il ira kitesurfer sur les vagues de Batroun ou d’ailleurs. Histoire de se laisser pousser des ailes et s’éloigner un peu du rivage.
Sinon, il ira travailler le bois qu’il trouve durant ses errances en Vespa dans Beyrouth qui se désagrège. « Je rachète des pièces récupérées des belles demeures en voie de destruction et je les transforme en meubles. Des pièces uniques que je revends. C’est un peu ma façon de préserver le parfum des choses qui se perdent. »
Il est un peu plus de onze heures. L’heure de la mise en place des tables, avant le repas de midi. « Aujourd’hui je suis énervé, précise Michel Saidah. Les lampes sont mal installées, ce n’est pas un travail parfait. »Aujourd’hui, comme tous les jours – et soirs – depuis dix-huit ans, le jeune homme, 46 ans non affichés, est tendu comme un acteur avant sa performance. Il...
commentaires (3)

- - L'article à parlé de la mère Allemande de Michel Saïdah , mais n'a pas mentionné son illustre père Salim Daïdah qui fut un des premiers hôteliers Libanais diplômés de Lausanne avec Edouard Massoud et Khaled Yafaoui , et un des premiers directeurs de l'hôtel Phoenicia dès son ouverture , puis directeur général du Coral Beach à sa grande époque , la belle époque Libanaise . Un grand bravo à Michel qui a suivi le chemin de son papa , mais différemment !

JABBOUR André

01 h 36, le 26 janvier 2012

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Commentaires (3)

  • - - L'article à parlé de la mère Allemande de Michel Saïdah , mais n'a pas mentionné son illustre père Salim Daïdah qui fut un des premiers hôteliers Libanais diplômés de Lausanne avec Edouard Massoud et Khaled Yafaoui , et un des premiers directeurs de l'hôtel Phoenicia dès son ouverture , puis directeur général du Coral Beach à sa grande époque , la belle époque Libanaise . Un grand bravo à Michel qui a suivi le chemin de son papa , mais différemment !

    JABBOUR André

    01 h 36, le 26 janvier 2012

  • Bravo pr le Libanais-Allemand!!xxx

    Marie Claude

    01 h 27, le 26 janvier 2012

  • J'aime Carla Henoud. J'aime Michel Saidah. J'aime Henri & Nicolas Cattan. J'aime Johny Farah. J'aime le Pacifico. J'aime le Habana. J'aime le Lux. J'aime le Casablanca. J'aime le Dragon Fly. Je ne connais pas Camille Shehwan, & je n'ai jamais ete au Lila Braun... Quel exceptionnel melange de personnes toutes talentueuses & d'endroits incontournables. Bravo tout le monde... J'aime! MJ

    Marie-joe Taleb

    01 h 15, le 26 janvier 2012

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